Dans un contexte de forte hausse des charges en élevage, l'agroéconomiste Christophe Perrot revient sur deux indicateurs de prix particulièrement utiles pour comprendre et analyser la situation : l'indice Ipampa lait de vache et la marge Milc.
Retrouvez l'interview de Christophe Perrot, agroéconomiste à l’Institut de l’élevage :
https://www.dailymotion.com/video/x91v6sk
Lorsqu’il est question des charges en élevage laitier, on entend souvent parler de l’indice Ipampa. Mais qu’est-ce exactement ? D’où vient-il, à quoi sert-il, que montre-t-il ? Et quid de la marge Milc, indicateur dérivé de l’Ipampa ? À l’occasion du Space 2021, nous avons posé ces questions à Christophe Perrot, agroéconomiste à l’Institut de l’élevage.
À l’origine était l’Ipampa général : indice de prix d’achat des moyens de production agricole. C’est « un indice calculé par l’Insee et le ministère de l’agriculture dans un cadre européen et destiné à mesurer les variations de prix d’achat supportés par les exploitations agricoles pour leurs intrants de production et leurs dépenses d’investissements », détaille Christophe Perrot.
L'indice s’appuie notamment sur une enquête mensuelle réalisée auprès de 250 entreprises qui vendent des biens et services aux agriculteurs, et sur des indices publics non spécifiques à l’agriculture pour l’énergie et la construction.
« Repérer rapidement les ciseaux de prix »
Au moment de l’accord du prix de 1997, le syndicat des producteurs de lait (FNPL) s’est tourné vers l’Institut de l’élevage : « il fallait un indicateur qui permette de repérer très tôt les situations où apparaît un ciseau des prix : un prix des charges qui augmente plus vite que le prix des produits ».
L’institut a donc décliné l’Ipampa général en Ipampa lait de vache, qui permet de suivre l’évolution du prix du panier de charges typique des exploitations laitières spécialisées. Il a vite été suivi par les Ipampa lait de chèvre, lait de brebis, bovins viande et ovins viande.
Depuis quelques années, l’Institut de l’élevage met aussi à disposition des acteurs de la filière un indicateur de marge laitière, baptisé Milc (marge Ipampa lait de vache sur coût total indicé). Il est apparu dans le cadre de la loi Sapin 2, à la demande de FranceAgriMer et du Cniel. L’objectif : donner une vision claire de la plus ou moins bonne transmission du prix des charges et des produits dans les filières.
Christophe Perrot se souvient : « Quand on a rebasé l’indice Ipampa en 2015, on s’est aperçu que la volatilité concernait non seulement les charges, mais aussi et de plus en plus les prix de ce qui est vendu par les agriculteurs : lait, vaches de réforme, veaux. » C’est la différence entre la valeur mensuelle de ce panier de produits et de ce panier de charges qui donne chaque mois la valeur de la marge Milc.
« L’Ipampa lait de vache est à son maximum historique »
Dans le contexte du moment, que montrent l’Ipampa lait de vache et la marge Milc ? Avec la flambée des charges, « l’Ipampa est à son maximum historique », relève l’économiste. Trois intrants volatils, en particulier, ont fortement augmenté : les aliments achetés, les engrais et l’énergie.
Sans compter l’engouement général pour la construction, qui rejaillit sur les coûts liés aux bâtiments et à la construction en élevage. En particulier, « le prix des charpentes en bois et en métal a fortement augmenté. Tout est très cher ! ».
Du côté de la marge Milc, Christophe Perrot souligne : « Le prix du lait a augmenté de façon déphasée, pendant l’été 2021, alors que les prix des charges augmentent depuis fin 2020. Il y a eu six mois difficiles, pendant lesquels la marge Milc a vraiment baissé ». Elle s’est d’ailleurs approchée des niveaux de 2013, à l’époque qualifiés de crise des charges.
« La marge Milc de juillet montre que la dégradation s’est stoppée », nuance l’expert. Qui ajoute : « Cela veut aussi dire que la hausse du prix du lait a juste servi à payer la hausse du prix des charges et n’a pas profité aux producteurs via une marge supplémentaire ».
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