Les éleveurs arrachent une revalorisation des prix de leur viande

Paris, 17 juin 2015 (AFP) - La filière bovine convoquée mercredi autour du ministre de l'Agriculture s'est engagée au terme de près de trois heures de débats à revoir et augmenter les prix de la viande payés aux éleveurs qui bloquaient depuis dimanche les principaux abattoirs du pays.

Ces derniers ont annoncé en début de soirée la « suspension » de leur mouvement, qui visait dix-huit abattoirs, les principaux du pays. Selon Jean-Pierre Fleury qui a consulté chaque barrage, « c'est une suspension des blocages avec mise sous surveillance des opérateurs de la filière, grande distribution et industriels, pour vérifier le respect des engagements », a-t-il indiqué à l'Afp. Un nouveau rendez-vous « mi-juillet » a d'ailleurs été fixé par le ministre Stéphane Le Foll pour « vérifier l'application des accords », a-t-il annoncé.

A l'issue de près de trois heures de réunion, les participants se sont accordés sur « une revalorisation des prix payés aux producteurs de 5 centimes par semaine, renouvelée chaque semaine pour arriver à couvrir les coûts de revient qui sont en moyenne de 4,50 euros le kilo/carcasse ». Xavier Beulin, président de la Fnsea, le premier syndicat agricole du pays qui soutenait le mouvement, s'est pour sa part félicité d'un « engagement ferme à revaloriser les prix », de la part de tous les acteurs.

Les éleveurs dénoncent des prix qui ne leur assurent aucun revenu - à moins de 1.000 euros par mois - ni même la couverture de leurs frais : selon Xavier Beulin, la viande est payée en moyenne 3 euros à 3,40 euros au producteur : « à ce prix-là, les éleveurs ne gagnent rien et ne couvrent même pas les coûts de production, c'est insupportable. Il faudrait au minimum une augmentation de 60 centimes par kilo/carcasse » a-t-il estimé sur Europe 1.

Pour le patron de la Fnsea, il s'est clairement agi d'une « réunion positive ». Même si le ministre Stéphane Le Foll a relevé la « longueur » des débats, signifiant par là qu'ils avaient été difficiles. Toutes les grandes enseignes françaises de la distribution, dans le collimateur des éleveurs qui dénoncent la guerre des prix sur leur dos, étaient présentes au ministère, y compris l'enseigne allemande Lidl « qu'on ne voit jamais d'habitude ».

"le vrai prix" du steak

Depuis dimanche soir, plus de 4.000 éleveurs bovins qui clament leur détresse bloquaient les abattoirs pour réclamer que la filière, des abatteurs aux distributeurs, acceptent de payer la viande au juste prix. A ce compte là, Stéphane Le Foll a évoqué devant les députés la perspective d'une disparition pure et simple de tout un pan de cette économie. « La viande a besoin de rémunérer ses éleveurs », a-t-il martelé, en appelant la grande distribution à faire payer au consommateur le « vrai prix » du steak ou du rôti. Et à mettre en avant dans ses rayons l'origine et l'étiquette "Viande de France".

De l'avis général, chez les éleveurs et leurs représentants, il revient au ministre de « jouer son rôle » en faisant pression sur les différents maillons de la chaîne pour qu'ils respectent l'éleveur et la matière première. Les éleveurs de bovins réclament notamment, comme leurs collègues du porc, un « encadrement des promotions » en grande surface - fréquence, ampleur et durée. Le ministre a demandé à tous les professionnels de revenir avec des propositions au 1er septembre.

De son côté Interbev, l'inter-profession du bétail et des viandes, a promis de continuer de travailler sur « la clarification des cotations ». Le manque de transparence dans la fixation des prix est souvent dénoncé par les éleveurs. Dans son communiqué, Interbev cite également plusieurs « chantiers » soulevés pendant la réunion, principalement celui de la valorisation de la démarche "Viandes de France" dans les rayons des supermarchés.

Enfin, Stéphane Le Foll a annoncé la création d'une plateforme « viande française export » sous la forme d'un partenariat public privé qui permette de coordonner et de répondre aux appels d'offres des pays étrangers pour la viande, le bœuf mais aussi le porc et la volaille.

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