Les 245 adhérents de la coopérative Isigny Sainte-Mère (Calvados) sont sur un nuage. En 2020, ils ont perçu 408,25 €/1 000 l. Ce prix moyen intègre les primes des AOP beurre et crème d’Isigny, le bonus sans OGM et 22,15 € de ristournes sur le résultat 2019. Cette année, les ristournes au titre de 2020 montent à… 30,91 €. C’est que les bénéfices ont fait un bond de 38 % : 27,52 M€, contre 20,31 M€ en 2019. Une partie des 30,91 € est conditionnée par la qualité bactériologique et la détention d’au moins 10 % de vaches normandes dans le troupeau (détails sur www.eleveur-laitier.fr).
La coopérative normande appuie sa stratégie sur deux piliers : la matière grasse pour les beurres et crèmes AOP et les fromages, le lait écrémé pour la poudre infantile. Avec 45 880 t en 2020 (+ 10,4 %, 54,4 % du CA), commercialisées en grande partie en Chine, elle poursuit sa success story sur le marché infantile engagée en 2015 par un premier investissement. La nouvelle tour de séchage, opérationnelle cet été (85 M€), portera sa capacité à 70 000 t.
Il y a six ans, Isigny n’est pas partie de zéro. Elle possédait déjà une longue expérience en poudres infantiles, qui représentaient 20 000 t et un tiers de son chiffre d’affaires. Mais le principal secret de cette réussite est la rencontre avec le Chinois Fei Luo, fondateur de H & H Group (ex-Biostime). Leur partenariat s’est scellé par un prêt de 20 M€ du groupe chinois pour l’investissement de 2015, et par son entrée au conseil d’administration comme associé non-coopérateur.
Une lune de miel qui dure entre la Normandie et la Chine
Les 10 M€ supplémentaires prêtés pour la construction en cours confirme son engagement. « Si nous n’avions pas réalisé ce partenariat en 2015, il serait beaucoup plus difficile aujourd’hui, voire impossible, d’accéder au marché chinois, estime Arnaud Fossey, président d’Isigny. Les exigences réglementaires sur les produits importés s’y durcissent. » De son côté, H & H Group parle d’« une lune de miel qui dure ». « Nous vivons de la qualité d’Isigny, du lait à sa transformation », affirme Laetitia Garnier, PDG du groupe qui affiche un CA de 1,7 milliard d’euros, dont 82,2 % en Chine. « Nous y sommes le premier acteur de produits importés, mais il ne faut pas se reposer sur ses lauriers. » N’ayant pas connu la crise du lait frelaté en 2008, les jeunes parents remettent moins en cause la qualité chinoise et veulent aujourd’hui des produits fonctionnels, proches du lait maternel. Les poudres infantiles importées, à marque, ne sont plus leur premier critère d’achat. Les fabricants locaux gagnent des parts de marché.
Claire Hue
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