Chez Marina et Antony Bureau à Saint-Lézin (Maine-et-Loire), l’équilibre est un maître mot. Équilibre de vie, des animaux, harmonie générale de la ferme. En cette matinée pluvieuse d’avril, le couple nous accueille pendant près de trois heures, ils savent prendre le temps !
Ici, voilà plus de 20 ans que l’on teste, que l’on expérimente. Quand Antony s’était installé en 2001 sur cette exploitation de 42 hectares, c’était en conventionnel. Chemin faisant, l’éleveur laitier passe en bio, qu’il concilie avec le sans labour, se lance dans l’agroforesterie puis tente les médecines alternatives, pour soigner ses animaux (42 vaches laitières à 5 200 litres de moyenne). « Tout doit se raisonner globalement », répète-t-il. La place de l’arbre dans le système, le bien-être des animaux en accord avec celui des éleveurs, la santé des vaches...
Les vaches ont un équilibre qu’il faut réguler.
De 2000 à 500 €/an de frais vétérinaires
Pour guérir les pathologies, pas d’antibiotiques mais de l’acupuncture et de l’aromathérapie. Depuis qu’ils soignent aux huiles essentielles, les frais véto ont chuté « de près de 80 % » : de 2 000 €/an à 500 €, 1 000 les pires années quand se succèdent les fièvres de lait et césariennes.
« Les huiles essentielles sont là pour rééquilibrer les choses », expose Antony Bureau. Il en a pris conscience lors de sa première formation il y a neuf ans. « Elles permettent de diminuer les symptômes. »
Quand il y a une mammite, il observe, analyse et choisit le bon remède : « Si c’est une mammite chronique sans aucun autre symptôme que les cellules, on met des huiles chaudes comme la cannelle ou le Ravensare anisé, raconte l’éleveur. Si le quartier est chaud, enflé, avec des cailles et du pus et des liquides plutôt jaunâtres, là on est attentif, on va commencer par agir sur l’alimentation. » Car tout se raisonne de façon globale. « Si c’est une vache dominante qui mange trop d’énergie, on va diminuer la farine, tout ce qui est énergétique, et on va remettre de la fibre. Et ensuite, on utilise une huile essentielle qui va refroidir le quartier concerné, de la Manuka ou de l’eucalyptus citronné par exemple ».
Du Palamorsa pour faciliter le vêlage
Pour les vêlages, les huiles essentielles ont aussi leur utilité. Mais là aussi, il faut commencer par agir sur l’alimentation : « Sur les trois dernières semaines il faut monter en énergie ». Du chlorure de magnésium, et 1 kg de céréales en plus, puis 2, puis 3 la dernière semaine. « Il faut une cohérence globale ! » répète-t-il.
Pour préparer la vache à cet événement traumatique, une heure avant le vêlage il approche un flacon d’huiles essentielles du mufle de l’animal, de l’helycrise par exemple. Cela permet d’apaiser la douleur. Généralement le vêlage se fait naturellement. Lorsqu’il est difficile, il faut intervenir pour tonifier la vache : trois sprays sur l’arrière de la queue (dessus du dos), des huiles tonifiantes de type Palmarosa, Pin sylvestre ou Epinette noire. « On laisse la vache vêler toute seule, et si on la voit forcer on met les gouttes » décrit Marina Bureau.
Du laurier noble pour soulager les douleurs aux sabots
Les boiteries, à la ferme de l’Angevinière, il n’y en a quasiment pas, les 42 laitières sont toujours dehors. Mais quand elles surviennent, c’est généralement lors des transitions alimentaires, au printemps ou à l’automne. « Si l’alimentation est trop protéinée, le sabot pousse trop vite, il n’a pas le temps de durcir, il est plus fragile, sur les chemins caillouteux ». Alors on soulage avec des huiles essentielles, laurier noble par exemple. « On lui fait inspirer cela, en fait l’idée c’est d’envoyer un message à l’animal, celui de se reminéraliser. »
Les diarrhées des veaux se guérissent aussi aux huiles essentielles, mais là aussi, il faut observer. « Si c’est une diarrhée alimentaire, blanche, cela ne m’inquiète pas, ce n’est pas infectieux donc je ne fais rien. En revanche, s’il s’agit d’une diarrhée infectieuse, avec une mauvaise odeur, là il faut soutenir la rate, donc on intervient », développe l’éleveur. Généralement trois sprays de géranium sur le nombril du veau et c'est réglé en trois jours. « Et si c’est vraiment très infectieux, on met de le Ravensare anisé. »
Une guirlande d’huiles essentielles en stabulation
Les huiles essentielles peuvent aussi être diffusées en bâtiment pour apaiser les vaches ou repousser les insectes. Quelques gouttes à chaque extrémité suffisent. À l’Angevinière, on met du géranium, de la lavande, de l’eucalyptus citronné ou de la citronnelle java dans la salle de traite, un répulsif anti-mouche assez efficace. Quel que soit l’usage, « la qualité des huiles essentielles est importante, avertit Marina Bureau. Si ça vient de Chine, c’est mort ». Elle choisit les marques Herbe et tradition ou Pranarom.
Le couple d’éleveurs a aussi expérimenté un système de guirlande d’huiles essentielles : des cubes de bois suspendus à un fil, tous les deux mètres, sur chacun desquels sont déposées une dizaine de gouttes d’huiles essentielles. Les vaches peuvent se diriger vers les essences qu’elles préfèrent, selon leurs besoins. « On s’est aperçu qu’elles se dirigeaient toutes vers les essences locales comme le Ravensare anisé, le gingembre, le thym, la sauge, le basilic, l’estragon, la carotte ou le géranium », raconte Marina Bureau. « Et donc on s’est mis à laisser les animaux accéder aux baies sauvages, pour qu’ils aillent trouver dans les tanins de ces haies les mêmes propriétés que ces huiles essentielles, complète Antony. Le but final serait de permettre à nos vaches de retrouver leur équilibre, qu’elles n’aient même plus besoin d’huiles essentielles. » Prochaine étape, réimplanter de nouvelles essences.