Diminuer les émissions de méthane entérique des bovins par la sélection génétique, c'est l'un des défis des prochaines années. Les travaux de recherche n'en sont qu'à leurs balbutiements. L'Inra démarre à Bourges (Cher) sur un troupeau charolais.
LES EFFORTS DE RECHERCHE SONT BEAUCOUP ORIENTÉS AUJOURD'HUI SUR LA RÉDUCTION des gaz à effet de serre. En élevage laitier, la moitié des émissions est sous forme de méthane issu de la fermentation ruminale des animaux. Si des expérimentations pour les réduire via l'alimentation sont menées (voir L'Éleveur laitier, n° 231 de janvier 2014, p. 38), il est logique que les généticiens s'y intéressent aussi.
« Les Néo-Zélandais ont montré les premiers une origine génétique aux différences d'émissions entre animaux, indique Gilles Renand, de l'Inra de Jouy-en-Josas (Yvelines). Grâce à leur connaissance des ascendances paternelles, ils constatent que certaines familles ovines sont plus émettrices que d'autres. »
LES ÉMISSIONS DE 400 BOVINS ENREGISTRÉES
Fort de ces observations, l'Inra de Jouy-en-Josas décide, en 2012, de mesurer les émissions de méthane et de dioxyde de carbone (CO2) des génisses de renouvellement et des taurillons du troupeau charolais de la station de Bourges (Cher). Des Greenfeed, c'est-à-dire des Dac équipés d'un système d'aspiration, sont installés. Ils dosent le méthane et le CO2 de l'animal chaque fois qu'il s'alimente. De 2012 à 2016, 72 génisses et 24 taurillons par an sont ainsi mesurés. Ils appartiennent à plusieurs lignées paternelles que la station de Bourges a choisies pour leur efficacité alimentaire élevée ou faible. « Le méthane rejeté par les bovins traduit un excès d'hydrogène dans le rumen issu de la dégradation des glucides. C'est donc considéré comme un gaspillage d'énergie. De ce fait, peut-on relier le niveau de méthane émis à la quantité de fourrages ingérés et à l'efficacité alimentaire de l'animal d'une part, et de chaque famille suivie d'autre part ? Nous le supposons. Les mesures d'émissions couplées à l'enregistrement des fourrages consommés et des performances animales apporteront des réponses. »
Gilles Renand va même plus loin dans le questionnement. « Le méthane est fabriqué par des microbiotes hébergés par le rumen. Les gènes de la femelle hôte ont-ils une influence sur leur capacité à produire plus ou moins de CH4 ? »
EXPLORER TOUTES LES FACETTES LIÉES À SA FABRICATION
Pour lui, néanmoins, il ne faut pas cantonner les émissions de méthane au seul gaspillage d'énergie. La physiologie de l'animal peut également jouer un rôle. Il est en effet reconnu que la taille du rumen et l'importance du tissu digestif augmentent ses dépenses en entretien, avec une production de méthane plus importante à la clé. « A l'instar des Néo-Zélandais, notre premier objectif est de vérifier si le caractère "émission de méthane" est héritable ou non chez les bovins. Dans l'affirmative, à condition d'avoir des mesures réalisées sur un nombre suffisant d'animaux, il sera possible de sélectionner des familles sur ce critère. À nous de vérifier qu'il n'a pas d'effet négatif sur d'autres caractères tels que la capacité d'allaiter le veau, la fertilité, etc. »
Selon lui, c'est le travail classique du généticien. « Améliorer une population avec des caractères qui peuvent être antagonistes, nous savons faire. »
En France, en bovins, la station Inra de Bourges est la seule à focaliser ses recherches sur l'origine génétique des émissions de méthane.
CLAIRE HUE
En France, l'origine génétique des émissions de méthane entérique est étudiée sur les bovins viande. À la station Inra de Bourges, le système Greenfeed aspire le méthane et le CO2 rejetés par les génisses et les taurillons charolais. Objectif : identifier si des familles sont plus émettrices que d'autres.
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