
L’exploitation pédagogique du lycée agricole de Pau-Montardon, dirigée par Sarah Consuegra, s’est équipée d’une JCB 403E. Puissance, polyvalence, temps de charge… Les premiers constats d’utilisation sont élogieux. Et la machine intrigue les agriculteurs du secteur.
« On l’a reçu pour Noël. C’était notre cadeau », sourit Sarah Consuegra, à la tête de l’exploitation pédagogique du lycée agricole de Pau-Montardon. Au pied de son sapin, fin 2023, trônait un valet de ferme, d’autres diraient une chargeuse sur pneumatiques, la JCB 403E. Après quelques mois d’utilisation, une évidence s’impose : « C’est vraiment différent du thermique ! »
« Nous partions d’abord sur un télescopique pour remplacer un vieux tracteur qui nous avait lâché. Nous avons fait des tests et des essais pendant un an avant de nous décider. La 403E cochait toutes les cases, avec pour critères principaux de pouvoir relever les animaux et de rentrer dans nos bâtiments bas », raconte-t-elle.
« Plus de peps qu’un tracteur »
Issue d’une formation d’ingénieure agronome, Sarah est depuis deux ans à la tête de l’exploitation. Après une première expérience dans l’agroalimentaire, elle s’est lancée. Femme d’agriculteur, elle était déjà « très implantée dans le territoire ».
L’éleveuse est conquise par l’absence de bruit. « C’est vraiment très agréable. Les vaches sont moins stressées, elles ne s’affolent pas ». La JCB 403E a vite trouvé sa place, d’autant que le tracteur préposé au raclage est tombé en panne. « Nous avons bricolé un rabot pour la chargeuse. On l’utilise avec beaucoup de puissance et on réalise qu’elle a plus de peps et de mordant que le tracteur. Au final, elle remplace deux machines », dévoile Sarah.
Une utilisation intensive
Le travail ne manque pas. Le cheptel se compose de 52 Prim’Holstein pour le lait et de 25 Blondes d’Aquitaine en allaitantes pour la production de broutards, avec un rythme de réforme de 6 vaches engraissées par an. En 2023, 444 000 litres de lait ont été produits. Il est destiné au petit-déjeuner des étudiants, transformé en yaourt et fromage blanc à l’atelier agroalimentaire, ou livré à la coopérative Sodiaal. Pas de robot, la salle de traite est rotative.

Côté foncier, l’exploitation peut compter sur 85 hectares « en moyenne ». « Nous n’avons pas de foncier sécurisé. L’objectif, c’est de nourrir le troupeau mais on manque de protéine et de foin. On s’entraide entre exploitations voisines. Mais Pau s’agrandit, la pression urbaine fait perdre des terres et notre climat est propice aux grandes cultures », confie Sarah.
« Les vaches mangent beaucoup plus »
La JCB 403E s’est aussi rendue indispensable aux fourrages. « On repoussait les rations à la main. Pour les laitières, c’est trois tonnes par jour… Là, on a l’outil dédié. Nous gagnons une heure quotidiennement. Le mal de dos et les troubles musculo-squelettiques, c’est fini. Et les vaches mangent beaucoup plus, elles viennent plus fréquemment à l'auge. Comme tout va plus vite, on ne passe pas non plus notre temps à attendre le tracteur ».
Malgré cette utilisation intensive, la batterie de la JCB 403E se gère « sans problème ». « La machine est mise à charger entre midi et deux. Et elle tient tout le week-end, quand il n’y a que de petits travaux », raconte l’éleveuse.
Les bénéfices économiques à l’étude
Posséder un valet de ferme électrique va au-delà de son utilisation au travail, Sarah s’en rend compte. « Nous faisons office de showroom pour le concessionnaire Manutech. Des agriculteurs viennent l’essayer. Ils sont séduits. Le frein, c’est le prix. En électrique, c’est 74 000 €, en thermique c’est 50 000 €. Est-ce que la différence se justifie ? Nous n’avons pas encore le recul. Nous sommes en train de chiffrer les bénéfices », annonce Sarah qui a plein de projets pour sa chargeuse à tout faire, notamment d’adapter l’hydraulique pour l’utiliser comme broyeur sous clôture.
L’impact est aussi écologique et pédagogique. Côté enseignement, les élèves n’utilisent pas encore la JCB 403E. « Les professeurs en machinisme ne sont pas encore au fait de tout ça. Les jeunes sont intrigués. Il y a des échanges », explique Sarah, dont l’exploitation est labellisée Haute Valeur Environnementale.
Agroforesterie, implantation de mares, surveillance des polinisateurs, zéro glyphosate, fertilisation raisonnée, projet de remise aux normes de la fosse à lisier, peu d’antibiotiques… « Nous sommes également en non-labour. La partie grandes cultures est confiée à un entrepreneur, qui dispose toujours de matériel de pointe. L’agroécologie, c’est une demande ministérielle. C’est dans ce cadre que nous essayons d’avancer sur l’électrique, pour voir comment cela s’intègre sur une exploitation ».
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