« Je ne suis pas venu faire des annonces », a répété plusieurs fois Didier Guillaume, ministre de l’agriculture, le 2 octobre, lors de sa venue au Sommet de l’élevage. « Je suis venu apporter tout mon soutien » aux éleveurs dont il reconnait les difficultés économiques actuelles. « Le terme de crise est galvaudé ! Il s’agit d’une situation hors norme ! » que vivent les éleveurs aujourd’hui, selon lui.
Durant sa déambulation de plusieurs heures dans le salon, il a écouté les éleveurs qui l’ont interpellé sur le Ceta ou le Mercosur : « Le Ceta n’est pas ratifié. Nous en reparlerons lorsqu’il le sera ! Quant au Mercosur, c’est fini ! », a-t-il déclaré sans détours. Et les éleveurs de lui répondre : « Faites quelques chose pour le monde rural », « On va disparaître ! », « Mettez tout en œuvre pour que cela change ».
Didier Guillaume met alors en avant la responsabilité des producteurs, les incitant par exemple à se regrouper en OP commerciales et surtout à exporter vers la Chine. « À l’heure qu’il est, 203 tonnes de viande bovine ont été exportées vers la Chine, soit dix fois plus que l’an passé », souligne-t-il. Et de rajouter : « Le marché chinois est sans fin ! », évoquant des objectifs de 2 000 tonnes voire 20 000 tonnes de viande exportées à l’avenir.
La Chine, un débouché à prendre pour les éleveurs
Il n’y aura pas d’altercation extrême dans les halls d’élevage. Les éleveurs ne reconnaissent pas forcément leur ministre, s’écartent volontairement ou non. Ils envoient leurs enfants. Et Didier Guillaume explique comment il va aider « leur papa ». Parfois, il interpelle aussi l’éleveur : « Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? […] Nous sommes dans un monde économique. Moi je fais en sorte de garder des perfusions ! Ce n’est pas moi l’élevage français ! ».
Il a annoncé la gratuité des péages pour les transports de pailles et de fourrages ainsi que des avances issues du fond des calamités agricoles pour les départements les plus touchés par la sécheresse, notamment le Puy-de-Dôme et l’Allier. « Ce n’est pas nouveau », s’exclame Nicolas Girod, porte-parole de la Confédération paysanne. Les propos du ministre font sourire Bernard Lannes, président de la Coordination rurale, quelque peu cynique. Quant à Bruno Dufayet, président de la Fédération nationale bovine et Thierry Roquefeuil, président de la Fédération nationales des producteurs de lait, ils attendent eux une « vraie » politique nationale agricole avec une ligne directrice affichée.
Ce flou politique se retrouve finalement dans le salon notamment dans les demandes de l’ensemble des syndicats agricoles face à un ministre qui prône les Etats généraux de l’alimentation, les circuits courts et… les échanges internationaux.
Le Sénat appelé en appui
Bruno Dufayet a invité les membres de la Commission nationale économique du Sénat pour défendre l’élevage, notamment contre le Ceta, le même jour. Une première ! Sophie Primas, présidente de la Commission des affaires économiques sent le besoin de déclarer durant son intervention : « Nous ne sommes pas en compétition avec le ministre ou l’Assemblée nationale ! ». Et pourtant, Bruno Dufayet apparaît perplexe devant les décisions du gouvernement : « Nous avons besoin d’une vraie cohérence politique ! ».
Thierry Roquefeuil évoque lui aussi « un manque de lisibilité à moyen et long terme pour l’élevage français », au point de réclamer « un plan Élevage ». L’ensemble des porte-parole syndicaux évoqueront le travail effectué durant les Etats généraux de l’alimentation et la nécessité de le porter jusqu’au bout. En attendant, le ministre reconnait, acquiesce, écoute : « Les prix n’y sont pas. Tant qu’il n’y aura pas de revenus [pour vous éleveurs, ndlr], cela ne bougera pas ! ». Et d’ajouter : « Il y a de l’avenir dans les filières d’élevage ! ».
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