
En zone de montagne, le Gaec de l’Etoile a su reconstituer un troupeau de vaches ferrandaises traites, dont le lait est valorisé par la transformation fromagère à la ferme.
Chez Cédric Prugne, la vache ferrandaise est une histoire de famille. Son père et son grand-père avant lui élevaient déjà cette race locale à vocation mixte. Aussi, lorsqu’il s’installe en 2005 à une vingtaine de kilomètres de la ferme familiale, pas question pour lui de ne pas reprendre le flambeau. Il ne s’agit pas ici d’élever quelques vaches par passion, mais bel et bien de constituer à terme un cheptel 100 % ferrandais. « J’ai toujours eu la volonté de perpétuer l’élevage de la race, indique l’éleveur. Comme mon père avant moi, au début j’étais un peu pris pour un marginal, mais cette image commence à changer. À travers mon choix, je veux démontrer qu’il est possible de vivre du lait avec la ferrandaise. »

« La transformation compense une moindre production laitière »
L’installation de Cédric repose sur la reprise d’une exploitation comprenant une stabulation à logettes de 55 places et un troupeau pies rouges d’une cinquantaine de vaches montbéliardes et red holsteins, avec un quota de 275 000 litres. À partir d’un système tout herbe, il s’attelle alors à la « ferrandisation » progressive du cheptel. Il misera pour cela sur l’achat de quelques animaux et sur le croisement d’absorption par saillie naturelle, à l’exception d’un lot pour lequel il aura recours au groupement de chaleur et à l’insémination. En 2012, Cédric recrute un apprenti, Gary Chassagne. Il deviendra son associé en 2018 en concrétisant un projet de transformation fromagère et de vente directe, comprenant un investissement de 300 000 € pour le labo, la cave d’affinage et de tous les équipements nécessaires à la fabrication d’un bleu au lait cru. Parallèlement, entre 2016 et 2018, l’exploitation est convertie à l’agriculture bio. « La transformation était une condition pour pouvoir vivre à deux sur l’exploitation sans agrandissement. Elle permettait aussi d’accepter une baisse des volumes de lait produits liée au changement de race. »

« Des pics de lactation jusqu’à 25 litres de lait »
Il faut dire que la bio n’entraînait pas un bouleversement de la conduite du troupeau. À 900 mètres d’altitude, le système mis en place est assez simple. Il repose en hiver sur une ration de base foin + regain et 2,5 kg de concentré distribué en salle de traite (2 x 5 en épis). La mise à l’herbe démarre mi-avril sur 50 ha d’herbe accessibles conduits au fil déplacé matin et soir. Cédric qui se consacre au suivi du troupeau privilégie des transitions longues au printemps, pour conserver une homogénéité dans le lait et donc dans les fromages. De même, il maintient un apport de foin pendant la saison de pâturage afin de préserver les taux. Avec un chargement de 1,32 UGB/ha (90 UGB), le bilan fourrager est complété par l’achat occasionnel de luzerne (12 t) et de 70 t de concentré/an. La mise à la reproduction est assurée par un taureau ferrandais présent toute l’année dans le troupeau laitier. Les échographies sont réalisées deux fois par an par la coopérative d’insémination Elva Novia. Un second taureau est mis au parc avec les génisses à partir de 2 ans, en vue d’un âge au premier vêlage de 3 ans. Tous les mâles sont vendus à 15 jours dans le circuit classique, sans valorisation spécifique. Toutes les femelles sont quant à elles conservées pour atteindre l’objectif d’un troupeau 100 % ferrandais. Actuellement, il en compte 80 % : « Dès que l’objectif sera atteint, je pourrai mettre en place une sélection axée sur le lait par vache, sans négliger la conformation d’une race avant tout mixte. Des vaches produisent déjà entre 4 500 et 5 000 litres/an, avec des pics à 25 litres de lait. Mais certaines perdent beaucoup d’état en début de lactation et ont une faible persistance de lactation. Je souhaite privilégier une production et une persistance plus régulières. »
« Un système qui permet de vivre à deux sur la ferme »
Ainsi, les 55 vaches du troupeau produisent l’équivalent de 160 000 litres de lait, soit une moyenne de 3 000 litres par vache à laquelle il faut ajouter au moins 500 litres pour l’élevage des veaux jusqu’à 3 mois au lait entier. Les taux de 37,5 de TB et 32 de TP ne reflètent pas la fromageabilité d’un lait qui autorise un taux de transformation de 7,5 litres pour 1 kg de fromage. Des études sont d’ailleurs programmées avec le pôle des AOP fromagères auvergnates en vue d’évaluer la fromageabilité du lait issue des races ferrandaises, salers et aubrac. Au total 110 000 litres sont transformés à la ferme tous les deux jours. Cela représente environ 4 800 fromages vendus après 1 mois d’affinage 15 €/kg. Les traites du samedi soir et du dimanche sont collectées par Sodiaal. Les ventes se font à la ferme, via des magasins de producteurs, un grossiste et quelques restaurateurs. En juillet, les associés ont aussi investi 30 000 € dans un distributeur automatique : « Un outil qui fonctionne très bien, assure Cédric. Nous ne pouvons en effet pas nous permettre de faire des livraisons à plus d’une heure de route. C’est un système qui permet actuellement de vivre à deux sur la ferme en préservant la qualité de vie. »
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