Patricia Le Cadre, du Cereopa, revient pour la Space-TV sur la hausse du prix des matières premières et l'importance de lire les bilans en tenant compte, au-delà de l'offre et de la demande, des volets logistiques et politiques.
Retrouvez l'interview de Patricia Le Cadre, responsable du pôle alimentation et productions animales au Cereopa :
https://www.dailymotion.com/video/x91qx66
Patricia Le Cadre est responsable du pôle alimentation et productions animales au Cereopa, Centre d’étude et de recherche sur l’économie et l’organisation des productions animales. Mi-septembre 2021, elle est intervenue sur la Space-TV par Web-agri pour évoquer avec nous la hausse des prix des matières premières en élevage.
Selon elle, certains « angles morts » ont tendance à être négligés dès lors que l’on s’intéresse aux marchés des matières premières. Ainsi, au-delà de l’offre et de la demande, « la logistique, la politique et la géopolitique seront très importantes cette année ».
Côté logistique, Patricia Le Cadre insiste sur le stockage : « Il y a une très forte augmentation du stockage à la ferme, un peu partout dans le monde et pour toutes les productions ». Le sujet ne concerne plus uniquement la rétention de soja en Argentine face à l’inflation.
« Aujourd’hui, on n’a pas de problème de disponibilité en blé ». Elle cite l’exemple de la Mer noire, où il serait possible de mettre autant de blé sur le marché qu’en 2017-2018, année record. « Simplement, ce blé est au chaud dans les silos. Il faut comprendre pourquoi, et ce qui inciterait les agriculteurs à le sortir de l’exploitation pour le mettre sur le circuit ».
Le transport n’est pas en reste, totalement désorganisé ces derniers mois à cause du Covid. Le transport maritime d’abord : « des routes et des matières premières sont privilégiées par rapport à d’autres, ce qui fait monter les prix de certaines destinations et globalement de l’ensemble du fret maritime », avantageant certains acteurs (pas la France), « notamment pour aller sur l’Asie ». Et le transport interne au sein des différents pays, accentuée par les problèmes de main-d’œuvre pour récolter, par exemple en Australie.
Niveau inquiétant du fleuve Paraná
Patricia Le Cadre cite aussi l’impact du changement climatique sur la logistique, via deux exemples. L’ouragan Ida, qui a fait des ravages en Louisiane, « le poumon d’exportation des États-Unis », générant de la volatilité. Et, « plus grave », le niveau inquiétant du fleuve Paraná en Argentine, « jamais aussi bas depuis 70 ans », qui provoque un goulot d’étranglement pour l’exportation de tourteau de soja.
Sur le volet politique, l’experte cite l’exemple du blé russe, dont la gestion a été influencée par la tenue des élections législatives, du 17 au 19 septembre 2021. Et sur le volet géopolitique, elle table sur des accords à venir entre la Russie et « des clients comme la Turquie, l’Iran et l’Afghanistan ». D’ajouter : « D’ailleurs, malgré les prix très chers en Russie, ils exportent et plutôt sur des rythmes qui commencent à monter en puissance depuis deux semaines (au 15 septembre, NDLR) », avec des taxes « qui pourraient peut-être diminuer dans les mois à venir ».
Patricia Le Cadre revient aussi sur l’aspect « disponibilité », à différencier de la mise en disposition : « En Argentine, sur le papier, il y a beaucoup de choses mais on voit déjà qu’entre la rétention et la logistique, c’est compliqué ». Même chose au Brésil : « On attend que l’offre augmente d’au moins 15 millions de tonnes, mais ils ne mettront pas plus de tourteaux de soja sur le marché que cette année ».
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