Les industriels appellent à une « prise de conscience » des distributeurs

PARIS, 19 fév 2014 (AFP) - L'industrie laitière a réclamé mercredi une « prise de conscience » de la grande distribution sur les prix du lait en cours de négociation, dans un contexte de guerre des prix et de flambée des cours mondiaux.

« Il faut que le reste de la distribution prenne conscience de l'importance des enjeux, comme le fait Serge Papin », le patron de Système U, qui a dénoncé récemment le « manque de responsabilité » de son secteur, a déclaré à la presse Olivier Picot, président de la Fédération nationale des industries laitières (FNIL).

« Seule la distribution est en mesure de prendre des initiatives, sinon on va au clash », a prévenu Olivier Picot alors que les négociations commerciales fixant le prix du lait pour l'année à venir doivent se terminer fin février. Les distributeurs se livrent une bataille acharnée sur les prix des produits laitiers alors que les prix mondiaux du lait sont tirés à la hausse par une forte demande, chinoise notamment.

Pour Olivier Picot, c'est à la grande distribution de faire un effort « car ce n'est pas à la portée de l'industrie laitière de payer le supplément de la facture » aux producteurs. Selon lui, l'industrie laitière fait face à « deux impasses commerciales : une rentabilité insuffisante et la loi ».

Entre 2009 et 2011, l'industrie laitière a réalisé en moyenne 300 millions d'euros de bénéfices par an soit 1 à 1,5 % de son chiffre d'affaires, ce qui montre qu'il s'agit d'une « activité à faible marge », incapable de financer la hausse des prix du lait, a-t-il argumenté.

Olivier Picot accuse « le pouvoir politique (de) souhaiter une guerre des prix » au profit du pouvoir d'achat et dénonce « un blocage complet issu de Bercy » sur le mode de négociation, qui aboutit, selon lui, à faire régner « la loi du plus fort ». « La loi de consommation ne change rien », estime-t-il. Par conséquent, « il faut que la distribution change ses relations avec ses fournisseurs » en négociant « des solutions individuelles, qui prennent en compte la réalité du marché ». Olivier Picot n'a pas précisé en quoi ces solutions pourraient consister.

« Il n'est pas raisonnable d'être dans des affrontements destructeurs de l'amont agricole et industriel », a-t-il ajouté, craignant un déclin général de la filière.

Olivier Picot a dénoncé pour le secteur du lait « une situation très paradoxale, totalement déflationniste et une déconnexion du consommateur de la réalité des produits », car les prix en magasin baissent même lorsque le prix du lait atteint des records comme l'an passé.

En 2013, le prix du lait a augmenté de 9 % tandis que dans les rayons, le prix moyen des produits laitiers a baissé de près de 1 %, selon la FNIL.

Les produits laitiers représentent l'un des premiers postes de dépenses alimentaires des Français, avec 2 % du budget total des ménages. Environ 15 % de ce budget global est consacré à l'alimentation, d'après la FNIL.

50 % du chiffre d'affaires de l'industrie laitière provient de la grande distribution, selon la même source.

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