LA GÉNOMIQUE DONNE DES OUTILS POUR AMÉLIORER LE CONSEIL

Les informations apportées par l'éleveur et son conseiller seront utilisées par le modèle pour évaluer l'impact sur la production à venir de chaque vache. © SÉBASTIEN CHAMPION
Les informations apportées par l'éleveur et son conseiller seront utilisées par le modèle pour évaluer l'impact sur la production à venir de chaque vache. © SÉBASTIEN CHAMPION (©)

Les évolutions récentes de la sélection vont avoir des implications majeures qui vont bien au-delà de l'amélioration génétique. Elles permettent une connaissance beaucoup plus fine de l'effet troupeau.

L'EMPREINTE DE L'ÉLEVEUR, QUI DÉTERMINE L'EFFET TROUPEAU SUR LA PRODUCTION LAITIÈRE est désormais beaucoup mieux connue. Il devient possible de décomposer cet effet en fonction des différents paramètres qui le composent, lors de chaque contrôle de performances. Autrement dit, l'essentiel de ce qui influe la production laitière sera régulièrement évalué. Jusque-là, les OCL (organismes de conseil en élevage) calculaient l'effet troupeau une fois par an, quand une vache terminait sa lactation. Ce calcul ne concernait que la production laitière. À l'avenir, il pourra aussi être réalisé pour les taux et les cellules.

Ce progrès résulte de l'arrivée de la génomique, qui a conduit notamment à constituer de gigantesques bases de données. Le programme Genesys en découle. Il vise à étudier l'influence de la génétique, de la conduite du troupeau, et des interactions entre les deux sur les performances des animaux. Pour parvenir à faire cette distinction, l'ensemble des contrôles de performances réalisés sur les vaches laitières françaises depuis dix ans a été analysé. « Dans le cadre du programme Genesys, l'Inra a très vite associé les OCL, ce qui a permis de mieux identifier les applications concrètes envisageables », précise Jean-Paul Abiven, de BCEL Ouest.

Ce travail débouche notamment sur l'élaboration de nouvelles courbes de lactation de référence. Actuellement, les organismes de conseil en élevage s'appuient sur un modèle établi à partir des performances mesurées des troupeaux dans les années quatre-vingt-dix (modèle Arcola).

Avec deux inconvénients de taille. D'une part, ces courbes ont été calculées sur la base de données relatives à des vaches holsteins et normandes. Il n'en existe pas pour la montbéliarde qui ne dispose donc pas de références réellement adaptées. D'autre part, elles se basent sur une persistance de lactation moyenne. Les courbes sont parallèles. Or, cette persistance est très variable d'une vache à une autre, notamment pour les hautes productrices. Ces courbes sont également calées sur une durée de lactation standard alors que dans les élevages, les lactations longues ne sont pas rares. Enfin, elles ont un peu vieilli. Car les animaux ont beaucoup évolué en vingt-cinq ans.

VERS DES ÉVALUATIONS PERSONNALISÉES

Désormais, l'évaluation de l'effet troupeau le jour du contrôle, issue de l'évaluation génétique, devient tout à fait possible. Et elle permet d'estimer la part de la production imputable à la conduite. Tous les effets (alimentation, âge au vêlage, stade de gestation…) sont liés entre eux mais le modèle utilisé permet de faire le tri. D'une méthode très standardisée, on va passer à des calculs très personnalisés pour chaque animal et chaque élevage. Une petite révolution qui ouvre de nouvelles perspectives pour le conseil. D'autant plus qu'elle survient à la veille de la disparition des quotas, alors que les besoins des éleveurs vont eux aussi évoluer. « Nous allons pouvoir suivre de manière beaucoup plus fine les écarts entre la production réelle et le potentiel », précise Jean-Paul Abiven.

Pour chaque élevage, ces différences pourront être expliquées. Selon les périodes, le conseiller en élevage verra si l'alimentation ou d'autres facteurs de conduite pénalisent la production. Ceci lui permettra de voir les corrections possibles avec l'éleveur. Le fait d'évaluer l'effet troupeau sur les cellules et les taux sera intéressant sur le plan sanitaire.

Cette meilleure connaissance de l'effet troupeau servira aussi à diagnostiquer les périodes à problèmes. Les décalages entre le prévisionnel et la production réelle seront anticipés et leurs causes seront connues. L'éleveur et le conseiller pourront donc réfléchir aux améliorations nécessaires. Les changements éventuels pourront être simulés, ce qui permettra d'en connaître les impacts avant de les engager.

DE NOUVEAUX SERVICES DANS LES OCL EN 2014

Par ailleurs, les effets troupeaux de différents élevages pourront être comparés entre eux. Ceci ouvre la voie à l'élaboration de typologies en fonction des systèmes, par exemple. À la clé, des pistes d'amélioration devraient émerger.

De plus, il sera possible de prévoir les livraisons de lait de manière beaucoup plus précise, en additionnant les courbes de lactation prévues. Car les effets troupeaux, qui pèsent de façon prépondérante sur la production, se reproduisent assez bien d'une année sur l'autre si la conduite n'est pas profondément modifiée. « Nous calculerons des moyennes de ces effets sur trois à cinq ans, ce qui nous permettra de prévoir les productions individuelles et donc les livraisons de chaque élevage. Ceci pourra se faire par mois ou par trimestre selon les besoins, avec des actualisations régulières », rajoute Jean-Paul Abiven. La plupart des OCL proposaient des prévisions de production depuis longtemps pour aider les éleveurs à gérer leur quota. Contrairement à ce que l'on aurait pu penser, ces outils resteront nécessaires après 2015. Beaucoup d'éleveurs auront même besoin d'une prévision plus précise, éventuellement mensuelle, pour répondre aux demandes grandissantes des laiteries.

Cette approche pourra être complétée par des analyses économiques. Les OCL seront en mesure d'évaluer l'intérêt de produire plus ou moins selon les périodes, en fonction du coût alimentaire propre à l'élevage. Dans le cadre d'un contrat prévoyant la livraison d'un volume annuel, par exemple, il sera possible de piloter la production en fonction de cet impératif. L'éleveur pourra déterminer la répartition des livraisons permettant la meilleure performance économique. Les nouveaux outils aideront aussi à évaluer l'opportunité de produire du lait payé au prix B, par exemple. Dans l'immédiat, les offres de service des OCL n'intègrent pas encore ces nouvelles possibilités. Un cahier des charges est en cours d'élaboration afin de créer un nouvel outil informatique permettant les prévisions de production. Il pourrait être opérationnel sur le terrain d'ici à un an. Dans les régions, les différents OCL réfléchissent à l'évolution ou à la refonte de leur gamme de services pour intégrer ces nouvelles possibilités.

PASCALE LE CANN

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
Philippe Bernhard à droite et Hervé Massot président et DG d'Alsace Lait

Alsace Lait a besoin de lait pour ses ambitions régionales

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« L’IA ne remplace pas notre métier, elle le facilite »

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