Paris, 31 mars 2015 (AFP) - Le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll défend le modèle français face au risque de dérégulation de la production laitière en Europe, avec la fin mardi soir des quotas de production par pays.
L'Union européenne tourne le 1er avril la page de 31 années d'encadrement de la production laitière, décision actée et anticipée depuis 2008 au niveau communautaire.
« C'est un choix de libéralisation, on ne va pas revenir dessus », a indiqué le ministre à l'Afp mardi. « Mais on a permis aux producteurs de s'organiser entre eux et maintenu un filet de sécurité avec la possibilité d'apporter des restitutions (dédommagements) en cas de détérioration grave du marché ».
Alors que plusieurs pays du Nord, dont l'Allemagne ou les Pays-Bas, optent pour des fermes à grande échelle et l'industrialisation de la production, en France les producteurs ont été encouragés à se regrouper en Gaec, les groupements agricoles d'exploitation en commun, rappelle-t-il.
« Loin des fermes-usines, on arrive ainsi à des groupements de 400 vaches capables de produire jusqu'à un million de litres. Mais chacun reste en capacité d'assurer son autonomie fourragère. Ce système permet de se satisfaire d'une rentabilité plus faible que dans le cas des fermes-usines qui nécessitent d'importants investissements ».
En comparaison, le modèle des fermes industrielles ne lui paraît pas une garantie d'avenir. « Le gigantisme fait peser de graves risques sanitaires sur le troupeau et l'exploitation reste étroitement dépendante de la volatilité des prix de l'alimentation animale », fait valoir le ministre.
De quelque 400.000 exploitations en 1986, la France est passée à 68.000 aujourd'hui, pour une production annuelle de 24 milliards de litres.
« En tant que député européen j'avais voté contre la fin des quotas en 2008 » rappelle encore Stéphane Le Foll, dont trois tentatives de faire rouvrir le débat à Bruxelles depuis son arrivée au ministère, en 2012, 2013 et de nouveau fin 2014, sont restées vaines. « Clairement, il n'y a pas de majorité en Europe pour revenir sur la fin des quotas », constate-t-il.
La Coordination rurale organise mardi des opérations « feux de détresse » en plusieurs points du territoire, devant les laiteries notamment, pour dénoncer « l'abandon des producteurs ».
Dans ce cadre, une trentaine de producteurs laitiers se sont rassemblés dans le calme dans l'après-midi devant le site de Candia et Yoplait (marques du groupe Sodiaal) à Vienne (Isère). « On ne peut plus vivre avec le lait. Si la situation perdure, je pense que le mouvement va se durcir et on peut s'attendre peut-être même à des débordements », a indiqué à l'Afp François Ferrand, représentant de la Coordination rurale dans l'Isère. Pour lui, le prix minimum payé aux producteurs devrait être de 45 centimes le litre, contre 27 actuellement.
« La solution, ce serait de maîtriser la production. C'est-à-dire que les industriels nous feraient produire ce dont ils ont besoin avec des produits à valeur ajoutée importante », propose-t-il. Dans le Gers, à Villecomtal, une quinzaine de producteurs de lait ont allumé un feu symbolique devant l'usine Danone, symbolisant selon eux « les quotas qui partent en fumée ».
Pour la Confédération paysanne, la fin des quotas revient à « envoyer les éleveurs européens à la guerre des prix sur le marché mondial sans se soucier des pertes humaines ». Le syndicat dénonce « une farce, orchestrée par la Commission européenne et applaudie en coulisses par une poignée de bénéficiaires ». L'opérateur boursier Euronext a par ailleurs annoncé que ses nouveaux contrats sur les produits laitiers, créés à l'occasion de la fin des quotas, entreront en vigueur le 13 avril.
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