La Chine est le plus gros marché mondial pour le lait infantile, et les exportations françaises vers l'Empire du milieu sont en pleine explosion : en 2017, la filière laitière française y a exporté 47 000 tonnes de lait infantile, soit une hausse de 210 % par rapport à 2016, pour un chiffre d'affaires de 293 millions d'euros. Sur les 5 premiers mois de 2018, 38 000 tonnes sont déjà parties vers la Chine (+ 117 % sur un an) pour un chiffre d'affaires de 124 millions d'euros.
Mais plusieurs événements sont venus perturber ce tableau idyllique. Fin août, la coopérative bretonne Sodiaal a annoncé être entrée en discussion avec Synutra pour étudier la reprise d'une partie du site construit par le groupe chinois à Carhaix dans le Finistère. Une manière pour la coop de récupérer les dizaines de millions d'euros d'impayés du groupe chinois, selon les syndicats. Aussitôt après, le groupe coopératif normand les Maîtres laitiers du Cotentin a aussi fait part de la rupture de son contrat avec Synutra. Les problèmes de ces coopératives avec leur allié chinois s'ajoutent au coup porté début 2018 par la crise sanitaire du géant laitier Lactalis, qui a dû rapatrier des tonnes de lait infantile du monde entier après la contamination en France de 36 nourrissons par des salmonelloses.
« Les producteurs sont inquiets. En Chine, la France avait une bonne image sanitaire, mais l'épisode Lactalis a eu un impact. La Chine a failli fermer ses frontières », rappelle le président de la fédération des producteurs laitiers Thierry Roquefeuil. « La Chine est un marché exigeant, avec une mentalité différente. Si les entreprises françaises ne sont pas hyper-pro, elles peuvent se ramasser. Produire du lait selon un cahier des charges, c'est notre boulot, que les industriels se concentrent sur la transformation », assène-t-il.
Des contrôles renforcés suite à l'affaire Lactalis
Selon les connaisseurs du marché, l'affaire Lactalis n'a pas vraiment eu d'impact au niveau du consommateur, ce sont plutôt les autorités chinoises qui ont réagi : les entreprises françaises doivent aujourd'hui faire des analyses supplémentaires par rapport à d'autres pays du monde à cause de la crise de la salmonelle. Cela a accentué le besoin de s'appuyer sur un partenaire chinois pour réussir à franchir les obstacles de la législation de l'Empire du milieu.
Avoir un partenaire chinois est « presque indispensable quand on veut passer les filtres des contrôles à l'importation », souligne Gérard Calbrix, directeur des affaires économiques de l'Association de la transformation laitière française (Atla).
« L'usine Synutra de Sodiaal à Carhaix a eu l'agrément des autorités chinoises car c'est une société chinoise qui en a fait la demande. En revanche, l'usine que la coopérative Laïta a construit à Créhen dans les Côtes-d'Armor n'a toujours pas son agrément plus d'un an et demi après son inauguration », explique-t-il. Ces partenariats n'ont toutefois jamais été simples, rappelle-t-il, « Danone a eu des déboires avec son associé chinois et celui du groupe néo-Zélandais Fonterra a quasiment fait faillite entraînant pour lui une perte de 400 millions de dollars ».
La solution est sans doute de ne pas mettre tout ses œufs dans le même panier. Ainsi, Sodiaal a reçu en grande pompe la semaine dernière à Paris les représentants de son autre partenaire commercial chinois, Century International Trading (CIT), qui distribue en Chine Nactalia la propre marque de lait infantile de la coop, produite à 100 % par l'usine de Montauban (Tarn-et-Garonne). Les ventes de Nactalia en Chine ne représentaient en 2017 que 3 000 tonnes sur une consommation totale de 700 000 tonnes de lait infantile dans le pays, mais Nutribio, filiale de Sodiaal a « l'ambition de doubler ses ventes en Chine » dans les cinq ans, a assuré son directeur Olivier Pierredon, à cette occasion.
Pour sa part, Lactalis a annoncé jeudi l'acquisition de la branche nutrition infantile du laboratoire sud-africain Aspen qui lui permet ainsi de revenir sur le marché chinois.
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