Entre une Angus et une Blonde d’Aquitaine, on constate jusqu’à deux semaines de différences de durée de gestation. S’il peut être tentant de sélectionner les animaux sur ce critère, attention à ne pas jouer aux apprentis sorciers : les races à durée de gestation les plus longues sont aussi celles pour lesquelles le risque de mortalité juvénile associé aux durées de gestation raccourcies est le plus élevé.
Selon les races, les durées de gestation diffèrent. Compter dans les 280 jours pour une Prim’Holstein, contre plus de 294 pour une Blonde d’Aquitaine. Mais cette valeur moyenne varie selon une multitude de facteurs : parité, nombre de veaux ou encore facteurs saisonniers et génétiques… Difficile de prédire précisément les dates exactes de vêlage ! Certaines analyses statistiques permettent toutefois d’affiner les prédictions : « on sait qu’une multipare portera son veau 1 à 2 jours de plus qu’une primipare, et qu’une vache portant des jumeaux aura une gestation raccourcie de 4 à 5 jours », précise Jeanlin Jourdain, doctorant en génétique animale pour Eliance au sein de l’UMT eBis.
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« On pose l’hypothèse que les mises bas précoces relèvent plus du format de la vache que de son âge », poursuit le généticien. « Par sécrétion d’hormones, notamment de cortisol, c’est le veau qui déclenche la mise bas. Si bien que lorsqu’il commence à souffrir du manque de place, il fait en sorte de sortir ». Et cela s’observe particulièrement en cas de croisement : compter 288 jours de gestation pour un veau issu d’un taureau Blond ou Limousin sur une mère Prim’Holstein, contre 283 pour un veau né d’un père Blanc Bleu sur la même vache.
Attention à la mortalité juvénile
Les gestations courtes présentent ainsi un intérêt pour le croisement industriel. Et lorsqu’on voit qu’une Blanc Bleu met bas deux semaines plus tôt qu’une Blonde d’Aquitaine, il peut être tentant de sélectionner sur les durées de gestation pour améliorer les performances zootechniques du troupeau !
Les vaches ne pondront jamais d’œufs
Mais attention : « les vaches ne pondront jamais d’œufs », alerte Jeanlin. La fin de gestation est une période particulièrement importante pour la bonne santé du veau. « Faire vêler les vaches plus tôt, c’est prendre un risque significatif autour de la moralité juvénile », insiste le chercheur. « En race limousine, le taux de mortalité juvénile est de 2 % avec un vêlage à 289 jours, contre 6 % à 280 jours. Même constat en Holstein : si l’index du veau est à moins 6 jours, on double le risque de mortalité ». En bref, mieux vaut peut-être des gestations un peu plus longues, mais des veaux bien vigoureux, surtout en races allaitantes !
Jeanlin recommande plutôt d’avoir une approche équilibrée afin d’éviter la mortalité juvénile : « il faut viser un optimum intermédiaire ». Il est d’ailleurs peu probable que la durée de sélection devienne un jour un critère de sélection pour les éleveurs. « Cela demanderait énormément de travail pour gagner une ou deux journées… Je pense qu’il y a déjà beaucoup de travail à faire pour adapter nos animaux au changement climatique. Autant se concentrer sur les caractères qui ont un intérêt économique ».
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