HOLSTEIN : UN CONTEXTE INTERNATIONAL BIEN TOURMENTÉ

Père à taureaux très utilisé pour ses qualités morphologiques, McCutchen est disponible chez Bovec.
Père à taureaux très utilisé pour ses qualités morphologiques, McCutchen est disponible chez Bovec. (©)

La génomique n'en finit pas de bouleverser le monde de la sélection. La concurrence s'intensifie.

ALORS QUE BIEN DES ÉLEVEURS N'ARRIVENT PLUS À SUIVRE l'actualité de la sélection, les catalogues poursuivent leurs rotations et la concurrence se durcit. Le monopole de Sexing Technologies, qui prélève sa dîme sur chaque paillette sexée, pèse sur les comptes des entreprises. Grâce à la fortune qu'il accumule, cet Américain rachète les start-up qui cherchent un autre procédé de sexage afin de les tuer dans l'oeuf. Il poursuit aussi ses recherches pour améliorer la technologie du sexage et garder un pas d'avance sur d'éventuels concurrents qui peinent à émerger. La dernière avancée permet d'augmenter le taux de gestation des semences sexées en améliorant la pureté du sperme mis en paillettes.

Mais surtout, Sexing Technologies commence à investir dans la création génétique, menaçant les entreprises en place d'une nouvelle concurrence. Car dès lors qu'il possédera de bons taureaux, il aura les moyens de les diffuser, quitte à casser les prix pour prendre des parts de marchés. Au mois de février 2015, Sexing Technologies s'est emparée de TAG (Trans America Genetics). Cette entreprise travaille sur son propre troupeau de donneuses et bénéficie en avant-première des dernières innovations de la technologie du sexage. Dans ce contexte perturbé, les entreprises de sélection cherchent à se démarquer pour conserver leurs marchés. Pas simple, car toutes travaillent plus ou moins les mêmes origines. La sélection holstein s'internationalise et les spécificités autrefois reconnues de certains pays sont de moins en moins d'actualité. Le poids des éleveurs sélectionneurs dans la création génétique tend à diminuer car ils ne peuvent pas se renouveler à un tel rythme.

Les entreprises multiplient les accouplements et les génotypages, sur des animaux toujours plus jeunes, dans l'espoir de prendre les concurrents de vitesse. Les taureaux à plus de 200 points d'Isu sont légion. Et certains d'entre eux ne sont disponibles qu'en semences sexées. Une manière d'empêcher les concurrents de les utiliser comme pères à taureaux.

Autre voie de différenciation : les nouveaux critères de sélection. Là aussi, la génomique ouvre des pistes de progrès importantes. Les aspects « santé » semblent les plus porteurs. À l'image de Gènes Diffusion qui publie un index « santé du pied », l'Américain ABS travaille à la mise au point d'un index caractérisant la sensibilité aux maladies pendant la période entourant le vêlage. Si l'intérêt de ces nouveaux index ne fait pas de doute, leur mise au point par des entreprises de sélection va compliquer encore la lecture des catalogues.

Toujours au chapitre des index, les importateurs dénoncent les complications qu'ils affrontent pour disposer d'index en base française. Certes, il y a eu des améliorations. Les taureaux étrangers peuvent être indexés en France s'ils comptent au moins 600 filles dans le pays. C'est aussi le cas des taureaux des pays membres d'Eurogenomics. De plus, Interbull calcule des index pour les taureaux confirmés en prenant en compte la totalité de leurs filles, où qu'elles soient.

UNE OFFRE TRÈS VASTE POUR LES ÉLEVEURS

Mais les taureaux génomiques issus de pays non membres d'Eurogenomics (Amérique du Nord et Italie notamment) ne sont pas concernés. Ils peuvent être génotypés et indexés en France. Toutefois, ces index ne sont publiés que si la commercialisation est réalisée par une entreprise de sélection établie en France. Prim'Holstein France peut calculer des index convertis en base française, mais ils ne sont pas officiels. L'enjeu de ces débats est politique. Les Américains voudraient imposer leur système d'indexation, considérant que le TPI constitue la référence en matière d'index de synthèse. Les Européens, en partie réunis au sein d'Eurogenomics, revendiquent leur place. Cette bagarre contribue à complexifier encore l'accès aux informations génétiques pour les éleveurs.

Au-delà de ces débats, certaines entreprises de sélection décident de jouer tout simplement sur le prix pour attirer les acheteurs. L'Italien Semenzoo a été l'un des premiers à explorer cette voie il y a quelques années. Il est suivi aujourd'hui par JLD Genetics ou Gen'France. Cela peut permettre de remplir la cuve à moindre coût avec des taureaux de qualité.

Dans ce contexte tendu, l'offre internationale disponible pour les éleveurs français est très vaste. Pour aider ceux curieux de connaître les taureaux étrangers, nous vous proposons une petite sélection. Elle a été établie avec les importateurs et vise à faire ressortir quelques taureaux parmi les plus intéressants.

PASCALE LE CANN

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
Philippe Bernhard à droite et Hervé Massot président et DG d'Alsace Lait

Alsace Lait a besoin de lait pour ses ambitions régionales

Alsace Lait

« L’IA ne remplace pas notre métier, elle le facilite »

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