Si le prix des produits laitiers a augmenté en 20 ans, ce ne sont pas les producteurs qui en ont bénéficié mais la grande distribution et l’industrie agro-alimentaire, conclut une étude de la Fondation pour la nature et l’homme (FNH). L’organisation déplore une répartition de plus en plus inéquitable de la valeur, sur l’ensemble des produits laitiers, et plaide pour un rééquilibre qui permettrait de préserver l’élevage et d’assurer la transition agro-écologique.
Ces dernières années, les produits laitiers ont généré un chiffre d’affaires croissant, atteignant 17 milliards d’euros en 2021, contre 15,5 milliards en 2016. Pourtant, les éleveurs ne gagnent qu’entre 0,7 et 0,9 smic net par heure en moyenne (sur la période 2018-2021), tandis que les bénéfices sur les produits laitiers ont fortement augmenté pour les entreprises de l'aval, souligne une étude réalisée par la Fondation pour la nature et l’homme (FNH). Après avoir réalisé un important et inédit travail d’investigation basé sur les données de l’OFPM, de l’Insee, du Rica et de FranceAgriMer, « éleveurs et consommateurs sont les grands perdants de la hausse des prix des produits laitiers », constate l’ONG.
⚠️Éleveurs et consommateurs, grands perdants de la hausse du prix des produits laitiers. Une situation qui entrave leur transition vers un élevage durable.
L’écart se creuse au niveau des bénéfices dans la filière
L’augmentation de la valeur des produits laitiers a généré des bénéfices importants pour la grande distribution, passant de 74 à 145 millions d’euros entre 2018 et 2021. Sur la même période, ceux de l’industrie agroalimentaire sont passés de 449 à 697 millions d’euros.
La FNH s’est donc penchée, entre autres, sur la formation des marges de deux produits phares, un litre de lait demi-écrémé et une plaquette de beurre de 250 grammes.
Les éleveurs « grands perdants » sur le litre de lait
Ainsi, en 2022 les éleveurs ont perçu 4 % de moins sur la vente d’un litre de lait demi-écrémé qu’en 2001. En revanche, les bénéfices de l’industrie agro-alimentaire et de la grande distribution ont fortement progressé, respectivement de + 64 % et de + 188 %. « Sur 20 ans, cette répartition de plus en plus inéquitable de la valeur se vérifie sur l’ensemble des produits laitiers », note la FNH.
« Entre 2016 et 2020, alors que le beurre a enregistré une hausse de 34 %, l’industrie agroalimentaire a vu ses marges augmenter de 80 %, celles de la GMS de 32 %, tandis que celles des éleveurs ont augmenté d'un tout petit + 11 % », constate encore l’ONG.
Les aides publiques indispensables à la survie de l’élevage
Si la valeur des produits est captée par l’aval, il ne reste aux éleveurs que les aides publiques pour maintenir un revenu. Ces subventions ont représenté, en moyenne, 84 % du revenu entre 2011 et 2021, atteignant même 100 % du revenu pendant la crise laitière en 2015 et 2016.
Difficile cependant d’inverser la tendance, compte tenu du faible poids des éleveurs dans les négociations commerciales face aux « oligopoles » des entreprises de l’aval : 3 % des entreprises de la transformation réalisent 97 % des bénéfices du secteur, et les cinq premiers groupes de la grande distribution possèdent 82 % de parts de marché en moyenne sur tous les produits alimentaires en 2023, rappelle la FNH.
Pour un nouveau « contrat social »
Dans ce contexte de pression économique, les éleveurs ne disposent pas des marges de manœuvre nécessaires pour imposer leurs prix et investir dans la transition agroécologique. Dans un précédent rapport, « Comment préserver l’élevage bovin en France ? », la FNH établissait un lien entre cette asymétrie de pouvoir et les dynamiques à l’œuvre dans la filière laitière, à savoir l’agrandissement et la concentration des exploitations, l’intensification des pratiques, et la spécialisation à l’échelle des territoires, trois tendances aux effets en partie négatifs pour l’environnement.
La FNH propose donc plusieurs mesures afin de bâtir « un nouveau contrat social entre éleveurs, entreprises, et citoyens pour plus d’équité et de durabilité dans la filière laitière », reposant sur davantage de transparence, notamment sur les marges nettes de la transformation et de la distribution, et une meilleure répartition des richesses.
Parmi les pistes évoquées, l’ONG propose d’atteindre d’ici 2030 un tiers de produits laitiers en label biologique, en commerce équitable et sous contrat tripartite, de créer un fonds mutualisé, abondé par un pourcentage minimum des bénéfices et dividendes exceptionnels des acteurs de la transformation et de la distribution, ainsi que d’augmenter la part du budget de la Pac allouée aux programmes opérationnels pour soutenir les OP répondant à des critères sociaux et environnementaux.
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