Une vingtaine de Brunes en système pâturant pour la transformation laitière

Chez Toni Kukenberger, le pâturage est au cœur du système de production. L'éleveur produit du lait à l'herbe qu'il transforme sur l'exploitation. Il a pour cela aménagé son outil travail avec notamment la construction d'une salle de traite mobile et le recours à une stabu d'été et une autre d'hiver.

La ferme de Toni Kukenberger se trouve dans le petit village de Trebnje à 50 km à l'Est de Ljubljana. Comme beaucoup d'exploitations ici en Slovénie, elle se situe en plein milieu du village. Pour vous donner une idée, le voisin peut quasiment lire les boucles des vaches qui sont dans la stabulation depuis sa fenêtre. Mais l'exploitation a toujours été présente, ça ne dérange personne. D'autant plus qu'il s'agit d'une petite ferme, en agriculture biologique. Toni présente : « Nous avons 45 animaux au total, dont 24 vaches laitières à la traite qui passent la moitié de l'année en pâture. Le bâtiment ici est quasiment vide 6 mois de l'année. »

Toni Kulenberger éleveur laitier slovène
Toni s'est installé en 2010, derrière ses grands-parents. Mais il travaille principalement en famille, avec ses parents. ( © Terre-net Média)

Avec un système basé sur le pâturage, l'éleveur a fait le choix de jongler entre deux sites. Bien que les parcelles se situent à l'autre bout du village, il a préféré ne pas avoir à déplacer les animaux pour la traite lorsqu'elles sont à l'herbage. Ces dames ont donc une stabulation d'hiver sur le corps de ferme et une autre d'été au milieu des prairies. Quant à la traite, elle se fait deux fois par jour dans une petite installation 1x4 accolé aux logettes l'hiver, et au champ dans une salle de traite mobile construite par l'éleveur le reste de l'année.

Salle de traite mobile
Toni a conçu cette salle de traite mobile derrière un tracteur. Elle sert deux fois par jour durant 6 mois de l'année. ( © Terre-net Média)
Stabulation
Les vaches passent la moitié de l'année sur le corps de ferme, dans cette stabulation logettes creuses. ( © Terre-net Média)

Aller chercher de la valeur ajoutée par la transformation

En place depuis 2010, Toni (très épaulé de ses parents, il le reconnaît) a vite démarré la transformation laitière. « Quand j'ai fini mes études et que j'ai voulu m'installer, je n'avais pas beaucoup de possibilités avec cette petite exploitation : il fallait aller chercher de la valeur ajoutée. » Et bien qu'il regrette aujourd'hui de ne pas être parti quelques temps à l'étranger pour voir ce qui se faisait ailleurs, il est parvenu à monter une belle structure puisqu'il transforme quasiment toute sa production avec comme produits phares le fromage et les yaourts.

Production de fromage
L'éleveur a construit une salle de réception au-dessus du labo, avec vue sur la cave d'affinage. ( © Terre-net Média)

« En période de vacances ou par exemple entre Noël et l'an, on ne transforme quasiment rien donc la laiterie vient nous collecter le lait. Malheureusement dans ce cas, il n'est pas valorisé au même prix alors on essaie de transformer au maximum. » En effet avec la transformation, l'éleveur explique tirer 0,65 €/l de lait en déduisant tous ses coûts de production. « Le prix du lait bio en Slovénie est actuellement compris en 0,5 et 0,55 €/l donc on est au-dessus », explique-t-il. Et la ferme n'étant pas dans la zone de collecte bio, l'éleveur n'aurait de toute façon pas pu bénéficier de ce prix : lorsqu'il est collecté par la laiterie, son lait part dans le circuit conventionnel.

Du bon foin pour de bons produits

De l'herbe au menu des vaches : telle est la vision de Toni Kukenberger. Le troupeau accède à 15 ha de prairies permanentes conduites en pâturage tournant d'avril à novembre, avec un complément de foin lorsque l'herbe vient à manquer en été. L'éleveur récolte ses prairies temporaires dont il essaie de maximiser la qualité. Malheureusement avec le climat, elle varie fortement d'une année sur l'autre : « L'an dernier, on a eu de tout, du très moyen à 13 % de protéines et du meilleur à 20-22 %. Avec les différentes sécheresses, la production d'herbe est moins bonne. L'été, on perd quasiment 500 kg de lait. »

Pâturage
L'éleveur réserve les prairies permanentes, moins productives que celles cultivées, au pâturage. ( © Terre-net Média)

L'hiver, l'éleveur distribue le foin qui est stocké au-dessus des vaches. Elles reçoivent aussi 230 g de concentrés par jour à la traite. Pour l'énergie, il s'agit d'un mélange blé, maïs, orge et mélasse (80 % produit sur l'exploitation). La protéine est en revanche achetée : il s'agit de luzerne déshydratée. Les vaches ont toutes la même quantité d'aliments mais l'éleveur songe à investir dans un distributeur automatique de concentrés pour mieux piloter leur complémentation demain.

Etable
En pâture, les vaches ont accès à cette étable sur compost. C'est ici que l'éleveur distribue le foin et les compléments. ( © Terre-net Média)

Si la Slovénie est connue pour ses ours (en surnombre sur le territoire), Toni se veut rassurant : « On en a aperçu à moins d'un kilomètre mais pour l'instant il n'y a pas eu d'attaques sur les vaches, seulement sur des moutons. » L'éleveur prend tout de même des précautions en ramenant les vaches prêtes à vêler sur le corps de ferme afin d'éviter tout vêlage en pâture.

Côté suivi de troupeau justement, il a équipé ses vaches et ses génisses de colliers d'activité et réalise du génotypage depuis plusieurs années. En génétique, il mise sur la qualité du lait via le taux protéique et la recherche du statut B-caséines A2A2.

Rééquilibrer vie professionelle et vie personnelle

Après deux années de sécheresse et des prix qui ont flambé, Toni l'avoue : les résultats économiques n'ont pas été au rendez-vous en 2022. « On a réalisé 10 000 € de profit net alors qu'en année normale, on est plutôt autour des 30 000 €. » Mais l'éleveur reste confiant avec de nouveaux projets en tête : « Bien qu'on l'ait déjà agrandi en 2017, on va réagrandir le laboratoire car j'ai l'opportunité de racheter du lait bio chez des voisins pour transformer davantage. La demande augmente, notamment de la part des restaurateurs. »

À plus long terme, l'éleveur aimerait aussi agrandir l'exploitation pour produire plus. Il songe notamment à la délocaliser complètement sur le site estival pour ne plus avoir à déplacer les vaches deux fois par an. Cela dépendra des opportunités qui se présenteront dans les années à venir car « pas mal d'éleveurs arrivés à l'âge de la retraite n'auront pas de repreneur » selon lui.

Mais il reste lucide, sans se précipiter. Et sa préoccupation pour l'instant, c'est améliorer ses conditions de travail : « Mon but c'est d'avoir les mêmes conditions que mes salariés à 35 heures et payés 25 000 €/an pour profiter de ma vie de famille. J'aimerais aussi que mes parents puissent lever le pied sur la ferme et décider du temps qu'ils veulent y consacrer. » L'éleveur explique qu'il est difficile de trouver de la main d'oeuvre donc il est assez regardant sur les conditions de travail pour conserver ses employés.

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Vaches, charolaises, R= France 7,06 €/kg net +0,07
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