Les éleveurs français sont-ils prêts à aller aussi loin que leurs collègues anglais dans la segmentation du marché ? En France, elle repose soit sur une démarche équitable – souvent liée à une GMS (Carrefour, Intermarché, Lidl pour le lait UHT) –, soit sur un cahier des charges (pâturage, non OGM). Outre-Manche, c’est la deuxième approche qui prend le pas. C’est du moins ce qu’expriment les producteurs anglais que L’Éleveur laitier a rencontrés mi-novembre. Ils ont signé un contrat avec les industriels Arla Foods ou Müller…et un distributeur pour le marché du lait liquide. Arla et Müller occupent la moitié du marché. « Le lait liquide est une des bases de notre alimentation. Les distributeurs ont besoin de maintenir la confiance des consommateurs », analyse David Humphries, responsable de la ferme de l’université de Reading (600 vaches). Elle a un contrat avec Arla et le distributeur Sainsbury’s depuis cinq ans.
Contrat avec un distributeur : 60 €/1 000 l en plus
Accéder à ces contrats tripartites est vu comme une chance par les producteurs, voire comme le Saint-Graal. À qualité égale, en octobre dernier, l’observatoire des prix de l’organisation AHBN Dairy (financée par une cotisation des producteurs) met en évidence, pour les livraisons destinées au lait de consommation, un écart de près de 60 €/1 000 l entre celles sous contrats tripartites et celles qui ne le sont pas. Les premières affichent un prix moyen sur les 12 derniers mois compris entre 347 € et 394 €, les secondes entre 284 € et 334 €. « À nous de prouver que nous avons un très bon niveau technique et sanitaire, afin d’accéder à ces contrats premium », explique David Humphries. Et bien sûr d’accepter le cahier des charges qui va avec. « C’est un livre », plaisante-t-il, affirmant ne pas le vivre comme une contrainte.
Un cahier des charges très détaillé et contrôlé à la loupe
« Au moins une fois par an, un contrôleur regarde tout à la loupe. De cette façon, le distributeur se protège d’éventuelles attaques de végans », confirme un autre éleveur, qui souhaite rester anonyme. Il a lui aussi un contrat avec Arla et Sainsbury’s. « Il vérifie le taux de mortalité des veaux, les maladies métaboliques que je dois enregistrer, la locomotion des vaches, etc. » S’il n’est pas dans les clous, Sainsbury’s peut décider de mettre fin au contrat, à charge pour Arla de trouver un autre débouché à ce lait. Andrew Stevens, que nous avons rencontré en novembre, est également contrôlé une fois par an. « J’ai un contrat avec Arla et l’enseigne Morrison, qui est très impliquée. » Sur les 392 €/1 000 l en 2019 (43,5 g/l de TB et 37,8 g/l de TA), il perçoit un bonus de 14 €. « Ça ne fait que compenser le surcoût lié au cahier des charges », estime-t-il. Parmi les mesures à respecter : l’absence d’antibiotiques critiques, un troupeau indemne de paratuberculose et de BVD. En France, on n’en est pas encore à ce niveau de détails.
Claire Hue
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