UNE URÉTROSTOMIE PÉRINÉALE SUR UN TAUREAU DE MONTE NATURELLE

UN TAUREAU DE RACE HOLSTEIN UTILISÉ EN RATTRAPAGE de l'insémination artificielle sur un lot de génisses est présenté à la consultation pour abattement et perte d'appétit. À notre arrivée, le taureau est couché sur l'aire paillée et ne se relève pas à notre approche. Sa température rectale est de 39,7°C.

Nous continuons l'examen clinique sur l'animal couché, sans déceler de symptômes spécifiques. Au fouiller rectal, les matières fécales apparaissent normales et la motricité du rumen, certes présente, est ralentie. Le taureau décide spontanément de se relever. Nous pouvons dès lors estimer sa note d'état corporel à 3 et un score de remplissage du rumen de 2. Souhaitant investiguer l'appareil reproducteur et, plus particulièrement, les testicules afin de vérifier l'hypothèse d'une orchite (inflammation aiguë des testicules), nous attachons l'animal au cornadis, le long d'une barrière. Les testicules sont de consistance et de taille normales et parfaitement symétriques. Ils ne sont ni chauds ni douloureux.

LES ANTIBIOTIQUES SONT RESTÉS INEFFICACES

Cependant, nous remarquons un gonflement anormal du fourreau, et de l'abdomen autour de celui-ci, d'un diamètre de 30 cm. La zone est très chaude et sensible au toucher. Une origine traumatique surinfectée nous paraît plausible et nous décidons de mettre en place un traitement antibiotique et analgésique. L'éleveur nous rappelle quatre jours plus tard. Après deux jours d'amélioration, l'état général de l'animal s'est dégradé. À notre arrivée, l'oedème autour du fourreau s'est largement étendu et remonte le long des flancs. La température rectale est de 39,1°C alors que le traitement antibiotique est toujours en cours. Notre première hypothèse est remise en question et nous nous orientons alors sur une déchirure basse de l'urètre avec infiltration de l'urine en sous-cutané au niveau de l'abdomen et du fourreau. Deux possibilités à l'origine de cette affection : un traumatisme, entre autres au cours d'une saillie, ou une obstruction urétrale par des calculs urinaires à la suite d'un excès de phosphore dans la ration. Dans cette hypothèse, il est possible de retrouver des cristaux sur les poils du fourreau, associés, dans certains cas, à une rupture de la vessie. La ration à base de foin élimine cette deuxième possibilité. Le seul traitement est d'ordre chirurgical et consiste à réaliser une urétrostomie périnéale. Après avoir réalisé une anesthésie du périnée via une péridurale, la peau est incisée verticalement sur 10 cm, puis une dissection progressive des tissus, en passant entre les muscles rétracteurs du pénis pour atteindre les racines de celui-ci, est pratiquée. L'urètre est ensuite isolé, incisé sur 5 centimètres et suturé directement à la peau. Quarante-huit heures après la chirurgie, le taureau se porte à merveille. Il récupérera de sa déchirure de l'urètre, mais ne pourra plus remplir sa fonction de reproduction. Il se contentera de faire un parfait détecteur de chaleurs.