
A Mendionde, dans les Pyrénées Atlantiques, des adhérents de la Cuma Elgarrekin contournent les problèmes posés par le climat humide, en séchant du foin en grange. C'est la Cuma qui a rendu possible l'utilisation de ce dispositif, par la mutualisation des coûts. La démarche et le fonctionnement ont été exposés par Ramuntxo Oteiza, son président, au cours d'un webinaire proposé par les associations Osaé et Segrafo le 16 avril dernier.
Sécher des fourrages en grange collectivement. Les adhérents de la Cuma Elgarrekin, à Mendionde (Pyrénées-Atlantiques), ont voulu profiter des avantages incontestables de cette technique. Dans cette région proche du littoral basque, l’atmosphère est très humide et les aléas climatiques nombreux. Les fenêtres météo pour faire du foin sont souvent très courtes. Par ailleurs, les producteurs répondent au cahier des charges d’une AOP qui interdit, en particulier, d’enrubanner un fourrage en-dessous de 70 % de matière sèche.
Ces conditions, qui s’additionnent à des parcellaires plutôt restreints, expliquent des achats de fourrages réguliers et rendent les exploitations vulnérables aux variations de prix des produits achetés. Ramuntxo Oteiza, président de la Cuma, a expliqué comment l'idée d'un séchage en grange collectif avait vu le jour dans ce contexte au cours d'un webinaire proposé par Osaé et Segrafo, le 16 avril 2024.
Sécher en grange pour contrer l’humidité
Une solution pour contourner ces difficultés est d’avoir recours au séchage en grange. L’intérêt de cette technique n’est plus à démontrer. Les valeurs nutritionnelles obtenues sont plus élevées et se rapprochent de celles des fourrages pâturés. Elles permettent en outre d’équilibrer la ration plus facilement et de réduire les achats de concentrés. Les animaux sont aussi, la plupart du temps, en meilleure santé. Enfin, le séchage en grange améliore l’autonomie des élevages et assouplit aussi les conditions de travail, parce qu’il permet d’étaler les récoltes.
Seul inconvénient : les investissements sont élevés, surtout pour les structures de cette zone, qui sont plutôt petites. C’est de cette observation qu’est né le projet d’un séchoir à fourrages en Cuma.
« La réflexion a commencé dans les années 2000, se souvient Ramuntxo Oteiza. Mais à cette époque, les prix d’achat des fourrages ne justifiaient pas cet investissement. » C’est en 2010 que les prix ont flambé et changé la donne, surtout pour la luzerne, qui est passée de 150 € la tonne à plus de 200 € la tonne. L’idée a donc été relancée.
« Un groupe s’est mis en place pour réfléchir à un système de séchage collectif, raconte Ramuntxo Oteiza. Comme il y avait trois presses à foin dans la Cuma, un séchage des balles rondes a été envisagé. Mais il a vite été abandonné parce que les débits de chantier étaient trop faibles pour un travail collectif ».
Le séchage en vrac, pour un meilleur débit de chantier
C’est donc le procédé de séchage en vrac qui a été retenu. Parallèlement, au cours de l’élaboration concrète du projet, la taille du groupe s’est réduite considérablement. De 15 en 2010, il n’était plus que de quatre en 2017, au moment de commencer la construction.
Dans un premier temps, l’installation mise en place comprend quatre cellules de 96 m² sur 5 mètres de hauteur. Elle fonctionne de manière traditionnelle, grâce à une toiture en bac acier, et sèche 400 tonnes de fourrages par an. L’investissement a été de 420 000 € : 36 000 pour la griffe, 45 000 pour l’autochargeuse, 15 000 pour la ventilation. S’ajoute à ce dispositif classique une presse fixe, pour un coût de 68 000 €. Un PCAE spécifique aux Cuma a permis de financer 157 000 €.
En 2022, l’installation évolue lorsque deux autres exploitants rejoignent le groupe. Des adaptations sont alors réalisées sur le bâtiment : des panneaux thermovoltaïques ont remplacé le bac acier. « Parce qu’ils réchauffent l’air un peu plus vite et, surtout, le dessèchent beaucoup plus, ils permettent de gagner entre une heure et une heure et demi de temps de séchage le matin et le soir, commente Ramuntxo Oteiza. La capacité du séchoir passe à 600 tonnes.
Dans le même temps, les ventilateurs sont changés. En tout, ce sont 300 000 € d’investissements supplémentaires qui sont engagés dans l’installation. Pour ce faire, 160 000 € d’aides ont été attribuées : 100 000 de PCAE et 60 000 au titre du PEE. Il est prévu d’amortir le bâtiment sur 20 ans.
Etaler les récoltes
Dans ce climat souvent poussant mais doux et humide, le foin est impossible à sécher naturellement pendant une grande partie de l'année. Grâce au séchoir, la récolte peut être étalée dans le temps. Elle commence souvent dès le 10 avril, avec la première coupe de luzerne, et se termine fin octobre.
Le calendrier de fauche est décidé en début de saison. Les fourrages obtenus sont pressés et acheminés dans les exploitations. Le transport est réalisé par la Cuma. Le séchoir ne nécessite pas de travail l’hiver, hormis l’entretien.
Dans les quatre cellules du séchoir, les fourrages sont triés par nature (1er coupe, 2e coupe, luzerne…) mais pas par producteur. Les volumes sont pesés à l’entrée et à la sortie. Chacun récupère la quantité qu’il a apportée sans pour autant récupérer ce qui vient de ses propres prairies.
Et en matière d’itinéraire technique, les pratiques sont mutualisées. Une technicienne passe en début de campagne pour voir les prairies et planifier les fauches. « Ce qui conditionne l’organisation de la saison, souligne Ramuntxo Oteiza, c’est la première coupe. Les fauches reviennent ensuite tous les 40 jours. Le plus important, c’est le stade de récolte, qui fait la valeur d’une prairie ».
Chaque adhérent impliqué dans le fonctionnement
Nous avons fixé quelques règles essentielles, grâce auxquelles notre groupe fonctionne bien, expose souligne Ramuntxo Oteiza. « Nous organisons des réunions régulières pour échanger sur nos pratiques et voir ce qui va ou pas. Tout le monde participe aux travaux et l’utilisation de la griffe est répartie entre les membres du groupe. Il y a un responsable par poste de travail (calendrier des fauches, surveillance du séchoir…).
Le rattachement à la Cuma se fait via les parts sociales. Proportionnel au tonnage de fourrage séché (60 € par tonne). Si une personne veut partir, elle doit amener quelqu’un d’autre à sa place ; une situation qui ne s’est pas encore produite. Les coûts sont répartis à la tonne séchée.
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