Quels attentes et critères pour s’installer en élevage ?

Jeune éleveur devant ses vaches au pré
L'élevage passionne et motive les jeunes à se lever le matin pour travailler, mais s'installer est un choix engageant. (©Image d'illustration // Surachetsh, Adobe Stock)

Quatre futurs éleveurs, quatre projets d’installation. Alexandre, Florent, Sylvain, Alban ont-ils les mêmes envies et objectifs pour choisir leur future exploitation et/ou système ? Une chose est sûre : rentabilité et équilibre vie pro/vie perso sont essentiels.

En premier : la rentabilité

« Faut pas se mentir, la rentabilité en élevage est le nerf de la guerre. On ne peut pas travailler pour rien. Toute entreprise doit tourner, y compris en agriculture, même si les difficultés sont plus importantes que dans d’autres domaines. » Alexandre n’est pas du monde agricole, enfin pas directement, ses racines dans ce milieu remontant à ses arrière-grands-parents, mais il en a conscience : la rentabilité conditionne la réussite d’une installation en élevage. C’est donc son principal critère pour choisir sa future exploitation.

Intéressé par un autre secteur de la Vendée, et une autre production, Florent partage son point de vue. « S’installer en agriculture est tellement engageant que je préfère me laisser du temps pour être sûr de mon coup », indique-t-il. Le jeune homme de 25 ans ne prévoit de sauter le pas que dans deux-trois ans, pour « pouvoir prendre aussi en main l’outil de travail », et est prêt à patienter « une année de plus » si besoin. S’il cherche depuis un peu plus d’un an, Alexandre n’est « pas non plus pressé et n’a pas de timing précis ».

C’est le nerf de la guerre : toute entreprise doit tourner,
on ne peut pas travailler pour rien.

Ingénieur agronome et Nima également, Florent désire acquérir de l’expérience, notamment aux côtés du ou des agriculteurs dont il va reprendre la ferme. Comme Alexandre qui aimerait, lui aussi, échanger avec eux « et, à l’idéal, réaliser un stage de parrainage » pour « une transmission de l’exploitation en douceur ». Un passage de relais qui permet, selon lui, de « réussir son installation agricole ». « Je veux que ça se passe bien avec le(s) cédant(s) », insiste-t-il.

Ensuite : « se faire la main »

Des cédants justement, les deux futurs éleveurs étaient là, à Tech’Élevage en novembre dernier, pour en rencontrer. C’est pourquoi ils participaient aux Instants JA, une table ronde pour présenter leur projet, leurs attentes, leurs objectifs avec, potentiellement face à eux dans la salle, de futurs retraités à la recherche d’un successeur qui, espéraient-ils, les solliciteraient. Sinon, ils pourraient, eux, aller à leur rencontre pour un premier contact, voire plus d’échanges « si affinités ».

Apprendre à piloter l’atelier.

Alban, 31 ans, autre participant en quête d’une structure où s’installer, vise lui aussi « la rentabilité » et, de ce fait, « un minimum d’investissement au départ, en bâtiment » entre autres. Ceci pour contrer « les réticences des banques », ajoute-t-il. « Le salaire extérieur de mon épouse est un atout, heureusement. » Le jeune homme table, par ailleurs, sur un stage de parrainage ou, le cas échéant, une phase de salariat agricole pour « apprendre à piloter l’atelier ». Florent, lui, est salarié depuis deux ans, et a travaillé dans plusieurs fermes pour « découvrir différents systèmes et productions ». Idem pour Alexandre, dont neuf ans en élevage bovin viande.

Ainsi, le premier a choisi les vaches laitières et le second les allaitantes, en bio ou conventionnel, il ne sait pas encore. « C’est ça qui me passionne et me motive à me lever le matin ! », lance ce dernier. Quant à Alexandre, ce sont les fils et filles d’agriculteurs, au lycée agricole, qui lui ont « donné envie de devenir éleveur ». Florent avait, d’ailleurs, une piste d’exploitation à reprendre. Son souci, raconte-t-il : « Le propriétaire était réticent à un projet d’installation en élevage et tenait à ne céder que les terres. » Alors, il demeure « ouvert à toute proposition ».

