On a touché le fond

Après deux années de crise, le bout du tunnel est là. Témoin, l’inflexion enfin positive qui se dessine pour le prix du lait. Mais on est encore loin du niveau attendu. En la matière, les espoirs du terrain sont à la hauteur de la chute vertigineuse enregistrée et qui fait que pour la majorité d’entre vous, la crise est loin d’être digérée.

Il y a un an, notre observatoire (www.prosdulait.fr) pointait une baisse de 55 € et plus en 2015 chez les leaders de l’industrie. Pour cette année, les producteurs Sodiaal, Lactalis et Savencia encaissent un nouveau recul de 25 à 28 € selon les bassins. Et sur deux ans donc, une baisse cumulée de plus de 80 €. En 2016, ils ont ainsi dû se contenter d’un lait entre 282 à 292 € (38/32)… Cela, au mieux, notre simulation portant sur du lait de qualité super A chaque mois, sans accident de cellules ou de butyriques donc.

Sodiaal pénalisé par son B payé à 212 € de moyenne

Sans surprise, les écarts entre Sodiaal, Lactalis et Savencia restent minimes : 4 € en Bretagne-Pays de la Loire entre Savencia (OP Cleps) et Sodiaal, 6 € dans l’Est. Quant à Lactalis, il continue de coller aux basques de Sodiaal… Avec une courte longueur d’avance, comme en 2015 : + 1,75 € dans l’Ouest, + 3 à 4 € dans la moitié Est et + 5 € dans le Sud-Ouest. Dans toutes les régions, comme en 2015, le numéro un de la coopération laitière apparaît comme le maillon le plus faible du trio. Il est vrai que notre simulation intègre, pour Sodiaal, une part de volume B (mais seulement à hauteur de 9 %), dont le prix a particulièrement été chahuté, ressortant à moins de 212 €/1 000 litres de moyenne sur l’année.

Les Maîtres laitiers, Isigny, Saint-Denis-de-l’Hôtel et Laïta limitent la casse

Comme en 2015, certaines PMI et PME ont un peu limité la casse. On y retrouve Les Maîtres laitiers du Cotentin, dont le prix recule de moins de 5 €. À la faveur d’une baisse plus marquée chez Alsace lait (- 33 €) et l’Union laitière ­vittelloise-Ermitage (- 16 €), ex-numéro un et deux de notre observatoire, la coopérative bas-normande prend la tête du classement avec un prix moyen de 330,44 €. Elle se distingue en outre par des fluctuations de prix mensuels notoirement moins marquées que beaucoup d’entreprises. Une autre coopérative bas-normande se distingue, Isigny-Sainte-Mère, dont le prix ne recule que de 8,50 € cette année, à 320 € (- 54 € en 2015).

En Bretagne-Pays de la Loire, ­Terrena se démarque aussi par sa baisse limitée à 18 € pour finir à 293,70 €. Elle tient au choix de la coopérative de verser, début 2016, une ristourne de 6 € sur les livraisons 2015, complétée en décembre par 2 € sur les livraisons 2016. Even et Triskalia, les deux autres actionnaires de Laïta, ont aussi fait un effort en 2016 pour atténuer la crise (12 € de ristourne sur les livraisons 2015 chez Even, 4 € chez Triskalia). Dans le Centre, la laiterie Saint-Denis-de-l’Hôtel, spécialiste du lait de consommation, se classe, comme en 2015, parmi les laiteries ayant le moins baissé leur prix : -15 €, pour finir à 317 € de moyenne.

10 € de perdus seulement pour les « Danone »

À noter aussi, dans l’Est, la performance de la dernière coopérative de Haute-Saône, Pâturages Comtois : - 10 €, à 312,50 € de moyenne. Force est de constater aussi que les modifications intervenues dans le mode de fixation du prix de Danone ont joué en faveur de ses fournisseurs. Leur prix n’a reculé que de 10 € ou moins, à 322 € en Basse-Normandie et 312 € dans le Sud-Est. On ne peut pas en dire autant d’un autre privé, pourtant lui aussi peu impliqué sur les produits industriels : Bel. Le fabricant de la Vache qui rit qui, l’an dernier, avait moins reculé que Lactalis, Savencia ou Sodiaal, accuse une baisse de 27 €. Il s’éloigne ainsi un peu plus de Saint-Père (- 22 €) qui confirme son leadership en Bretagne-Pays de la Loire. Non seulement la filiale d’Intermarché est la laiterie qui, chaque mois, affiche le meilleur prix de base du bassin mais, en 2016, elle a revu à la hausse ses niveaux de primes versées aux éleveurs. Résultats : Saint-Père creuse l’écart avec son challenger Bel. Il y a un an, 12,15 € les séparaient, aujourd’hui 17 €.

Contre-performance du groupe Agrial-Eurial

Fusionnées au printemps 2016, les coopératives Agrial et Eurial, ont aussi du chemin à parcourir pour améliorer leur valorisation.

La première est en retrait de 30 € en Normandie, la seconde de 34 € en Bretagne-Pays de la Loire. Sans surprise, leur filiale, Sénagral, suit le même tempo. Résultats : la dernière place pour le groupe Agrial-Eurial dans les bassins de notre observatoire où il est présent. Il est vrai néanmoins que les producteurs Eurial vont retrouver en 2017 l’opportunité d’accroître leurs volumes au prix A. Ce n’est pas le cas chez tout le monde. Le détail n’en est pas un, car la recette laitière se fait par le couple volume-prix.

Autre contre-performance remarquée, celle de LaProspérité fermière, qui plonge à 278,70 € de moyenne.