Le constat largement repris dans nos colonnes depuis plusieurs mois est là. Alors que le prix du lait a nettement progressé en Allemagne, aux Pays-Bas, en Belgique et ailleurs en Europe, il augmente trop péniblement en France. Résultat, si nos voisins allemands sont capables depuis le mois d’avril de couvrir à 99 % leurs coûts de production, les producteurs français en sont loin. Le risque et donc grand au prix actuel des céréales et des vaches de réforme de voir dans les prochains mois de plus en plus de candidats à l’arrêt de la production laitière en France.
Le lait demi-écrémé à 0,99 €/l en Allemagne… 0,78 € en France
Un faisceau de présomption nous dit aussi là où le bât blesse depuis que la guerre en Ukraine en a remis une couche sur l’augmentation des charges entamée à l’automne 2021. Le récent rapport du Sénat sur les négociations commerciales, les auditions que la FNPL a conduit de son côté depuis plusieurs semaines pointent du doigt assez clairement le coupable : les GMS pour ne pas changer. Car si le prix du lait est aujourd’hui si haut en Allemagne ou en Belgique, c’est que les circuits de distribution ont accepté les hausses de tarif demandées par leurs fournisseurs et les ont répercutées en linéaire. « En Allemagne et en Belgique, le prix du lait UHT demi-écrémé est aujourd’hui de 0,99 à 1,05 € le litre. En France, nos relevés nous situent à 0,78 € le litre, peste la FNPL. Du lait en promotion à 0,61-0,63 €/l, nous n’en voulons plus. »
Prêt à mettre la pression sur ceux qui ne jouent pas le jeu
Au cœur de cette bagarre pour la valorisation du lait sur notre marché intérieur, il y a Égalim 2. « La loi est arrivée à l’automne 2021 pour corriger les insuffisances d’Egalim 1. C’est un échec », constate amer Thierry Roquefeuille, président du syndicat des producteurs de lait Pour autant la FNPL ne veut pas l’enterrer, convaincue que cette loi peut et doit fonctionner pour rebooster le revenu des agriculteurs. À l’heure où le ministre de l’Économie, dans un dérapage apparemment très personnel, a suggéré de la mettre en sourdine, avant de se raviser devant le tollé provoqué dans le monde agricole et l’industrie agroalimentaire. À l’heure, où certains acteurs économiques de la distribution, comme Intermarché, proposaient ni plus ni moins de mettre Égalim en stand-by au prétexte de la défense du pouvoir d’achat des Français… La FNPL a donc décidé de sortir du bois et de passer à l’offensive. Objectif : sauver cette loi pour laquelle elle a largement œuvré dans l’espoir d’un prix du lait français à la hauteur des standards actuels européen. En mai, l’écart avec l’Allemagne était quand même de 65,60 €/1 000 l (484,80 €, contre 419,20 €/1 000 1 en 38/32).
Lors d’une conférence de presse organisée le 22 juillet (la veille d’une première rencontre avec le ministre de l’Agriculture pour lui faire part de ses inquiétudes vives sur l’avenir du lait en France), le syndicat a prévenu qu’il allait clairement mettre la pression sur ces acteurs de la grande distribution. Ciblés les enseignes, les magasins qui ne joueraient pas le jeu d’une revalorisation du prix des produits laitiers en linéaires. Cela pour que les transformateurs puissent répercuter des hausses au prix du lait en ferme à la hauteur de l’envolée des charges. « Les actions se feront plus pressantes à partir de la mi-août. Nous n’excluons pas une journée de manifestation nationale, par ailleurs approuvée par la FNSEA », précise la FNPL. C’est le prix de la brique de lait demi-écrémé qui servira de jauge principale. « Nous n’imaginons pas qu’au 1er septembre, elle soit vendue à moins de 1 à 1,20 €/l comme chez nos voisins européens. »
Jean-Michel Vocoret
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