Jean-Marc Chaumet, agroéconomiste à Idele, spécialiste de la Chine
La consommation chinoise de produits laitiers (30 à 35 litres d’équivalents lait par habitant et par an, dix fois moins qu’en France) devrait continuer d’augmenter et les importations suivre le mouvement. Cela malgré les efforts de Pékin pour les contenir, notamment en boostant sa production laitière. Dans son plan quinquennal de 2016-2020, Pékin prévoyait une croissance annuelle de 1 %. En 2016, elle a reculé de 4 %. La production laitière chinoise est freinée par la concurrence des produits importés, comme les poudres de lait infantile et les laits liquides plébiscités par les consommateurs à la suite du scandale de la mélamine. En outre, le développement de la production dans les grandes exploitations poussées par Pékin ne compense pas la baisse liée à la disparition des petits élevages.
De façon plus structurelle, la production chinoise souffre d’un manque de compétitivité lié à des coûts d’alimentation élevés, fourrages et concentrés étant majoritairement achetés et souvent importés. Pékin a bien mis en place un ambitieux plan de développement de la luzerne pour gagner en autonomie, mais ce sera à la marge. Le pays restera dépendant des importations car les terres cultivées dédiées à l’élevage manquent cruellement. On recense bien 400 millions d’hectares de prairies, mais ce sont des sols souvent dégradés.
Pour que les importations fléchissent, il faudrait aussi que les Chinois retrouvent confiance dans leurs produits. Ce n’est pas encore acquis, malgré les efforts de Pékin déployés, tant en amont (réduction des petits élevages, aide à la création de grands troupeaux ou « d’hôtel pour vaches », suppression des intermédiaires collecteurs) qu’en aval (renouvellement des licences des laiteries répondant à des normes strictes…).
Mais si les importations sont appelées à croître, il faut s’attendre à une forte concurrence. Des investissements colossaux se sont faits partout dans le monde avec le marché chinois en ligne de mire. Cette croissance ne sera pas linéaire, mais en dents de scie, dépendante aussi des freins administratifs sur lesquels Pékin pourrait jouer pour contenir les importations. »
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