Web-agri : Lors de l’assemblée générale de la FNPL, qui s’est tenue à Langres les 15 et 16 mars 2017, il a été question de valorisation du lait par la segmentation. Il s’agissait aussi de « tirer les leçons de la crise » laitière. Que retenez-vous de ces débats ?
André Bonnard : En termes de participation d’abord, nous avons eu davantage de représentants d’entreprises laitières que les années précédentes. La présence de notre « tête d’affiche » – Phil Hogan – n’y est sans doute pas étranger. Mais c’est aussi, espérons-le, les premiers signes d’un Cniel rénové et d’une volonté, de la part des transformateurs, de travailler ensemble au sein de l’interprofession laitière.
Ensuite, notre premier débat portait sur la segmentation, avec des retours d’expériences locales de la coop d’Isigny, du groupe « les gueules cassées » à l’initiative du lait équitable « C’est qui le patron ? » et de Lidl France pour la démarche de contrats tripartites. Ces initiatives démontrent que qu’une meilleure valorisation du lait par la segmentation. Elles démontrent aussi qu’elles nécessitent une vraie implication des éleveurs dans leur territoire, via notamment les organisations de producteurs.
Web-agri : Sur le plan national, quel bilan faites-vous des négociations commerciales annuelles qui se sont achevées fin février ? Faites-vous le même constat que les années précédentes ?
André Bonnard : La différence avec les années précédentes, c’est que, pour 2017, il y a la loi Sapin 2 (Ndlr, avec la loi Sapin 2, les conditions générales de vente doivent notamment indiquer le prix prévisionnel moyen proposé par le vendeur au producteur des produits agricoles).
Si l’Etat ne va pas assez vite pour faire les contrôles de l’application de sa loi, nous le ferons nous-même en allant chercher les contrats là où ils sont.
La question est de savoir si elle a été appliquée ou non. Nous avons demandé au Premier ministre de faire des vérifications sur l’application de la loi. Si l’État ne va pas assez vite pour faire les contrôles de l’application de la loi, nous le ferons nous-même en allant chercher les contrats là où ils sont. Je n’avais encore jamais vu autant les acteurs des négociations afficher aussi ouvertement qu’ils n’avaient pas appliqué la loi.
Web-agri : Outre ces éventuelles actions, quels sont les principaux chantiers de la FNPL pour les mois qui viennent ?
André Bonnard : Nous aurons aussi un chantier Agrial. La coopérative entre dans une dérive intégrative. Leur nouveau règlement intérieur, qu’Agrial a adressé à ses adhérents, mentionne indirectement que ces derniers sont vivement invités à s’approvisionner exclusivement auprès de la coopérative et à leur donner l’intégralité de leurs données économiques et techniques, le tout sans contreparties et pour un usage qui n’est pas défini. En plus, la coopérative remet désormais en cause les accords interprofessionnels régionaux, touchant aux fondements de la relation avec leurs adhérents. Dans ces conditions, Agrial pourrait être la cible de prochaines actions de la FNPL.
Web-agri : Qu’en est-il du cas de Lactalis qui indique désormais le prix de base pour un paiement du gramme différentiel à 41/33, au lieu de 38/32, gonflant artificiellement le prix de base payé aux producteurs ?
André Bonnard : Comme Agrial, Lactalis est en train de toucher aux fondamentaux de la relation commerciale avec ses producteurs. Lactalis a fait cette démarche pour clairement se mettre dans une autre posture dans la négociation commerciale.
La coopérative et Lactalis touchent aussi au travail de l’interprofession mené depuis des années. Ils détricotent la transparence obtenue par les accords interprofessionnels. Tout cela est fait pour remettre de l’opacité, brouiller les cartes et empêcher la transparence de la filière. Malheureusement, Lactalis a le mérite d’être constant dans le peu de considération de ses producteurs.
Web-agri : Qu’est venu vous dire Phil Hogan ?
André Bonnard : Il nous a expliqué qu’il avait fait tout ce qui était en son pouvoir, avec tous les moyens qu’il avait, pour endiguer cette crise, n’hésitant pas à critiquer le peu d’implication de Stéphane Le Foll (qui n’était pas présent au congrès, ndlr) sur la mise en place de la mesure de réduction volontaire de la production. Au contraire, on peut reconnaître au ministre d’avoir largement participé à faire réagir la commission qui, pendant des mois, ne souhaitait pas mettre en place la moindre mesure.
Pour à la fois résoudre le problème du stock de poudre de lait et celui d’une population africaine et/ou réfugiée affamée, la commission européenne n’a aucune politique ni aucune ambition.
Aujourd’hui, notre principal problème réside dans le stock européen de poudre de lait : 350 000 tonnes de lait écrémé en poudre, soit l’équivalent d’environ 30 % de la production annuelle de l’UE., selon Phil Hogan. Nous avons expliqué au commissaire que, en parallèle de ce stock important, il y a des populations africaines et/ou réfugiées en train de mourir de faim.
Peut-être que, sur le plan politique, le stock de poudre de lait pourrait venir aider ces populations. Phil Hogan nous a fait une réponse désarmante en nous disant que c’était illégal. Pourtant, la commission européenne pourrait avoir l’initiative législative. Le commissaire ne défend en fait aucune politique ni aucune ambition.
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