« Il est vital et urgent d'agir », défend un manifeste présenté par l'interprofession française du porc Inaporc lors de son assemblée générale.
A la tribune, ses invités des interprofessions de l'œuf (CNPO), de l'aquaculture (Cipa), de la viande bovine et ovine (Interbev), du lait (Cniel), de la volaille (Anvol) et du foie gras (Cifog) ont partagé le même mot d'ordre, sans avoir encore signé le document. Ces organisations rassemblent en général les maillons de la production (éleveurs), de la transformation (industriels de l'agroalimentaire) et de la distribution (enseignes).
Elles estiment que l'élevage français est « en péril », citant la « flambée des importations », la « concurrence déloyale » de pays utilisant des antibiotiques activateurs de croissance ou des farines animales pour nourrir les volailles et les porcs, la « complexité croissante voire impossibilité d'installer une ferme d'élevage », la « multiplication des idéologies et réglementations incohérentes » et le « manque de rémunération ».
Cette initiative intervient deux semaines après la publication d'un rapport de la Cour des comptes, qui a déclenché la colère d'éleveurs. Il recommande au gouvernement de « définir et rendre publique une stratégie de réduction » du nombre de vaches élevées en France pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre, celles-ci rotant du méthane en grande quantité.
Les signataires du manifeste, réunis mercredi lors de l'assemblée générale de l'Inaporc, demandent à l'Etat de « soutenir financièrement les professionnels (...) dans l'application des réglementations » ou encore de « faciliter » l'agrandissement des élevages. Dans leur viseur, notamment, la révision attendue de la réglementation européenne en matière de bien-être animal. L'autorité sanitaire européenne (Efsa) a recommandé de limiter la taille des portées de porcelets et de bannir les cages pour les truies qui mettent bas et allaitent, ce qui implique des travaux dans les élevages pour leur fournir davantage de place.
« Toutes les nouvelles réglementations doivent être préalablement évaluées économiquement », a plaidé le président de l'Inaporc, Thierry Meyer. La filière porcine française estime que cela pourrait impliquer plus de neuf milliards d'euros d'investissements en dix ans, un coût jugé « démesuré ».
Selon Thierry Meyer, « les Américains et les Brésiliens sont aux aguets » et « n'attendent qu'une chose : que la production européenne baisse pour exporter du porc vers l'Europe ». Les scientifique de l'Efsa ont aussi préconisé de ne pas mettre plus de 11 kg de poulets au m2 contre « en moyenne 40 aujourd'hui » dans les élevages standards, a relevé le président de l'Anvol, Jean-Michel Schaeffer. Il s'inquiète d'une capacité de production potentiellement divisée par quatre alors que l'offre française est déjà déficitaire. La moitié du poulet consommé en France est importée. « La machine normative continue et là il faut que ça s'arrête », a insisté M. Schaeffer.
Le ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire Marc Fesneau a salué une « initiative heureuse » devant l'assemblée générale de l'Inaporc. « Il faut qu'on dise qu'on a besoin d'élevage en France parce qu'on n'est pas fichus aujourd'hui, pour la plupart des filières, de couvrir le besoin de consommation de nos concitoyens », a-t-il déclaré, estimant qu'il s'agissait d'une « bataille idéologique que nous devons mener ».
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