Web-agri vous propose un voyage en immersion dans la filière laitière néerlandaise. Prix des terres, gestion des effluents, pâturage ou encore crise de l’azote : les éleveurs hollandais nous expliquent comment ils tentent de relever les défis d’aujourd’hui.
Dans le cadre du projet européen Grazing4Agroécology, la rédaction de Web-agri a visité plusieurs fermes laitières néerlandaises. L’occasion d’en savoir plus sur leurs problématiques de gestion de l’azote, du pâturage ou encore leur rapport à la technologie avec la découverte du nouveau robot d’affouragement en vert : le Lely Exos.
Rendez-vous aux Pays-Bas avec les membres du réseau Grazing4Agroecology. Si la Hollande n’est pas le premier pays auquel on pense lorsqu’on parle pâturage, la traversée du pays m’a surprise. Tout d’abord, on y voit des vaches au bord des routes. En cause ? La politique de la principale laiterie néerlandaise, Friesland Campina, qui alloue des primes aux éleveurs pâturant. Ou du moins, aux éleveurs qui sortent leurs vaches. Pour y prétendre, les animaux doivent passer 720 h dehors par an, avec chargement de 10 animaux hectare. Si bien qu’en 2023, huit fermes sur dix répondaient au cahier des charges.
Deuxième surprise : il y a de l’herbe. Beaucoup d’herbe. Avec un tiers du pays sous le niveau de la mer, les terres labourables en hiver se font rares. Le paysage, jalonné de canaux, se prête à merveille à la culture du ray-grass.
Mais sur les pâtures néerlandaises, les trèfles se font rares. « La ferme hollandaise type, c’est 120 vaches laitières à 9 000 l, sur 40 à 60 ha de terres », explique Annick Spaans, enseignante en zootechnie. Avec ce chargement, difficile d’être autonome en aliment. Pour y pallier, les éleveurs misent sur l’azote. En 2023, entre 300 et 380 kg d’N (minéral et organique) pouvaient être épandus sur les prairies de fauche. Des niveaux élevés, mais sans cesse revus à la baisse sur fond de mesures environnementales. Dans le viseur des politiques : l’encadrement des épandages d’effluents d’élevage, pour enfin respecter la directive Nitrates appliquée dans les autres États membres de l’UE. « À travers ces mesures, il y a une vraie volonté de diminuer le chargement des exploitations », comprend Martijn Huijzer, éleveur de vaches laitières.
Et pour cause, les Pays-Bas, c’est 10 % des vaches de l’Union, pour seulement 4 % de sa population, et moins d’1 % de sa surface.
Pourtant, difficile pour les éleveurs de revoir leurs cheptels à la baisse. « Avec des prix des terres proches des 100 000 €/ha, on est obligé de viser une productivité importante, même au pâturage », enchérit Kay Oosterling, qui tient 70 vaches laitières sur 35 ha.
Robots, bâtiments, génétique… Difficile de changer du tout au tout lorsque les investissements sont faits. Alors, pour continuer, les éleveurs misent sur la technique. Un jeu d’équilibriste, pour tirer les meilleurs rendements possibles du sol, tout en rentrant dans les cases de la réglementation environnementale.
Car les Néerlandais ont toujours eu foi en la technique. Preuve en est avec l’équipementier Lely, qui tient son nom d’une petite bourgade au nord d’Amsterdam. Avec son nouveau robot d’affouragement vert, le Lely Exos, le constructeur pense pouvoir accompagner les éleveurs. « L’Exos, c’est un moyen de limiter les émissions générées par la récolte et le stockage des fourrages. C’est aussi une manière de mieux travailler l’herbe, avec de fourrages de qualité toute l’année pour réduire le recours aux concentrés », lance un commercial.
La génétique n’est pas en reste. Méthane, ou encore travail sur l’efficacité alimentaire font partie des pistes pour bâtir l’élevage laitier de demain.
Mais pour nombre de consommateurs, la science ne peut pas tout. La crise de l’azote a cristallisé la fracture entre les villes et le monde rural. La question agricole n’est plus qu’agronomique, elle est maintenant politique. Entre chargement élevé, dépendance à l’azote et gestion des effluents, l’équation est de plus en plus insoluble pour les éleveurs néerlandais.
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