Mortalité. L’excès de pluie en 2021 est à l’origine de plusieurs cas de décès groupés au pré.
Une série de mortalités n’est jamais le fruit du hasard. Témoins, ces cas d’éleveurs de notre clientèle qui ont, à la fin de l’été et à l’automne, perdu plusieurs bovins conduits dans le même pré. Les orages et les pluies abondantes de 2021 en sont la principale cause, ayant engendré la remontée à la surface du sol de bactéries dites des « prés maudits ». Deux types de bactéries sont responsables de ce genre de mortalité aiguë. La première, Clostridium chauvoei, est responsable du charbon symptomatique, la seconde, Bacillus anthracis, de la fièvre charbonneuse, également nommée « anthrax ».
Des foyers de charbon symptomatique réveillés
La plupart des vaccins contre l’entérotoxémie immunisent les animaux contre le charbon symptomatique… Une maladie qui n’est pas à déclaration obligatoire. Elle provoque des mortalités au pré de plusieurs bêtes après l’ingestion de ces bactéries et souvent à la suite d’un traumatisme (coup, chevauchement…) qui déclenche les symptômes et la mort. On peut sentir des zones qui crépitent sous la peau du bovin. Plusieurs foyers ont été réveillés cette année, mais rien à voir avec le cas de cet éleveur qui a perdu sept bovins allaitants (quatre animaux de 1 an et trois vaches gestantes) en moins de deux mois dans le même pré.
Un cas d’anthrax aux conséquences sévères
Un seul des animaux a été vu, avant de mourir, en détresse respiratoire, mais personne n’a eu le temps d’intervenir tant les symptômes ont été violents et la mort rapide. La veille, cette vache allait très bien. Son autopsie a confirmé que l’animal était en bon état et ne présentait pas de maladie chronique. En revanche, les lésions de septicémie foudroyante et une rate très volumineuse ont mis les vétérinaires sur la piste de l’anthrax. Un frottis sanguin a confirmé la présence du bacille et vingt-quatre heures plus tard, le laboratoire départemental confirmait le diagnostic d’anthrax. Tous les animaux du pré ont été mis sous antibiotique (pénicilline) pour stopper les mortalités après la rentrée des animaux. Une vache en fin d’incubation (quinze jours au maximum) est morte en stabulation. Les humains ayant été au contact des animaux autopsiés ont également été mis sous antibiotique.
Une zoonose qui peut être grave
En effet, la fièvre charbonneuse est une maladie à déclaration obligatoire et il s’agit d’une zoonose qui peut être grave. Une contamination humaine a eu lieu dans le cheptel touché, conduisant à une hospitalisation avec évolution septicémique. Heureusement, les traitements antibiotiques sont très efficaces et les contaminations les plus fréquentes de l’homme sont les formes cutanées, qui sont les moins graves et les plus faciles à soigner.
L’élevage en question a été placé sous arrêté préfectoral d’infection (APDI) jusqu’à la désinfection de toutes les zones de l’élevage qui ont pu être contaminées, c’est-à-dire les zones où les cadavres ont été entreposés ou autopsiés. L’ensemble des animaux de l’élevage a été vacciné pour éviter le risque de mortalité après l’ingestion de foin susceptible d’être contaminé. Les animaux qui pâtureront dans le « pré maudit » seront vaccinés pendant les cinq années à venir afin d’éviter de futures mortalités.
L’autopsie réalisée un peu trop vite
En fait, nous n’aurions pas dû autopsier ! En effet, en cas de suspicion d’anthrax, l’autopsie est contre-indiquée, les bacilles et leurs spores pouvant alors être disséminés. Cependant, bon nombre d’autopsies permettent de poser un diagnostic à l’échelle du troupeau. En cas de suspicion d’anthrax, la démarche à suivre par le vétérinaire est de prélever du sang sur le bovin mort et de le faire acheminer par voie directe au laboratoire départemental.
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