L'équipe du chercheur Les Hansen a débuté une étude qui devrait permettre d'objectiver l'intérêt du croisement rotatif montbéliard-rouge suédois-holstein. Primeur des tout premiers résultats sur les F1, en attendant les deuxièmes et troisièmes générations.
C'EST À L'UNIVERSITÉ AMÉRICAINE DU MINNESOTA qu'est née, dans les années quarante, l'idée d'utiliser des hybrides en production porcine. C'est là qu'aujourd'hui, une équipe de chercheurs est convaincue que le croisement rotatif avec trois races (montbéliarde, rouge suédoise et holstein) est l'option qui permettra aux troupeaux holsteins nord-américains de redresser la barre. Difficultés de vêlage fréquentes, mortalité des veaux déraisonnable, déplacements de caillette à répétition, problèmes de reproduction et de longévité… Les soucis d'élevage seraient le quotidien de nombreux producteurs de lait US, notamment dans les grands troupeaux. En cause : l'utilisation quasi exclusive, pendant des années, de taureaux toujours plus performants en potentiel lait et sélectionnés sur le type anguleux recherché dans les concours. Sans compter de surcroît parfois, des négligences sur la gestion de la consanguinité.
LE PAVÉ DANS LA MARE DE L'ÉTUDE CALIFORNIENNE
C'est à cette équipe du Minnesota, menée par Les Hansen, que l'on doit le pavé dans la mare lancé en 2008 : une étude sur six troupeaux californiens ayant pris l'option du croisement (L'Éleveur laitier d'avril 2008 et novembre 2010). Elle avait montré que les croisées montbéliardes et rouges suédoises étaient assez proches des holsteins en production laitière (- 3 % et - 4 % sur le total MU en 305 jours sur l'ensemble des lactations enregistrées : 1 100 en holstein, 1 653 en montbéliarde x holstein, et 1 107 en rouge suédoise x holstein). En revanche, ces croisées se démarquaient par de meilleures performances de reproduction (26 et 11 j gagnés sur l'intervalle vêlage-première IA pour les montbéliardes et rouges suédoises), et une longévité accrue (14 % et 10 % d'animaux en deuxième lactation, 24 et 20 % en troisième, 26 et 21 % en quatrième). Résultat : ramenée en jours de vie productive sur les 1 461 j suivant le premier vêlage, la production de matière utile était en faveur des croisées : 1 867 kg de MU pour les holsteins, + 401 kg pour les montbéliardes x holsteins (21 %) et + 290 kg pour les rouges suédoises x holsteins (16 %). Une approche économique sommaire, intégrant ces différences techniques mais pas les frais vétérinaires, avait montré qu'au final, les croisées montbéliardes dégageaient un revenu supérieur de 50 % aux holsteins, et les croisées rouges suédoises de 45 %… Ces résultats détonants ont évidemment fait l'objet, aux États-Unis et ailleurs, de nombreuses critiques du monde holstein. À juste titre, leurs détracteurs ont pointé du doigt l'absence de résultats sur les deuxièmes générations. Non pas que les Californiens concernés aient arrêté en route, bien au contraire. Séduits par les bonus du croisement, ils ont rapidement abandonné leurs pures holsteins, privant ainsi les universitaires d'une base de comparaison suffisante pour aller plus loin dans l'étude. Conscient de cette limite pour convaincre de l'intérêt du croisement rotatif à trois races, Les Hansen a lancé, dans la foulée, un essai bien plus encadré sur le plan scientifique. Il porte sur 10 000 vaches dans dix troupeaux du Minnesota à la pointe sur le plan technique.
UN NOUVEL ESSAI POUR JUGER LES F2 ET LES F3 ET INTÉGRER TOUS LES COÛTS
Prévu sur huit ans, cet essai permettra d'enrichir les observations sur les F1, mais surtout de juger les performances des deuxièmes et troisièmes générations. Elles seront comparées avec des pures holsteins sélectionnées comme il se doit aujourd'hui : en utilisant des taureaux plus améliorateurs des qualités fonctionnelles que du potentiel laitier, et en tenant compte de la consanguinité. Pour cela, les propriétaires de chacun de ces troupeaux se sont engagés à conserver 40 % de leur cheptel en race pure. En revanche, les 60 % restants sont conduits en croisement rotatif montbéliard-rouge suédois-holstein, en commençant pour moitié par des IA montbéliardes, pour l'autre par des IA rouges suédoises.
Cette étude a deux autres particularités. Elle vise à intégrer tous les coûts, y compris ceux liés à la santé. Chaque animal y sera aussi l'objet d'un pointage morphologique dans le mois suivant chacun de ses vêlages. Il y aura donc là une mine d'informations pour savoir, par exemple, si le volume du pis, a priori plus marqué sur les croisées que sur les holsteins, handicape ou pas leurs comptages cellulaires au fil des lactations… Les tout premiers résultats de ce travail sur les premières lactations achevées dans trois des dix troupeaux en lice sont tombés. Surprise : ils révèlent un niveau de production laitière sans différence significative entre les groupes : 10 900 à 11 300 kg de lait en 305 j pour un âge moyen au vêlage de moins de 23 mois. Là encore, les croisées se démarquent par une quantité de matière utile supérieure : 772 et 766 kg pour les croisées montbéliardes et rouges suédoises, 741 kg pour les holsteins. Selon Les Hansen, la relative contre-performance des holsteins en production s'expliquerait par la contrainte du choix de taureaux gérant au mieux la consanguinité, quitte à se passer du top en index lait. Le fait est aussi que les montbéliards utilisés disposent d'un grand potentiel lait (Micmac, Masolino, Pernan, Papayou, Patinage…), ce qui n'était pas le cas de ceux de l'étude californienne (Frameto…). Pas de résultat dévoilé pour l'instant sur la reproduction. Les Hansen attend d'avoir suffisamment de premières lactations re-vêlées. Pour autant, la meilleure condition corporelle observée chez les croisées, notamment les montbéliardes, est de bon augure. Du côté de la morphologie, les résultats relevés dans six des dix troupeaux montrent la même tendance. Sans surprise, les croisées montbéliardes paraissent plus puissantes dans l'avant-main, avec des bassins plus inclinés (gage de moindre difficulté de vêlage). Mais, comme les suédoises, elles offrent un volume de pis plus important et un ligament moins marqué que les holsteins.
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