
La lactation de la vache adulte, mais aussi la santé et la croissance du veau dépendent de la qualité de l’abreuvement.
L’importance de l’abreuvement des ruminants en élevage a parfois été oubliée avec l’intensification de l’élevage bovin. Or la quantité, l’accessibilité et la qualité de l’eau ont une importance majeure pour la productivité des troupeaux. Dans la pratique, il est cependant difficile de matérialiser les défaillances dans ce domaine car le jus de rumen des animaux adultes contient 10 puissance 10 bactéries qui permettent le plus souvent d’éviter le développement de pathogènes, même lorsque l’eau n’est pas potable bactériologiquement. Ce n’est pas le cas du petit veau qui est encore un monogastrique et sera donc très sensible à la qualité de l’eau. Face à des épisodes de diarrhées en série, la réalisation d’analyses bactériologiques n’est donc pas à négliger, surtout avec l’eau du puits.
Des signes cliniques de déshydratation chez l’adulte
Si les bactéries du rumen limitent le risque de maladies digestives chez l’adulte, la lactation dépend en partie de l’accès à l’abreuvement. En effet, la vache possède un rumen de 120 à 200 litres rempli à environ 80 % d’eau lorsque l’animal est à l’herbe. Durant l’hiver, avec une ration plus riche en MS, ce rumen va s’assécher si l’abreuvement est limité, entraînant une baisse d’efficacité alimentaire. Des observations cliniques permettent de mettre en évidence cette situation.
- La persistance du pli de peau : chez une vache correctement hydratée, le pli de peau disparaît instantanément, que ce soit au niveau de la cuisse, de la mamelle ou de l’encolure. Un retard est un signe de déshydratation.
- La coloration foncée des urines et le taux de sucre mesuré au réfractomètre qui doit être inférieur à 4 Brix.
- La consistance du rumen : en palpant le creux du flanc gauche, elle doit être souple, comme une pâte à modeler. Une consistance plus dure est également un signe de déshydratation.
- Un défaut de digestion des fibres, observé après tamisage des bouses, peut être associé à un abreuvement insuffisant.
- Le comportement des animaux à l’abreuvoir est aussi un indice précieux. Si plusieurs animaux lapent à l’abreuvoir, il faut vérifier les courants parasites et les mises à la terre.
Le manque d’eau pénalise l’efficacité digestive
Un exemple de défaut d’abreuvement sur des veaux laitiers souligne l’importance d’une problématique qui n’est pas rare. Il s’agit de veaux de 1 mois, deux d’entre eux venant de mourir alors que ce n’est pas l’habitude dans cet élevage de brunes. À l’autopsie, l’un présente des lésions pulmonaires, l’autre des lésions digestives, les deux de la teigne.
Un point commun, les deux affichent un retard de croissance et un mauvais poil. Alors que rien n’a été changé dans la conduite, l’éleveur explique que ses veaux ne veulent plus manger, mais continuent à boire le lait au Dal. Il a essayé un nouvel aliment, mais rien ne change. Le lot de dix animaux a du foin à disposition, un concentré équilibré du commerce et un auget à palette (abreuvoir) positionné entre le Dal et le cornadis.
L’examen des animaux ne laisse pas apparaître une maladie dominante, mais de gros retards de croissance et une immunodépression du lot confirmée par une forte présence de la teigne. L’examen du Dal, de la ration et du logement ne permet pas d’identifier des facteurs de risque. Finalement, c’est la mesure des courants parasites dans l’abreuvoir au moment où un veau déclenche le Dal qui nous donne la solution : le voltmètre monte alors à 50 mV. Pour confirmer que cette situation est responsable du problème, l’éleveur a mis à disposition des seaux d’eau dans le lot. Rien d’autre n’est mis en place.
La semaine d’après, l’appétit est reparti chez tous les veaux et un mois plus tard, le lot a récupéré les retards de croissance. Cela a permis d’identifier la cause du problème : l’éleveur avait mis une résistance pour éviter que l’eau ne gèle l’hiver. Comme les veaux ont la mémoire du courant et n’osaient plus aller s’abreuver, le manque d’eau qui va dans le rumen ne permettait pas un bon fonctionnement de celui-ci, entraînant une chute de l’ingestion et donc un déficit énergétique et protéique à l’origine d’une perte d’immunité.
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