
La hausse du prix de la viande a été une bonne surprise pour nombre d’éleveurs, mais elle entraîne quelques réactions en chaîne sur les comptabilités agricoles ! Parmi elles, la hausse de la valeur des stocks qui vient gonfler le bilan.
Conséquence de la hausse des cours de la viande, la valeur des stocks animaux a augmenté sur les élevages. En deux ans, la valeur d’une vache laitière au bilan a été gonflée d’environ 500 €. L’impact est transposable au cheptel allaitant.
Sur les structures suivies par le Cerfrance Bretagne, compter 1 733 € pour une vache laitière comptabilisée en stock en 2021, contre 2 221 € en 2023. « La valeur de la vache est passée de 1 088 à 1 484 €, le reste de la hausse correspond à l’augmentation de la valeur de la suite », détaille Mélanie Gautier, chargée d’étude au Cerfrance Bretagne.
Des valeurs de bilans en hausse
À l’échelle du troupeau, les chiffres montent vite. Sur une structure de 100 vaches laitières, la hausse du prix de la viande entraîne une hausse de valeur des stocks de 50 000 €. Une augmentation de la valeur qui contribue à faire monter de manière plus ou moins artificielle le résultat des exploitations. « Les stocks tirent le bilan à la hausse, mais ça ne se traduit pas pour autant en trésorerie disponible pour l’agriculteur », poursuit Mélanie Gautier.
Cela signifie toutefois que les vaches ont davantage de valeur à la revente. « Il faut le voir comme un investissement sur la durée, surtout que rien ne présage d’importantes baisses de cours de la viande à long terme », estime la conseillère.
Une défiscalisation de 150 € par vache
Pour amortir cette variation soudaine de la valeur des stocks, un dispositif temporaire a été mis en place par l’ancien ministre de l’économie, Bruno Lemaire. Une provision de 150 € par vache est accordée sur les exercices clos entre le 1er janvier 2023, et le 31 décembre 2024. Les exploitations affichant une hausse de la valeur des stocks de 10 % sont éligibles (hors augmentation de la taille du cheptel), dans la limite de 15 000 € par exploitation, ou par associé en EARL et GAEC (dans la limite de quatre associés).
En bref, sur notre exploitation fictive de 100 vaches laitières, la déduction fiscale permet de réduire de 15 000 € le résultat imposable de la structure, atténuant ainsi la hausse de la valeur du stock de 50 000 €, à 35 000 €.
Prendre en compte la valeur du cheptel lors des reprises
Au-delà de l’impact sur le bilan des exploitations, la hausse du coût de la viande pèse sur les transmissions d’exploitations. Toujours sur notre structure de 100 vaches laitières, 50 000 € de hausse de valeur des stocks, c’est 50 000 € de plus à sortir pour le repreneur !
« Avant la hausse des cours, le prix des vaches se négociait à prix fixe », explique Mélanie Laurent, conseillère installation au CER France Finistère. « Aujourd’hui, certains cédants préfèrent les évaluer au cours du jour ».
Des solutions de financement existent pour la reprise de cheptel, d’autant qu’elle s’inscrit dans un contexte plutôt favorable aux productions animales. Voici plusieurs options :
- Augmenter les crédits court terme. « Il est toujours possible d’augmenter l’enveloppe globale, avec un financement long terme, mais je pense que c’est une erreur de financer du cheptel à long terme », estime Mélanie Laurent. Avec un prêt sur 10 ans, « la vache sera déjà partie à l’abattoir depuis longtemps alors qu’on n’aura pas encore fini de la payer ».
- Mettre en place des crédits vendeurs. Ces crédits, potentiellement familiaux, constituent un endettement, mais avec davantage de souplesse. « On peut imaginer des prêts à taux zéro, avec de la souplesse sur les délais de remboursement », précise la conseillère. Encore peu pratiqué il y a quelques années, ce genre de pratique rencontre aujourd’hui de plus en plus d’intérêt auprès des agriculteurs.
- Étaler la reprise. Dissocier la reprise du foncier de celle du cheptel (achat différé, dispositif de portage pour le foncier…) afin d’avoir des disponibilités pour la reprise du cheptel.
- Le prêt d’honneur Brit Agricole. « Nous sommes là sur une solution typiquement bretonne, mais des dispositifs équivalents existent peut-être dans d’autres régions » sourit Mélanie. Le Brit prêt permet d’obtenir de 20 000 € à 50 000 € sur une période de 5 ans, avec possibilité de différé de remboursement de 1 à 3 ans.
Attention également à ne pas trop baisser la valeur des stocks pour la transmission. « Si le cours est toujours aussi haut au premier bilan, la hausse de la valeur des stocks reviendra comme un boomerang au premier bilan », ajoute Mélanie Gautier.
Enfin, la conseillère insiste, « la hausse de la valeur des animaux peut être un frein à l’installation ». L’essentiel reste de travailler avec un cédant qui ait la volonté d’installer un jeune. Et pour se faire, « seule la valeur économique compte », tranche Mélanie Laurent. « On sait que quelqu’un qui reprend trop cher aura du mal à long terme », confirme sa collègue de la région Bretagne.
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