Deux pistes vers la performance économique et humaine en élevage

Les éleveurs du Gaec de la Dame de la Haye et de la Ferme fromagère de Suscinio
Le Gaec de la Dame de la Haye et la Ferme fromagère de Suscinio ont été récompensés pour leur « parcours, savoir-faire, esprit d'initiative ». (©Banque Populaire)

Grâce à l’innovation ou à la force du collectif, ces deux exploitations sont performantes techniquement, économiquement et humainement. Pour l’une, organisation du travail et cohésion sont les maîtres-mots. Pour l’autre : c’est la création d’entreprise, d’ateliers, d’activités au service de la valorisation des produits et déchets.

Parmi les quatre lauréats Prix national de la dynamique agricole 2024 de la Banque Populaire, dévoilés le 7 février : deux exploitations, l’une avec un élevage de vaches laitières et allaitantes, récompensée pour sa « performance entrepreneuriale », l’autre spécialisée en production laitière, pour son travail sur la « valorisation/innovation ».

Rappelons que l’objectif de ce concours, dont c’est la 32e édition cette année, est de mettre en avant les fermes « performantes et innovantes », que ce soit en matière de « savoir-faire, esprit d’initiative, parcours ». À savoir : deux autres catégories sont primées – « création d’entreprise » et « performance technique ».

La force d’un collectif

Distingué dans celle intitulée « performance entrepreneuriale », le Gaec de la Dame de Haye, à Remoncourt (Meurthe-et-Moselle), est codirigé par cinq associés : Johann Vevert, Steve Jouquelet, Antonin Ebel, Pascal Ebel et Hugo Wetzel. Et c’est ce qui fait la force du collectif au niveau :

  • organisation

Avec un responsable par atelier (lait de vache, viande bovine, caprins laitiers, céréales), et la possibilité de prendre des week-ends et des vacances, à tour de rôle. « Pouvoir vivre et profiter, pas comme les générations précédentes qui ne quittaient presque jamais la ferme, » est en effet essentiel, insiste Steve.

Faire bloc ensemble.
  • prise de décision

L’intérêt est de « partager le poids des responsabilités », pointe Johann. « Si nous avons un coup dur sur l’exploitation, le troupeau, un problème sanitaire par exemple, nous pouvons faire bloc tous ensemble. »

  • relations humaines

Le collectif est très soudé, et cherche à favoriser les échanges et la convivialité.

Bien-être économique, animal et humain

Ceci, pour optimiser les performances technico-économiques et la rentabilité, principaux objectifs du Gaec, dont le chiffre d’affaires a plus que doublé en trois ans, passant de 1,5 million à 3,5 millions d’euros. « Nous sommes une entreprise, nous ne sommes pas là pour bidouiller », image Johann. D’autant que, comme tous les producteurs, les associés sont confrontés aux aléas du marché et de la météo.

Une entreprise n’est pas là pour bidouiller.

En plus de ces très bons résultats, les exploitants sont particulièrement vigilants sur le bien-être animal. Des bêtes, qui jouissent d’un certain confort et « se sentent bien, le rendent en termes de production », fait remarquer Steve. « Du donnant-donnant. » Leur but final est de transmettre la ferme, de la meilleure manière possible, afin que celle-ci perdure, même si elle n’est pas reprise par leurs enfants.

Créer sa ferme et son fromage

Gurvan Bourvellec, breton comme ses nom et prénom l’indiquent, élève des vaches, bretonnes elles aussi, en Bretagne. Jusqu’ici rien de très original. Pourtant, il est le gagnant de la catégorie « valorisation/innovation ». Parti de rien, il a en effet créé son exploitationde A à Z, à Sarzeau dans le Morbihan. « Quand je suis arrivé, tout était en friches ! », lance-t-il.

Y aller progressivement.

La dénomination l’illustre encore : à la Ferme fromagère de Suscinio, le lait est transformé en tome de Rhuys, la presqu’île éponyme sur laquelle elle est située. Ce fromage, autre création de l’éleveur, explique également l’obtention de ce prix. Petit à Petit, Gurvan a peaufiné l’affinage. De même qu’il a trouvé son « rythme » pour la fabrication. Progressivement aussi, il a pu « sortir de la trésorerie et se développer ».

Valoriser produits et déchets

Le producteur a su innover, tout en cherchant une valorisation optimale pour ses produits, et même ses déchets. Le petit-lait ou sérum des fromages en particulier. « Soit je payais pour l’évacuer, soit je mettais en place un petit élevage de porcs », résume-t-il, ayant choisi la deuxième solution.

La qualité résulte de l’endroit où je produis, transforme, vends.

Les cochons sont valorisés en boucherie/charcuterie sur la ferme, à côté des fromages et de la viande bovine, les activités de la structure tournant autour de la restauration et du tourisme, la localisation de l’exploitation étant un atout indéniable. « La qualité est indissociable de l’endroit où je produis, transforme et vends », appuie Gurvan.

Les difficultés ne l’ont cependant pas épargné : en 2021, un incendie a entièrement détruit sa boutique de 400 m2. En six mois heureusement, elle était reconstruite. « Ma plus belle réussite est que la tome de Rhuys soit devenue le deuxième ou troisième fromage breton, et que sa renommée dépasse la région, conclut-il. Et d’être entouré de jeunes, qui ont trouvé leur place au sein de l’entreprise. »

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Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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