
Avec un troupeau composé de deux races aux qualités extrêmes, Delphine et Ludovic Liénard misent sur une complémentation et un accès au pâturage différenciés afin que chacune puisse exprimer au mieux son potentiel.
LORSQU'IL S'INSTALLE EN 2008, LUDOVIC LIÉNARD, COMME SON PÈRE ET SON GRAND-PÈRE avant lui, a perpétué l'élevage de la bleue du Nord. C'est une race laitière mixte, issue du rameau blanc bleu belge (voir encadré). On dénombre en France environ 550 vaches au contrôle laitier et près de 4 000 en Belgique où on l'appelle blanc bleu mixte. Elle a une production moyenne de 4 950 kg de lait à 36 de TB et 30,9 de TP, mais aussi un intervalle vêlage-vêlage record de 384 jours.
En 2012, Ludovic crée l'EARL avec son épouse Delphine. Dans une nouvelle stabulation en aire paillée, ils regroupent à cette occasion leurs deux troupeaux. Le cheptel de la société se compose alors de 60 % de bleue et de 40 % d'holstein.
« UN INTERVALLE VÊLAGE-VÊLAGE DE 375 JOURS POUR LA BLEUE »
Sur l'exploitation, la bleue du Nord se distingue par un IVV de 375 jours (370 jours en 2013-2014) et un premier vêlage programmé à trois ans. À l'opposé, la gestion différenciée de l'alimentation autorise un niveau de production des holsteins de 10 770 kg de lait. « Pour faire simple, j'ai une vache qui fait du lait et une autre qui fait des veaux », plaisante Ludovic, non sans rappeler que la modification du système, induite par ces aptitudes très contrastées, a été travaillée en amont avec la conseillère d'Avenir conseil élevage : « Nous avons d'abord dû adapter le système fourrager en laissant une plus grande place au maïs, pour répondre aux besoins énergétiques plus importants de la holstein. C'est essentiel, car à la suite de la création de la société, il y a eu une forte augmentation du droit à produire, mais pas de la SAU. La holstein permet donc d'intensifier le lait à l'hectare, là où la bleue compense ses difficultés de mise à lareproduction. L'objectif est de stabiliser leseffectifs à 50-50. » La régularité avec laquelle la bleue produit un veau par an a conduit à des vêlages groupés de fin d'été et d'automne, alors que les holsteins sont en vêlages étalés. Pendant la période hivernale, les deux races sont élevées en un seul lot avec une ration semi-complète et une complémentation au Dac. La ration de base se compose de 16 kg de MS de maïs, 2 kg d'ensilage d'herbe, 2 kg de tourteau soja/colza et 20 g d'urée, soit 0,92 UFL, 81 PDIN et 86 PDIE. Elle est distribuée deux fois par jour à des vaches bleues en début de lactation (1,2 mois moyen de lactation début octobre) et à des noires qui présentent une grande diversité de statuts (7,7 mois début octobre). Le Dac permet ensuite de coller au plus près du stade de lactation : « L'enjeu consiste à exprimer le pic de production, sans dépasser le seuil de 160 g de concentré/litre », précise l'éleveur. Pendant les trente jours suivant la mise-bas, tous les animaux reçoivent 2,5 kg de tourteaux et du concentré selon le niveau de production attendu : de 2,5 kg au-dessus de 45 kg de lait à 0 kg en dessous de 28 kg de lait. Passé trente jours, la quantité programmée au Dac est adaptée à la production réelle. « La faculté de la bleue à reprendre de l'état très rapidement après la mise bas explique la qualité des résultats de reproduction. Cela permet également de forcer en azote en début de lactation pour exprimer le pic de production, sans risque d'amaigrissement excessif. La diminution de la production laitière est, par contre, beaucoup plus rapide, d'où l'importance d'un IVV court. »
« ZÉRO CONCENTRÉS AU PÂTURAGE »
La mise à l'herbe, d'avril à août, correspond à l'instauration d'une conduite en deux lots : les vaches à plus de 25 kg de lait sortent à proximité immédiate de la stabulation et conservent une demi-ration à l'auge. Celles en dessous de 25 kg, essentiellement des bleues en fin de lactation, sont au pâturage sans concentré. « Elles valorisent les parcelles les plus éloignées sur la base d'un chargement élevé de 20 ares/VL au printemps, avant un tarissement en juillet-août ». La bleue a en effet une consommation inférieure d'au moins 2 kg de MSI/j et une capacité à valoriser l'herbe pâturée qui autorise un chargement global de 2 UGB/ha de SFP sans achat de fourrage et avec une utilisation économe des concentrés. Le tri des deux lots d'animaux se fait au niveau de l'aire d'attente de la salle de traite, scindée en deux à cette période. Un inconvénient : la traite en 2 x 4 dure trois heures. Mais un projet d'investissement est en réflexion pour soulager cette astreinte.
JÉRÔME PEZON
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