Grâce aux tests bactériologiques à la ferme et à une meilleure hygiène de traite, Mickaël et Amélie Philippe, éleveurs laitiers dans les Côtes-d'Armor, sont venus à bout d’une épidémie de mammites. Les tests permettent de ne traiter que quand c’est nécessaire, d’où une meilleure efficacité.
Éleveurs au Fœil (Côtes-d’Armor), Mickaël et Amélie Philippe ont vécu une explosion des mammites dans leur troupeau, il y a deux ans et demi. «On avait l’habitude d’utiliser des lavettes individuelles, lavées à 90 °C entre chaque traite», se souvient Amélie. Ça a bien fonctionné pendant un certain temps, mais, lorsque les cas de mammites se sont soudainement multipliés, les éleveurs ont remarqué que les lavettes sorties de la machine sentaient un peu. Ils les ont passées à l’eau de javel et la situation s’est améliorée, avant de se dégrader de nouveau.
La traite s’est transformée en galère. «On avait parfois 12 pots à lait dans la fosse pour 100 vaches. Il fallait 3 heures pour traire. On traitait toutes les vaches dès le premier signe car on avait peur que ça s’aggrave. On ne savait pas faire la différence entre les cas », raconte Mickaël. Il leur était devenu impossible de se faire remplacer. À l’époque, Amélie venait de s’installer. Elle s’est demandé si le problème n’était pas lié à son manque d’expérience.
Ils ont changé tous les manchons de l’installation. Ils ont adopté les lingettes jetables. Au final, ils se sont aperçus que la résistance de la machine à laver était défaillante. L’eau n’étant pas chauffée, les lavettes ont fini par transmettre un véritable bouillon de culture.
Mais, si les éleveurs étaient satisfaits d’avoir identifié la cause, les mammites étaient toujours là. Ils ont parlé de leur problème à leur vétérinaire, Tanguy Rault. Sur son conseil, ils ont vacciné toutes les vaches contre les mammites en utilisant deux vaccins différents. Une étude préalable avait montré qu’entre les traitements et les pertes de lait le coût des mammites dépassait celui de la vaccination.
Des échantillons de lait sont prélevés pendnat la traite
Tanguy leur a proposé une étuve pour réaliser eux-mêmes des tests bactériologiques sur les laits mammiteux. «On prenait des échantillons de lait pendant la traite sur toutes les vaches douteuses et on les mettait au frigo. On ensemençait des boîtes de gélose ensuite et on attendait 24 heures pour connaître le résultat. » Les éleveurs ont apprécié cette démarche. Ils savaient que, pour une mammite au premier stade, attendre 24 heures ne posait pas de problème. «On a appris la patience. »
En attendant les résultats de l’analyse, ils ne traitaient plus que les cas les plus sévères. Pour les autres, ils suivaient les conseils du vétérinaire. Au début, les tests ont révélé la présence d’un grand nombre de germes différents. Les analyses PCR du lait de tank le confirmaient. Les éleveurs ont vu que certaines infections disparaissaient spontanément. Leur stratégie de traiter systématiquement n'était donc pas la meilleure. Ils ont constaté aussi un regain d’efficacité des traitements, parce qu’ils étaient mieux adaptés à chaque cas.
Cette phase a duré trois mois. Les vaccins, l’hygiène de traite et les tests bactériologiques ont cumulé leurs effets et, petit à petit, la situation s’est améliorée. Les éleveurs ont retrouvé le goût de traire. Les vaches les plus chargées en cellules ont été progressivement réformées. «C’est devenu le premier motif de départ, se rappelle Amélie. Heureusement que les performances de reproduction étaient correctes et n’imposaient pas de vendre des vaches. » De plus, le nombre de génisses disponibles était suffisant pour assurer la relève.
Maintenir un vigilance accrue sur l’hygiène de traite
Aujourd’hui, les cas de mammites sont rares, le taux leucocytaire moyen est retombé à 48 000 depuis quelques mois. Cependant, les éleveurs restent méfiants et sont devenus maniaques sur l’hygiène à la traite. Quand les analyses du contrôle laitier dépistent une vache à plus de 300 000 cellules, elle est aussitôt affublée d’un bracelet pour être reconnue. Les éleveurs se lavent les mains après son passage et ils désinfectent la griffe à l’aide d’un spray. Ils ne veulent prendre aucun risque de contaminations entre vaches.
Leur projet d’installation de deux stalles de robot de traite a été remis sur les rails. Il était indispensable que le troupeau soit assaini avant de le réaliser. Pascale Le Cann
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