
Dans une approche plus préventive de la santé, les éleveurs sont de plus en plus nombreux à explorer les médecines dites naturelles ou alternatives. C’est avec l’acupuncture que Nathalie Macé, éleveuse en Ille-et-Vilaine, aide ses animaux à soutenir leur immunité.
Des mammites récidivantes sur des vaches en première lactation amènent Nathalie Macé à se questionner sur la gestion de la santé de son troupeau de 100 vaches Holstein et Montbéliardes. « L’installation de traite était vérifiée et entretenue régulièrement, nous avions aussi fait analyser notre hygiène de traite, tout était propre. Pourtant les mammites revenaient », retrace l’éleveuse, installée avec son mari, Fabrice, à Val-d’Anast (35).
Nathalie Macé échange de ce problème avec des collègues de son groupe Ceta. Pour envisager autrement la santé de leurs animaux, les éleveurs décident de se former aux médecines alternatives. « L’idée est de soutenir leur immunité, pour donner aux vaches la possibilité de surmonter les maladies », explique Nathalie Macé. En 2014, le groupe se forme à l’aromathérapie et à l’utilisation d’huiles essentielles.
« À la première mammite après ma formation, j’applique le protocole. À la traite suivante, il n’y avait plus de caille », souligne l’éleveuse. Avec l’aromathérapie, elle intervient sur les mammites, les non-délivrances, les problèmes respiratoires, avec succès. « Les mammites récidivaient moins, nos frais vétérinaires ont bien baissé ».
Mais Nathalie Macé s’interroge. « On ne connaît pas précisément les délais de rémanence des huiles essentielles. Par précaution, on écartait quand même le lait. Même si j’appliquais les huiles en portant des gants en nitrile, j’ai été gênée par des effets secondaires. » Pour autant, Nathalie Macé reste convaincue de l’intérêt des médecines naturelles pour la santé de son troupeau. En 2018, elle se forme à l’acupuncture, avec Nayla Cherino Parra, vétérinaire dans la Manche.
Stimuler la circulation de l’énergie dans le corps
Médecine d’origine asiatique, l’acupuncture stimule par des piqûres d’aiguilles des points précis, situés sur des méridiens. Ces méridiens représentent les réseaux de circulation énergétiques qui relient les organes. « C’est une approche différente de la santé. Les médecines asiatiques partent du principe que quand les énergies circulent bien, le corps arrive à s’auto-guérir. L’acupuncture sollicite des points qui rétablissent cette circulation énergétique, donc améliore l’équilibre général », partage Nathalie Macé. En médecine vétérinaire, il y a 20 points principaux sur lesquels agir. « C’est plus simple que l’aromathérapie, avec laquelle il y a pas mal d’huiles avec différents points d’application ».
Malgré sa simplicité de mise en œuvre, l’acupuncture demande plus d’implication mentale. « Il faut faire le vide dans sa tête, se concentrer, être ici et maintenant, reconnaît Nathalie Macé. Quand on va s’occuper d’un animal, il faut y aller avec l’intention de soigner, que ça ne soit ni une corvée, ni un geste banalisé. » Cette sérénité se ressent jusque dans la pose des aiguilles. Ces aiguilles, fines et souples, sont les mêmes que celles utilisées en médecine humaine mais elles doivent s’ancrer dans le cuir.
« Ce n’est pas la peine d’y aller en force, l’aiguille se vrillera, prévient Nathalie Macé. Si on est sur le bon point, l’aiguille rentre en douceur. » Puis, elle tombera toute seule au bout de 5 à 30 minutes. L’acupuncture demande aussi plus d’observation, de travail à l’individu. « Le temps de traite que les robots m’ont fait gagner, je le passe parmi les vaches, à les observer. Ça me permet d’intervenir très tôt en cas de problème. » Le calme du troupeau et la sérénité dans sa pratique permettent à Nathalie Macé de se passer de contention et d’intervenir sur les vaches dans les logettes.
Des solutions à tous les stades
Si elle a débuté l’acupuncture face aux mammites, Nathalie Macé l’utilise avec tous les animaux. À commencer par les veaux. « En cas de diarrhées, ils reçoivent de la tisane de foin et acupuncture sur les points d’immunité, explique l’éleveuse. Face à un gros nombril, l’acupression autour du nombril aide à résoudre le problème sans antibiotiques. »
Face aux maladies respiratoires des veaux, l’éleveuse mise sur la complémentarité avec la stimulation de l’immunité et des huiles essentielles, dans ce qu’on appelle la méthode informationnelle. « Je propose aux veaux trois huiles différentes, sur des éponges qu’ils vont respirer, et j’en change tous les 4-5 jours pour leur mettre à disposition une dizaine d’huiles en tout. »
Deux à trois semaines avant vêlage, les vaches ont le droit à une préparation au vêlage avec la pose d’aiguilles pour prévenir le traumatisme et mobiliser les énergies. « Couplé avec une ration adaptée, ça nous permet de limiter les non-délivrances et les retournements de caillette. » Si une génisse ne donne pas son lait, une aiguille sera appliquée dans un point précis, ce qui permet de se passer d’ocytocine. Même sur les problèmes de pied, l’acupuncture fait ses preuves en complément d’un pansement avec une pâte antibactérienne. « Il n’y a plus rechute, apprécie Nathalie Macé. Pour la plupart des pathologies, c’est le traitement médicamenteux qui est l’alternative quand les médecines naturelles n’ont pas apporté de solution. »
Des frais vétérinaires inférieurs à 2 €/1 000 litres
L’acupuncture est plutôt économique. « J’utilise environ 2 000 aiguilles par an à 1 centime l’aiguille », chiffre Nathalie Macé. Alors que la moyenne départementale des frais vétérinaires est entre 10 et 12 €/1 000 l, « pour la troisième année, nous sommes à moins de 2 €/1 000 litres, affiche l’éleveuse. Le vétérinaire ne vient presque plus que pour les prises de sang et le bilan sanitaire. Les frais vétérinaires, c’est la partie visible. Il y a aussi tous les bénéfices d’animaux en bonne santé sur les performances, la reproduction, la longévité. »
Des animaux en meilleure santé, à moindre coût, l’acupuncture serait-elle la solution miracle ? « C’est l’un des éléments, tempère Nathalie Macé. Au préalable, il faut que toutes les bases de l’élevage soient bien calées, la ration, l’hygiène de traite, les conditions de vie dans le bâtiment. L’acupuncture donnera un coup de pouce à l’animal pour rééquilibrer son énergie, lui donner la possibilité de se soigner lui-même. »
Pratiquer l’acupuncture demande de se former, d’avoir le temps d’observer ses animaux et d’intervenir dans le calme. Il faut aussi connaître ses limites. « Si je vois que ça dépasse ce que je peux faire, j’appelle le vétérinaire », reconnaît Nathalie Macé.
Avec son groupe Ceta "santé naturelle", l’éleveuse compte bien continuer à progresser. « Nous avons créé notre propre appli pour suivre nos pratiques et échanger. Nous allons aussi nous former à l’éthologie ». De quoi parfaire la santé de son troupeau.
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