
Devant les présidents de la FNSEA et de Jeunes agriculteurs qu'il recevait mardi 2 février, François Hollande a pris l’engagement de s’exprimer d’ici le Salon de l’agriculture, soit avant le 27 février, pour répondre à la crise. En attendant ces nouvelles annonces, la gronde des producteurs se poursuit un peu partout en France.
A l'issue d'un entretien d'une heure avec François Hollande à l'Elysée, en présence du ministre de l'agriculture Stéphane Le Foll, le président du syndicat agricole majoritaire, Xavier Beulin, a assuré que le président avait « pris l'engagement de s'exprimer d'ici le Salon de l'agriculture », prévu du 27 février au 6 mars. « Il a entendu nos demandes ce matin », a-t-il ajouté.
Mais, « ne me demandez pas aujourd'hui de dire à des gens qui perdent chaque semaine 6.000 euros de rentrer chez eux, ce n'est pas possible », a-t-il déclaré à la presse.
Les agriculteurs en difficulté, notamment les éleveurs de l'Ouest, manifestent de nouveau depuis plusieurs semaines, dans le sillage de leur forte mobilisation de l'an dernier, pour protester contre la chute des prix de leurs productions. L'annonce fin janvier par Stéphane Le Foll d'une rallonge de 125 millions d'euros aux 700 millions accordés l'an dernier dans le cadre du plan d'aide aux éleveurs, n'a pas contenté le secteur.
Mardi, plusieurs opérations escargot et des blocages étaient ainsi menés dans plusieurs régions pour réclamer une réévaluation des prix du porc, du lait et de la viande bovine.
A Saint-Lô, agriculteurs en colère et forces de l'ordre ont échangé pendant plus de deux heures projectiles contre gaz lacrymogènes. Environ 250 agriculteurs venus à bord de 60 à 80 tracteurs et leurs bennes pleines de détritus, participaient à cette manifestation, selon la police.
Une soixantaine de tracteurs et environ 200 agriculteurs bloquaient la cité administrative et la préfecture à Chartres pour protester « contre les prix, les normes et les charges qui pèsent sur la profession », a constaté l'AFP. Autour d'Arles, les agriculteurs effectuaient aussi plusieurs opérations escargot créant plusieurs kilomètres de bouchons notamment sur l'autoroute A54, selon la FDSEA des Bouches-du-Rhône. A Salon-de-Provence, une cinquantaine de manifestants, dont des riziculteurs de la région, bloquaient une centrale d'achats de Carrefour.
Environ 500 tracteurs étaient présents à Boulogne-sur-mer (Pas-de-Calais), a indiqué la préfecture, « du jamais vu » selon la FDSEA à l'origine du mouvement de protestation.
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— France Bleu Cotentin (@fbleucotentin) 2 Février 2016
Crise agricole : blocages et opérations escargot à Chartres et Arles https://t.co/xqvUUkNXhl pic.twitter.com/ylEZS6MMEe
— RueDesAbattoirs (@RueDesAbattoirs) 2 Février 2016
« Besoin de la puissance publique »
A Pau, la FDSEA a organisé une « opération réveil » : entre 80 à 100 agriculteurs munis d'une dizaine de tracteurs ont fait brûler des pneus et du foin devant la préfecture dans la matinée, puis ils ont continué leur action devant un centre Leclerc de la ville avant d'obtenir à 11 h une entrevue avec le préfet.
En Moselle, des agriculteurs ont mené des actions à Thionville, Sarrebourg, Sarreguemines et Metz, distribuant des avis mortuaires annonçant la mort de l'agriculture mais sans bloquer la circulation. « C'est le début d'une longue semaine ou d'un long mois d'actions. On va encore se faire entendre avec différents moyens », a annoncé Jérémy Risse, président du comité d'organisation des terres de Jim, à Sarreguemines.
Dans le Tarn-et-Garonne, ce sont 155 agriculteurs qui avaient mis en place des barrages filtrants à la sortie de quatre communes, à l'aide de 46 tracteurs, selon le décompte de la préfecture. Les manifestants ralentissaient la circulation et distribuaient des tracts près de Montauban, Castelsarrasin, Caussade et Caylus, selon un correspondant de l'AFP. « Depuis nos dernières manifestations de l'automne, la situation n'a pas évolué en mieux, au contraire. Presque toutes les productions sont en crise, le lait, la viande, les canards », a déclaré Jean-Philippe Viguié, président des Jeunes Agriculteurs (JA) du département. Cette action veut « simplement montrer notre désarroi », a-t-il ajouté.
Xavier Beulin, accompagné du président des Jeunes agriculteurs (JA) Thomas Diemer, en a d'ailleurs appelé « à la responsabilité des uns et des autres », dénonçant « une maladresse » du préfet de la région Bretagne qui a chiffré lundi à 4 millions d'euros les dégâts causés récemment par les éleveurs en colère .
« Les réunions sont extrêmement rudes parce qu'on a en face de nous des gens qui sont en colère ou à l'inverse désespérés. Il faut trouver les mots, les actes qui peuvent les réconforter », a-t-il demandé. Faute de « mesures fortes de prise en compte des difficultés et de réponses appropriées, on n'est plus audible, les gens deviennent autistes », a-t-il fait valoir.
Parmi ses revendications, il a notamment demandé à François Hollande d'évoquer la crise agricole lors de sa rencontre avec la chancelière allemande Angela Merkel dimanche à Strasbourg, pour « reprendre l'initiative au plan européen ».
Il a par ailleurs réclamé une baisse de 10 points des charges sociales , de 45 % à 35 %, pesant sur les agriculteurs, une mesure qu'il a chiffrée à 600 millions d'euros. « On a besoin d'une mobilisation de la puissance publique pour nous accompagner financièrement, je n'ai pas honte de le dire. Mais on a aussi besoin, dans le même temps, de redonner des perspectives » à la profession, a-t-il plaidé.
Voir les revendications des agriculteurs de l'Oise, en manifestation à Beauvais lundi et mardi :
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