Le digestat, résultant de la méthanisation, fait l'objet de nombreuses critiques ces derniers temps, notamment sur l'appauvrissement voire la pollution des sols. D'ici 2050 pourtant, « il devrait représenter 1,4 million de tonnes d'azote apporté pour combler les besoins azotés des cultures. Il représentera alors près de 25 % des besoins totaux », affirme Jérémie Priarollo, responsable d'activité méthanisation à Solagro, qui fait le point sur le produit.
Moins de lessivage avec le digestat
L'expert rappelle : « Dans le sol, l'azote n'est assimilable que sous forme minérale. Sous la forme organique, il devra être dégradé et ne sera donc pas disponible tout de suite par la plante. » Or, si le digestat est un fertilisant organique, il dispose d'une fraction d'azote minérale supérieure à celle d'un lisier ou d'un fumier. « Il a un meilleur effet fertilisant puisque l'azote est disponible plus vite, ce qui réduit également le risque de lessivage », poursuit-il.
Et contrairement aux idées reçues, « l'apport de carbone dans le sol est le même quelle que soit la transformation (ou la non transformation) de la culture. En d'autres termes, qu'on laisse la biomasse végétale au sol, qu'elle soit digérée par les vaches et qu'on la passe (ou pas) dans le méthaniseur ensuite, la proportion de carbone stable apportée au sol est la même ».
Les intrants conditionnent la qualité du digestat
L'objectif du digestat est entre autre d'économiser sur les intrants minéraux. En revanche, Jérémie Priarollo explique « qu'il existe pas un mais des digestats. » En effet, ce sont les intrants qui conditionnent les éléments, notamment la teneur en matière sèche, en azote, en phosphore, en ammoniaque... D'où l'importance de connaître précisément les caractéristiques du produit afin de gérer la fertilisation des cultures au plus juste.
Par ailleurs, le digestat peut être utilisé de façon brut ou après séparation de phase. « De cette manière, on obtient deux produits : l'un plutôt équilibré en azote organique et minéral pour la phase solide et l'autre contenant l'essentiel de l'azote minéral dans la phase liquide. »
Les précautions à prendre
Si l'expert vante les mérites du digestat, il relève quelques points de précaution le concernant afin d'éviter la volatilisation de l'azote dans l'atmosphère :
- Couvrir les fosses de stockage ;
- Épandre au bon moment (météo favorable) et avec un matériel adapté, notamment via des pendillards ou avec un système d'enfouissement rapide ;
- Privilégier la séparation de phases pour réduire les pertes.
Il insiste aussi sur l'acceptation d'un projet de méthanisation : « La plupart du temps, les opposants ne prennent pas en compte l'avant. En élevage, les effluents sont stockés en fosses ou dans les champs, ce qui peut générer des odeurs et un retour au sol de certains pathogènes. Dans le cadre de la méthanisation, il n'y a plus d'odeurs puisqu'elles sont dégradées sous forme de gaz. La charge en pathogènes diminue largement avec la chaleur. Et enfin, la couverture des fosses et un épandage de qualité limitent les pertes en azote ».
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