La rentabilité est un facteur tout aussi crucial pour Sylvain, le quatrième jeune venu témoigner aux Instants JA. Lui s’est installé sur la ferme familiale en 2015 (en volailles, filière vers laquelle Alban désire lui aussi s’orienter), après y avoir été salarié agricole pendant trois ans. Aujourd’hui, il aimerait « gagner en autonomie et appréhender l’avenir plus sereinement », en « se diversifiant ». La reprise d’une exploitation fait partie des possibilités qu’il a en tête.

Autre priorité : « dégager du temps »

Outre une structure rentable, avec un apprentissage des savoirs et savoir-faire auprès du ou des cédants, ces jeunes recherchent un équilibre vie pro/vie perso. Alexandre, 29 ans, a une compagne et un enfant, donc des « impératifs familiaux ». Il cible une structure « à taille humaine, dimensionnée pour une personne », afin de pouvoir bien gérer la charge de travail. « Je ne peux pas me retrouver avec 200 vêlages ! », s’exclame-t-il. Conscient des « contraintes », il privilégie malgré tout l’installation agricole en individuel pour « la liberté de décider », et compte sur famille et amis pour lui « donner un coup de main ».

Un moyen de pérenniser la ferme.

Florent est dans la même optique, « le partage des décisions lui faisant un peu peur ». « Quand je vois le nombre d’associés de Gaec, qui ont du mal à bosser ensemble… », justifie-t-il. Selon lui, « il n’y a pas de solution parfaite, s’installer en individuel en agriculture signifie être seul à assumer les problèmes, avec le risque de souffrir à force de solitude si l’on ne s’entoure pas suffisamment ».

Comme eux, il importe pour Sylvain de se dégager du temps libre, en particulier le week-end ou pour les vacances. Un moyen, souligne-t-il, de « pérenniser la ferme », en parallèle des aspects économiques. Et une « priorité » pour les nouvelles générations d’éleveurs qui veulent une vie en dehors de l’exploitation, de famille notamment. « On est capable de s’organiser pour », fait-il remarquer.

Contrairement à ses collègues, il ne souhaite pas « rester seul toute sa carrière », et envisage un jour « l’association ou le salariat ». « Trouver une organisation » pour que cela fonctionne est possible d’après lui, même si faire des choix et trancher à plusieurs n’est « pas toujours facile pour quelqu’un n’y étant pas habitué ». « Avec un salarié, c’est peut-être plus simple », note-t-il.

Enfin : le secteur géographique

Parmi les paramètres essentiels pour ces futurs installés, figure enfin la zone géographique. Alors que pour séparer la sphère professionnelle et privée, beaucoup prônent un peu de distance entre leur domicile et l’exploitation, Florent et Sylvain aspirent à « une proximité immédiate pour être vite sur place si nécessaire ». « Pas plus de 20-25 minutes », précise pour sa part Alban.

Près de l’exploitation, pour être réactif en cas de problème.

Mais l’une des conséquences de s’installer plus tardivement que les générations précédentes, à laquelle on ne pense pas forcément : certains porteurs de projets agricoles, à l’image d’Alexandre et Alban, ont déjà une maison. Ils ont investi, il y a deux-trois ans seulement, de l’argent et du temps, voire ont fait construire, ou effectué eux-mêmes des travaux. C’est pourquoi ils entendent la conserver. « À étudier quand même », nuance Alexandre.

Impliqué dans sa commune, Sylvain n’est pas non plus très enclin à en changer. Peu d’agriculteurs proches de la retraite malheureusement dans les environs, alors il attend depuis huit ans une opportunité. Alban pourrait même acheter la maison de la ferme pour éviter qu’un tiers y habite « avec tout ce que cela engendre derrière ». Florent évoque un ultime élément, lié à la localisation : une région bocagère, associée à un parcellaire groupé autour de la stabulation, afin de maximiser le pâturage.

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