
Face aux problèmes respiratoires en hiver, il est intéressant d’identifier les agents responsables pour adapter la prise en charge, sans oublier la prévention qui relève souvent du bon sens.
On est en hiver, et ici, l’hiver, ça tousse. Et ça tousse pour diverses raisons qu’il est intéressant de différencier : illustrons le propos par quelques cas observés en clientèle, tous survenus en décembre 2022, mais toujours utiles aujourd’hui.
Le vaccin limite les effets du virus mais ne fait pas tout
Dans le premier élevage, cela a commencé par les génisses à l’IA et les bœufs, soit une quarantaine d’animaux. Les symptômes : toux, température et baisse d’appétit. La majorité a été piquée aux anti-inflammatoires et antibiotiques. Six jours après, ce sont les veaux de la nurserie qui se sont mis à tousser. Sur la trentaine de veaux présents, on a pris toutes les températures. Trois d’entre eux avaient plus de 39,5 °C et ils étaient au cornadis en train de manger ; trois autres ne s’intéressaient pas à nous quand on rentrait dans le bâtiment et ne sont pas venus manger quand l’éleveur a rempli l’auge. Les animaux qui ne sont pas allés manger sont ceux qui toussaient et ils avaient une fréquence respiratoire plus importante.
Il faut rappeler que concernant les pneumonies il est important d’agir rapidement, afin de limiter les séquelles qui ont un impact sur la carrière de l’animal. Le signe le plus précoce et facilement accessible est la prise de température (supérieur ou égal à 39,5 °C), ensuite seulement l’animal est abattu et enfin il tousse. Ici, nous avons fait des prélèvements pour tests PCR, comme les tests Covid. Après analyse à la clinique, dès l’après-midi nous avons pu identifier que les responsables étaient deux virus, le VRS (virus respiratoire syncytial) et le coronavirus. C’est toujours embêtant dans un élevage qui vaccine pourtant toute l’année contre les VRS… Les veaux qui ne mangeaient pas ont reçu des anti-inflammatoires et des antibiotiques à cause des risques de surinfection (colonisation par des bactéries après que le virus a préparé le terrain). Les autres n’ont eu qu’une poudre à base de vitamine C, avec des anti-oxydants et des extraits de plantes. Et l’histoire s’est réglée en une semaine. La vaccination VRS n’empêche pas le virus de passer mais limite fortement ses effets, il s’agit d’un virus qui entraîne beaucoup de mortalité sur les animaux naïfs.
Agir sur les facteurs d’ambiance
Au cours de la même période, un élevage mixte laitier/allaitant appelait pour un veau d’environ 1,5 mois qui manquait de vigueur et était constipé. Dans la même classe d’âge, un veau est mort sans être vu malade et un autre a brutalement présenté des symptômes respiratoires marqués. Les deux premiers sont morts et les autopsies étaient évocatrices de Mannheimia haemolytica. La PCR faite sur poumon l’a confirmé. Des antibiotiques ont été administrés aux 50 animaux du lot, associés à un soutien en vitamines et oligo-éléments injectables. Le vaccin de l’élevage a été changé pour que le spectre soit plus adapté. Il n’y a plus eu de problème (sauf sur les quelques dindes de la ferme qui sont toutes mortes…).
Mannheimia haemolytica est une bactérie de la famille des pasteurelles qui regroupe plusieurs types de bactéries, comme Pasteurella multocida et Histophilus somni. Elles vivent souvent à l’intérieur du nez sans causer de dégât, mais parfois elles descendent dans les poumons où elles sont responsables de pneumonies peu agressives sur lesquelles on peut agir par des facteurs d’ambiance, on y reviendra. Mais certaines, comme le sérotype A1 de Mannheimia haemolytica, provoquent des épidémies brutales avec une forte mortalité, comme le ferait le VRS.

Des pratiques préventives évidentes
Un autre élevage a appelé pour un veau de 15 jours en détresse respiratoire, sans fièvre. Les autres veaux étaient peu malades, un peu de toux, mais pas de fièvre. La PCR sur écouvillon nasal n’a pas été très concluante : un petit peu de Pasteurella multocida, qu’il n’est pas anormal de retrouver dans le nez, et de coronavirus. Pourtant, le veau en question est mort. La météo, d’un gris humide bien du coin avec des variations journalières d’une bonne dizaine de degrés, était favorable aux pneumonies et l’éleveur disait avoir oublié de fermer un brise-vent quelques jours auparavant. Néanmoins, le reste du lot était peu malade et ils ont très bien passé le cap sans traitement autre qu’un soutien à base de plantes. Une autopsie aurait été intéressante pour voir s’il s’agissait bien d’une cause infectieuse ou si c’était un cas isolé dû à autre chose.
Pour éviter ces pneumonies « d’ambiance », quelques pratiques aident les veaux à cette saison : tondre la ligne du dos (on voit les veaux transpirant par le poil mouillé qui accroche la poussière et la paille) ; fractionner les repas de concentré (ou s’assurer que l’alimentation soit toujours à volonté) pour éviter l’important dégagement de chaleur qui suit un gros repas ; éviter les courants d’air bien sûr ; aménager des abris dans les cases collectives (observer la répartition des animaux et limiter les matériaux froids comme le métal) ; dans l’aire de vie des animaux on ne doit pas sentir d’odeur d’ammoniac qui a un effet dépressif sur le système respiratoire ; assurer un bon paillage sans trop de poussière ; augmenter la quantité de lait quand il fait froid pour compenser la perte de calories… C’est du bon sens, c’est comme quand on dit « couvre toi après avoir couru tu vas attraper froid », « mets une veste quand il y a du vent », ou qu’on apprécie les tartiflettes l’hiver, une maison chaude et un matelas sec.
Traitement antibiotique et désinfection du bâtiment
Enfin, un dernier cas survenu sur une trentaine de broutards arrivés depuis six semaines dans un atelier d’engraissement. Tous toussent un peu. Le traitement antibiotique fait par l’éleveur est sans amélioration. L’un des animaux est mort, c’est le motif d’appel. Autopsie et PCR ont révélé des mycoplasmes. Il faut dire que l’arrivée du premier lot en début d’été avait été très chaotique avec beaucoup de malades et de morts. La PCR d’alors était positive pour à peu près tout : mycoplasmes, Mannheimia haemolytica, Pasteurella multocida, Histophilus somni, coronavirus. Visiblement les mycoplasmes, résistants dans l’environnement, ont profité des nouveaux arrivés. L’antibiotique a été changé et la désinfection du bâtiment planifiée.
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