Tendance. Les chiffres d’Inosys montrent, qu’en zone difficile, la maîtrise des charges et la gestion de l’herbe font la différence.
«Les résultats 2017-2018 des fermes du réseau Inosys de Rhône-Alpes et Paca, bien qu’établis à partir d’un échantillon restreint de 46 exploitations, permettent de dégager des tendances, analyse Monique Laurent, chef de projet à Idele. En zone difficile, la maîtrise des charges et la valorisation des surfaces en herbe font la différence. » Le document révèle en effet que les herbagers du Massif central (moins de 20 % de maïs dans la SFP) dégagent un revenu disponible par UMO supérieur aux systèmes herbe-maïs et, plus surprenant, aux élevages alpins AOP. « Malgré un potentiel limité, ces systèmes dits “herbagers” consomment moins de fourrages stockés grâce à une meilleure gestion du pâturage. Cette capacité à bien valoriser la ressource disponible permet une production élevée, avec une complémentation à base de céréales, moins chères que le tourteau. » Ces systèmes valorisent aussi mieux la viande via le croisement et la qualité des réformes.
Le maïs pénalisé par la baisse des aides
Les exploitations herbe et maïs des zones de piémont (monts du Lyonnais, contreforts du Massif central) ont davantage développé les volumes sur de petites surfaces. Elles ont un chargement plus élevé et sont plus dépendantes aux intrants. Mais surtout, ces systèmes fourragers ont vu leurs primes Pac rognées à la suite de convergence des aides. Quant aux exploitations herbe et maïs des pré-Alpes, elles se sont souvent agrandies en intensifiant la production à partir des terres labourables. Les prairies naturelles parfois éloignées sont alors sous-valorisées, entraînant une perte d’autonomie.
Les exploitations alpines en AOP ont également un revenu inférieur aux herbagers du Massif central. C’est en partie lié à la mauvaise qualité des foins récoltés au cours de l’exercice. « Le prix du lait AOP ne compense pas tout à fait le faible volume produit/UMO et un coût de production élevé, lié à un parcellaire très morcelé, dans un contexte de forte pression foncière. L’AOP préserve de la volatilité, mais rend aussi plus météo-dépendant. »
Outre des charges de structure inhérentes à la haute montagne, on peut aussi se demander si le prix du lait AOP, qui a tendance à augmenter, maintient les éleveurs, aussi concernés par la baisse des charges que leurs collègues des Alpes du Sud. Dans ce secteur séchant, sans AOP, un gros travail a été mené sur ce thème. « Ainsi, malgré une productivité limitée, l’économie d’intrants autorise une très bonne efficacité (46 % d’EBE). Mais il faut préciser que ce sont des systèmes très dépendants des aides. »
Massif central (maïs < 18 % SFP) | Pré-Alpes maïs + herbe (20 à 35 % de maïs SFP) | AOP reblochon et abondance (tout herbe et foin) | Alpes du Sud (0 à 15 % de maïs) | Zone de piémont et coteaux herbe-maïs (15 à 30 %) | |
Lait/UMO | 252 000 l | 232 000 l | 154 000 l | 148 000 l | 276 000 l |
Chargement/hectare | 1,1 UGB | 1 UGB | 0,9 UGB | 1,3 UGB | 1,6 UGB |
Fourrages stockés utilisés (MS/UGB/an) | 3,6 t | 4,5 t | 3 t | 3,8 t | 3,5 t |
Lait/VL | 7 247 l | 8 193 l | 6 090 l | 6 270 l | 7 852 l |
Concentré (par litre) | 24 g | 286 g | 249 g | 295 g | 310 g |
Prix du lait (/1 000 l) | 343 € | 355 € | 525 € | 339 € | 352 € |
Prix de revient pour 2 Smic (/1 000 l) | 378 € | 429 € | 548 € | 374 € | 411 € |
Aides sur produit | 20 % | 22 % | 19 % | 32 % | 14 % |
EBE sur produit | 41 % | 34 % | 41 % | 46 % | 31 % |
Annuités LMT/EBE | 34 % | 45 % | 46 % | 23 % | 31 % |
Disponible/UMO exploitant | 38 108 € | 22 243 € | 28 946 € | 38 677 € | 28 148 € |
Résultats 2017-2018 des élevages laitiers du réseau Inosys de Rhône-Alpes et Paca. Source : Inosys réseaux d’élevage |
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