« La charte des valeurs de la FNPL a-t-elle eu un impact sur le prix du lait à la production en 2016 ? »

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Olivier Mével, enseignant-chercheur

Chaque fois qu’une charte de ce type est signée, tout le monde se félicite. Mais un an après, tout le monde a oublié. Ce devrait être un commencement vers un mode de négociations commerciales durables, garantissant la rémunération des producteurs. Mais dans les faits, la charte ne vit pas.

Cependant, je donnerais un satisfecit à une enseigne, Carrefour. Elle a pris le risque de référencer le lait de marque C’est qui le patron ?, qui rémunère les éleveurs à hauteur de 0,42 €/l pour un prix de vente au consommateur à 0,99 €. Système U, avec la démarche « En direct des éleveurs », suit un peu le même chemin. Dans ces deux cas, comme d’ailleurs dans celui de Cœur de gamme sur le marché de la viande, c’est le duo producteur-distributeur qui a su construire une relation durable, en se passant des transformateurs. Je pense que la charte des valeurs de la FNPL a permis l’émergence de ces démarches. Elle a servi au moins à ça et c’est énorme. Dans ce schéma, les éleveurs et les distributeurs relèguent les industriels au rang de prestataires de services. Pourquoi les leaders que sont Lactalis et Sodiaal ne parviennent-ils pas à des prix de vente et des retours pour les producteurs à ce niveau ? Sont-ils de mauvais négociateurs ? Les distributeurs sont-ils trop forts pour eux ? Leur lait de consommation se vend autour de 0,84 €/l. Pourtant, des enquêtes montrent que le consommateur est prêt à payer 1,10 €/l (voir LEL janvier 2017, p. 24). Selon mes calculs, sur un litre vendu en GMS, le distributeur gagne 0,18 € (marge nette avant impôt) et le transformateur entre 0,05 et 0,06 €. Le producteur ne touche quasiment rien. C’est indécent.

Contrairement aux indus­triels, Carrefour a compris que le consommateur est aussi citoyen et contribuable. Il s’intéresse aux offres socialement responsables. Les enseignes de distribution doivent donc en proposer. La charte a donné le coup d’envoi. Il faut qu’elle vive et que d’autres initiatives naissent pour que la rémunération des éleveurs soit significativement et durablement améliorée.

Pascale Le Cann

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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