L'ARRIVÉE DE LA GÉNOMIQUE ET DE NOUVEAUX CARACTÈRES CHANGE LA DONNE POUR L'ISU

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La prim'holstein, la montbéliarde et la normande changent d'Isu. Le poids accordé à la production y baisse au profit des index fonctionnels.

L'ISU VERSION 2001 A VÉCU. IL LAISSE PLACE À UN NOUVEL INDEX DE SYNTHÈSE pour les trois principales races laitières. Pourquoi cette révision ? Surtout pour prendre en compte l'apport de la génomique qui change le rythme de progrès génétique et aide à une sélection plus efficace des caractères fonctionnels peu héritables. « Les travaux de l'Inra ont démontré qu'il était possible avec la génomique de progresser deux fois plus vite sur l'Isu qu'avec une évaluation classique sur les performances des vaches ou sur la descendance des taureaux », rappelle Didier Regaldo, du service génétique de l'Institut de l'élevage.

UNE PRIORITÉ MOINDRE À LA PRODUCTION, COMME NOS GROS CONCURRENTS

D'où la question : devait-on se contenter d'aller deux fois plus vite dans la même direction, ou répartir différemment les efforts de sélection… notamment sur les fonctionnels devenus une priorité urgente dans nombre d'élevages ? C'est la seconde option qui a été retenue avec, pour la prim'holstein, la montbéliarde et la normande, une nouvelle formulation de l'Isu accordant moins de poids à la production et plus aux index fonctionnels. Le choix a été d'autant plus facile que nos principaux concurrents sur le marché génétique holstein avaient déjà plus ou moins franchi le pas. C'est ainsi que dans l'index de mérite global NetMerit (1) aux États-Unis, le poids de la production a été raboté à 35 % et dans le NVI (2) néerlandais à 33 %. Nos « audacieux » 50 % d'Inel qui, il y a dix ans, plaçaient la France parmi les nations (hormis les pays scandinaves depuis longtemps à 34 %) accordant le moins de poids à la production, étaient donc révolus. L'Isu se devait d'intégrer l'arrivée de nouveaux caractères comme la fertilité des génisses, l'intervalle vêlage-1re IA, ou les mammites cliniques… en attendant les acides gras du lait, la qualité des onglons ou les troubles de la santé quand ils seront indexés. On retrouve ces index élémentaires dans deux nouveaux critères de synthèse : la santé de la mamelle (mixant l'index cellules et mammites cliniques) et la reproduction (combinant l'ancienne fertilité des vaches, celle nouvelle des génisses et l'intervalle vêlage-1re IA).

En n'accordant que 35 % à la production, la prim'holstein fait un choix osé mais mesuré pour continuer de corriger le tir sur ses faiblesses en cellules, mammites et fertilité. Cela lui permet d'attribuer plus de poids à la santé de la mamelle (18 %) et la reproduction (22 %) que sa challenger directe, la montbéliarde (14,5 et 18 %). Ce n'est pas pour autant que la prim'holstein pénalise son progrès génétique en matière de production. Elle le maintient au même niveau grâce à la meilleure efficacité de la sélection génomique. Témoin, la simulation de l'Institut de l'élevage comparant les index moyens des taureaux potentiellement mis en service avec l'ancien Isu polygénique (c'est-à-dire 10 % des taureaux évalués sur descendance) et l'Isu 2012 génomique (5 % des veaux génotypés) : 1 081 kg de lait, 39 et 36 kg de MG et MP pour les premiers, 1 069 kg de lait, 40 et 38 kg de MG et MP pour les seconds. En revanche, l'Isu 2012 couplé à la génomique améliorera l'impact sur les fonctionnels. Sur la même base, on obtient des index moyens des séries de service, passant de 0,73 à 1,17 en cellules, 0,11 à 0,60 en fertilité vaches, 0,07 à 0,45 sur les mammites. Point commun des trois nouveaux Isu : la baisse du poids de la longévité, très sensible en prim'holstein et montbéliarde (de 12,5 à 5 %). Moins en normande où elle ne pesait que pour 8 %. Pour autant, il n'y a pas de crainte à voir la longévité des troupeaux se dégrader. Elle continuera de progresser, étant indirectement sélectionnée par d'autres critères (cellules, fertilité des vaches et mammites cliniques) auxquels on accorde plus d'impact. L'Isu 2012 voit le retour de la vitesse de traite. Objectif : freiner son ralentissement causé par la recherche de comptages cellulaires plus bas, caractère auquel elle est corrélée négativement en prim'holstein et normande.

JEAN-MICHEL VOCORET

(1) NetMerit = 35 % production + 17 % morphologie + 22 % longévité + 10 % cellules + 11 % fertilité + 5 %, autres caractères fonctionnels.(2) NVI = 33 % production + 22 % morphologie + 20 % longévité + 6 % cellules + 19 % fertilité.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
Philippe Bernhard à droite et Hervé Massot président et DG d'Alsace Lait

Alsace Lait a besoin de lait pour ses ambitions régionales

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