L’annonce début octobre d’un prix d’acompte de 205 €/1 000 litres pour décembre était sans précédent et la réaction ne s’était pas fait attendre : à l’appel de l’ADPL, section laitière de la FDSEA, des éleveurs du Pas-de-Calais avaient bloqué le site de Saint-Pol-sur-Ternoise. Leur désarroi était naturel, au vu d’un prix inférieur à 300 € au cours des douze derniers mois. « Ce prix d’acompte devait permettre de ne pas solder l’année sur un résultat déficitaire, a expliqué Samuel Bar, secrétaire général de la Prospérité Fermière. L’annonce était sans doute précipitée, mais nous nous étions engagés à afficher le prix du lait trois mois à l’avance. » Depuis, la remontée des cours a aidé à lever une part d’incertitude sur le résultat final, ce qui a permis au conseil d’administration du 21 novembre de revoir sa copie : le prix de décembre est fixé à 245 €, assorti d’une avance conjoncturelle de 60 €/1 000 litres, sans mettre la coopérative dans le rouge.
Vu de l’extérieur, le blocage du site est plus difficile à comprendre, car depuis deux ans, le conseil d’administration s’est attaché à rapprocher la gouvernance de sa base, à travers la mise en place de commissions mixtes ouvertes aux adhérents, et le diagnostic était connu : le mix-produit historiquement très orienté sur les poudres grasses (40 %) explique cette situation. Or, la décision de clôturer l’exercice 2015 sur un résultat négatif (- 7 M€) pour soutenir le prix était difficile à renouveler vis-à-vis des partenaires économiques de la coopérative.
Développer la valeur ajoutée dans une logique de filière
Pour se protéger de la volatilité des produits basiques, la nouvelle direction oriente les investissements sur les protéines laitières à valeur ajoutée. Ainsi, 7 M€ ont été investis en 2015 dans un évaporateur et 10 M€ cette année dans l’ultrafiltration. « L’objectif est de produire davantage de poudres riches en protéines. C’est notre cœur de métier et nous avons un vrai savoir-faire. L’enjeu est d’augmenter la part de protéines innovantes dans notre mix-produit, mais cela prend du temps. » La coopérative est partie prenante d’autres projets, comme la segmentation du lait de consommation, à travers la mise en bouteilles d’un lait des Hauts de France, ou d’un lait local produit à l’herbe. « Ces pistes vont dans le bon sens, mais doivent s’inscrire dans une logique de filière régionale afin de ne pas ajouter de la concurrence sur ce marché. »
Jérôme Pezon
Le Herd-Book Charolais propose un outil pour prévoir la longévité des vaches
Les anomalies génétiques qui impactent le troupeau laitier français
Les élevages bovin viande bio rentables, malgré seulement 0,05 €/kg de plus qu’en conventionnel
« Nous avons investi 1,1 M€ pour avoir une vie normale »
Les députés adoptent une série d'amendements attendus par les agriculteurs
L'Union européenne veut renforcer le soutien aux jeunes agriculteurs
Savencia et Eurial réduisent ensemble leur empreinte carbone
Forte tension sur les engrais azotés : les prix flambent en Europe
Qui sont les gagnants et les perdants de la Pac 2023-2027 ?
Comment inciter les éleveurs à se lancer en bio ?