Faut-il une nouvelle loi pour que tous les éleveurs perçoivent enfin un prix rémunérateur ?
Quand un industriel ne respecte pas la construction du prix imposée par Égalim ou quand un distributeur délocalise sa centrale d’achat pour contourner cette loi, ils ne sont pas sanctionnés. Il manque donc un volet coercitif qu’un nouveau texte, qu’on appelle déjà Égalim 4, pourrait apporter. Mais cette législation comporte d’autres faiblesses. Les productions végétales en sont exclues, les coopératives ne se sentent pas concernées et continuent de fixer leur prix au sein du conseil d’administration. Au final, seulement environ un quart de la production agricole entre dans le champ d’application de cette loi, ce qui en limite la portée.
En réalité, Égalim fonctionne comme un prix plancher, ce que j’appelle, une voiture-balai. Là où les entreprises et les OP travaillent bien ensemble dans un esprit gagnant/gagnant, cette loi n’a pas d’utilité. C’est le cas chez Bel ou LSDH, par exemple. Les deux parties se retrouvent autour d’intérêts communs et avancent ensemble sur des sujets comme le bien-être animal, le climat, le pâturage, ou autres. Les éleveurs y perçoivent un prix qui dépasse le coût de production. Mais chez Lactalis ou Savencia, des entreprises très exposées aux produits industriels (beurre, poudre), les difficultés de marché sont reportées sur les producteurs. Les OP s’accrochent légitimement aux formules de prix et à la prise en compte de leur coût de production. Elles ont parfois recours à la médiation, sans grand succès. Mais les difficultés viennent du fait que ces industriels proposent des gammes de produits vieillissantes que les distributeurs placent en bas des rayons. Faute d’investissements, elles ne conçoivent pas de nouveaux produits, ne créent pas suffisamment de valeur et leurs relations avec les OP se réduisent à un rapport de force. La loi n’y change rien.
Ce dont les éleveurs ont besoin, c’est d’une garantie de marge. Les États-Unis, grand pays libéral, garantissent la marge sur coût alimentaire des éleveurs laitiers. Rien n’empêche de s’en inspirer. Si l’État français veut à la fois s’assurer que les agriculteurs dégagent des revenus et préserver la souveraineté alimentaire, il y a là une idée à creuser.
Propos recueillis par Pascale Le Cann
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