LE GÉNOTYPAGE SE DÉMOCRATISE

Grâce à la connaissance des index complets de leurs génisses, avec une précision identique à celle des mâles, les éleveurs pourront mieux sélectionner leurs animaux.© PLC
Grâce à la connaissance des index complets de leurs génisses, avec une précision identique à celle des mâles, les éleveurs pourront mieux sélectionner leurs animaux.© PLC (©)

Dès février, les éleveurs des trois grandes races laitières pourront faire génotyper toutes les femelles qu'ils souhaitent. La connaissance de leurs index complets va lancer une nouvelle révolution dans la conduite de la sélection.

LA GÉNOMIQUE A DÉJÀ CONSIDÉRABLEMENT MODIFIÉ LES SCHÉMAS DE SÉLECTION en race hosltein, mais aussi normande et montbéliarde. À partir de février, les éleveurs travaillant avec ces trois races pourront faire génotyper les animaux de leur choix. La technologie devient accessible au plus grand nombre grâce à la création d'une société, Valogène. Née à l'initiative des sept entreprises de sélection qui ont investi dans la Sam depuis 2001, cette société a pour mission de « diffuser dans des conditions économiques optimales le procédé mis en place par l'Inra et l'Unceia, au prix le plus bas pour l'utilisateur ».

CONNAÎTRE LES INDEX DÈS LA NAISSANCE

Les calculs d'index continueront d'être réalisés par l'Inra à partir des informations issues du génotypage. Jusqu'à la fin 2010, le génotypage restait réservé à ces investisseurs de la première heure, à des fins de recherche. En 2011, la technologie entre dans une phase appliquée. De plus, les règles FGE (France génétique élevage) ont changé, rendant officielles les évaluations génomiques. Dès le mois de février prochain, les index génomiques des femelles pourront être publiés.

Grâce au génotypage, chacun pourra connaître les index complets de ses animaux dès la naissance, avec des CD oscillant entre 0,6 et 0,75 selon les caractères. La précision sera donc de même niveau que pour les taureaux génomiques. Les éleveurs auront intérêt à génotyper leurs génisses.

« Les applications en élevage sont multiples, et la plupart restent encore à imaginer », précise Xavier David, chez Valogène. Il s'agira bien sûr d'un excellent outil pour choisir les génisses de renouvellement. Les éleveurs connaîtront leur potentiel, notamment sur les critères peu héritables, tels que la fertilité ou la résistance aux mammites. Ces informations seront très utiles pour optimiser les accouplements. Il sera ainsi beaucoup plus facile pour chacun d'effectuer la sélection de son troupeau à partir de ses propres critères. Les éleveurs auront les moyens de se réapproprier la sélection de leurs animaux. Ceux qui ont des génisses en excédent pourront mieux choisir celles qui seront écartées, et éventuellement inséminées avec des races à viande. Les éleveurs qui investissent dans des doses sexées, par exemple, pourront beaucoup mieux choisir sur quels supports les placer. On peut entrevoir ainsi des impacts économiques positifs à court terme. Il s'agit d'un grand pas en avant qui va considérablement modifier la conduite des élevages.

On peut aussi imaginer que les sélectionneurs vendeurs de mâles pour la monte naturelle feront génotyper ces animaux. Le risque sera ainsi nettement réduit pour les acheteurs.

En pratique, Valogène mettra la technologie du génotypage à la disposition des éleveurs et des organismes qui le souhaitent. Chacun pourra contacter directement cette société pour commander ses génotypages à titre individuel. Mais des organismes, tels le Contrôle laitier ou les entreprises de sélection, vont très certainement le proposer à leurs adhérents. Ils apporteront en plus différents services dans le but d'optimiser la valorisation des informations. Pour les entreprises de sélection, il s'agira aussi d'une nouvelle source pour connaître une multitude de femelles, dont certaines pourraient se révéler intéressantes dans les schémas de sélection. Le tarif conseillé par Valogène tourne autour de 120 à 130 € par génotypage. Mais chaque organisme aura sa propre politique tarifaire avec une gamme de services. À terme, ce tarif est probablement appelé à baisser grâce à de futurs progrès technologiques.

L'utilisation d'une puce dite allégée a également été envisagée, uniquement pour la prim'holstein. L'Institut de l'élevage et l'Inra viennent d'évaluer l'intérêt de cette puce à basse densité. D'une puissance de 3 k (contre 54), elle offre une précision réduite de 10 %. Ceci correspond à un écart type de variations individuelles de 200 kg de lait ou 1 g de TB. Actuellement en cours de lancement aux États-Unis, elle poserait quelques problèmes techniques qui engendrent des surcoûts. Son intérêt semble donc limité. Cette puce est entrée dans le domaine public et peut être commercialisée librement. Pfizer se lance aux États-Unis et propose ce service au tarif de 35 $ (environ 26 €).

VERS UNE MEILLEURE MAÎTRISE SANITAIRE

Le génotypage est le plus souvent réalisé à partir d'une prise de sang. Mais cela aussi va évoluer. Des tests sont en cours pour travailler à partir d'un échantillon de muqueuse nasale. De plus, on devrait pouvoir génotyper à partir d'une biopsie de cartilage, très facile à réaliser au moment du bouclage des animaux, par exemple. Ce type de prélèvement coûtera moins cher qu'une prise de sang. Il devrait être validé pour le lancement en février.

Des progrès sont encore attendus dans les mois ou les années à venir. L'utilisation d'une puce à haute densité (777 000 marqueurs au lieu de 54 000) permettra d'aller encore plus loin dans l'évaluation des animaux. De nouveaux caractères pourront être indexés. La sélection génomique permettra de mieux maîtriser des problèmes sanitaires, tels que les maladies métaboliques ou infectieuses. Elle donnera aussi les moyens d'agir sur la composition fine du lait, et particulièrement les acides gras, afin de mieux répondre aux besoins nutritionnels des consommateurs. Enfin, on espère aussi parvenir à une meilleure gestion de la variabilité génétique grâce à une augmentation du nombre de taureaux reproducteurs évalués.

PASCALE LE CANN

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
Philippe Bernhard à droite et Hervé Massot président et DG d'Alsace Lait

Alsace Lait a besoin de lait pour ses ambitions régionales

Alsace Lait

Tapez un ou plusieurs mots-clés...