Si certaines organisations de producteurs (OP) remplissent désormais leur mission de facturation du lait pour le compte de leurs adhérents, d’autres n’y parviennent toujours pas. Poplait (1) dénonce « des blocages et une opacité dans le fonctionnement d’une filière pilotée par des instances fermées aux OP ». « Techniquement, nous sommes prêts pour la facturation mais, en pratique, cela se révèle extrêmement compliqué », explique Fabrice Guérin, président de l’association d’OP. Il retrace les étapes de ce parcours du combattant.
Fin 2023, le Cniel avait assuré que les OP auraient accès aux données nécessaires à la facturation (qualité et volume de lait), sans surcoût pour les éleveurs, d’ici à janvier 2025. Le délai était justifié par la nécessité pour les laboratoires d’adapter leurs infrastructures informatiques. « Le Cniel a fait sa part en leur donnant les moyens financiers de s’équiper », affirme Pascal Le Brun, président de l’interprofession laitière. Il ajoute qu’il revient à chaque laboratoire de décider des conditions régissant cette transmission.
Un tarif à 3 centimes/1 000 l
Dans l’Ouest, le laboratoire interprofessionnel MyLab a demandé aux OP souhaitant recevoir les données de signer une convention précisant une tarification fixée à 3 c/1 000 l. Inadmissible, selon Poplait, qui rappelle que les éleveurs financent déjà les analyses ce qui inclut le traitement et la diffusion des données. « Nos demandes de justification de ce tarif sont restées lettre morte. En outre, ce prix fixé par le conseil d’administration de MyLab est susceptible d’être révisé tous les ans, ce qui crée beaucoup d’incertitude », souligne Fabrice Guérin.
Le président de MyLab, Frédéric David, explique : « Contrairement aux laiteries, les OP ne disposent pas d’une infrastructure informatique sécurisée. Il revient donc au laboratoire de la mettre en place ce qui génère des coûts. Ceux-ci ne peuvent être mutualisés car la majorité des éleveurs livrent à des coopératives qui ont déjà investi pour cela. » Il précise que le Cniel n’a financé qu’un format standard qui ne suffit pas à répondre aux situations diverses des OP. Faux, rétorque Fabrice Guérin. « Les OP de la zone MyLab utilisent toutes le même logiciel. »
Les difficultés persistent depuis la création des OP en 2012
Dans ce contexte tendu, l’OP Abers-Émeraude est entrée dans une phase test pour se lancer dans la facturation. « Nous avons bon espoir que tout fonctionne correctement au 1er janvier 2025, même si on a du mal à obtenir les informations sur les volumes », précise Frédéric David, laissant entendre que les laiteries traînent pour fournir ces données. L’appréciation est tout autre pour Benoît Quéméneur, président de cette OP. « Nous avons répondu aux demandes de MyLab mais elles manquent de clarté et on prend du retard. Le paiement de l’accès aux données est incompréhensible alors que dans le porc et les légumes, par exemple, il n’est pas imposé. S’il s’agit de payer les infrastructures, cela ne saurait se répéter tous les ans », fustige-t-il.
La résistance de la filière à laisser leur place aux OP n’est pas nouvelle. La persistance des difficultés, alors que les textes définissant le rôle des OP sont très clairs, finit par donner du corps à une vieille rumeur. Il existe des « arrangements » entre les différentes familles de l’interprofession et l’entrée des OP les dérange. Les conclusions de l’enquête de la DGCCRF sur les accords de collecte sont très attendues car elles confirmeront, ou pas, l’existence de pratiques douteuses au sein de la filière laitière.
(1) Poplait est une association regroupant neuf OP dans l’Ouest.
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