« NOUS AVONS INVESTI DANS UN SÉPARATEUR DE PHASE MOBILE »

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LE SÉPARATEUR DE PHASE, ACHETÉ DANS LE CADRE D'UN PROJET DE MÉTHANISATION, LIMITE LES TRANSPORTS D'EFFLUENTS ET OUVRE UNE AUTRE VOIE À L'AGRANDISSEMENT DES CAPACITÉS DE STOCKAGE DU LISIER.

DOUZE EXPLOITATIONS DU DOUBS, d'une dimension allant de 25 à 100 vaches laitières, ont concrétisé ensemble un projet de méthanisation par voie sèche de 150 kW, pour un montant total de 2 millions d'euros. La production d'électricité fonctionne depuis le mois de juillet et la chaleur produite sera bientôt valorisée pour chauffer une serre de spiruline (voir encadré). Dans le cadre de cet investissement partagé, les éleveurs ont acheté un séparateur de phase, dont la fonction est d'extraire la matière sèche contenue dans le lisier de leurs fosses, en vue d'alimenter l'unité de méthanisation. C'est la société Sermap et sa marque Miro, spécialisée dans la fabrication d'équipements dédiés à la gestion des effluents d'élevage, qui a mis spécialement au point ce nouveau séparateur de phase mobile pour répondre à leurs attentes. Montant de l'investissement : 70 000 € (la part de chacun a été calculée au prorata du volume d'effluents à traiter).

« 25 % DES EFFLUENTS EXTRAITS DE LA FOSSE »

Comparé à l'achat individuel d'un séparateur de phase classique, installé en poste fixe et coûtant de 25 000 à 30 000 €, l'intérêt est bien sûr financier précise Mathieu Guignard, du Gaec des Huvergnies, à Rahon : « Huit exploitations sur les douze participant au projet conduisent leur troupeau en système tout lisier. Le choix du séparateur dans sa version mobile, tournant de ferme en ferme, a permis de limiter le coût d'équipement pour un outil qui ne sert que quelques jours par an. »

Le nouveau séparateur de phase Miro est embarqué sur une remorque homologuée à 25 km/h, couplé à une pompe à lobes et à un broyeur puissant. Ce dernier hache finement les résidus de paille, mais il ne permet pas pour autant de traiter du fumier mou. En d'autres termes, le séparateur est bel et bien réservé aux systèmes d'élevage sur lisier. À noter également la présence d'un piège à cailloux capable d'isoler les corps étrangers en amont. L'ensemble est alimenté par un groupe électrogène de 40 kW offrant une totale autonomie, sur la base d'une consommation de fuel de 6 litres/heure. Cette nouveauté est disponible en deux modèles : le Sepcom SP45 génère une fraction solide contenant 15 à 20 % de matière sèche et le Sepcom SP65 de 20 à 28 % de MS. Les Doubistes ont opté pour le modèle SP65.

« TRANSPORTER MOINS DE VOLUME DE DÉJECTIONS EN VOIE SÈCHE »

« Nous avons privilégié la voie sèche car elle nous permet de transporter moins de volume de déjections sur les routes, et donc de réaliser des économies de logistique, aussi bien pour alimenter le méthaniseur que pour épandre le digestat. C'est essentiel, car notre groupe d'éleveurs est dispersé dans un rayon de plus de 10 km au-delà du site de méthanisation, souligne Mathieu. Lorsque les capacités de stockage du lisier sont insuffisantes, c'est aussi un moyen de réduire les coûts de mise aux normes. » Ce n'est pas un problème qui le concerne puisqu'il a actuellement une capacité de stockage du lisier sous caillebotis de six mois. L'extraction de la matière sèche lui permet néanmoins de réduire de 25 % le volume de lisier contenu dans ses fosses.

Chez Mathieu, la stabulation est conçue avec trois fosses indépendantes : deux de 1 000 m3 et 600 m3 situées sous les logettes des animaux et une troisième de 400 m3, sous l'aire d'attente de la salle de traite et l'aire d'exercice extérieure. Trois fois par an, le lisier contenu dans les deux grandes fosses est vidé, traité par le séparateur de phase, puis épandu (en sortie d'hiver, avant les semis et à l'automne). Au préalable, la petite fosse de 400 m3 est entièrement vidée et elle aussi épandue. Elle contient des eaux blanches et un lisier fortement dilué, dont le rendement ne justifie pas un traitement par le séparateur de phase. De cette manière, elle pourra servir de réservoir tampon à la phase liquide des deux grandes fosses avant l'épandage (voir photo). « Grâce à cette fosse indépendante, nous n'avons pas eu besoin de créer d'ouvrage supplémentaire. En revanche, ceux qui n'étaient pas équipés d'une seconde fosse ont dû investir dans une poche de stockage. » Sur ce principe, il faut compter environ deux jours de travail pour traiter les 1 600 m3 de lisier au séparateur.

« LE SÉPARATEUR EST UTILISÉ TROIS FOIS PAR AN »

Au Gaec des Huvergnies, les capacités de stockage laissent la possibilité de programmer le chantier seulement trois fois par an, là où d'autres éleveurs membres du projet de méthanisation prévoient une utilisation mensuelle. « Le rythme d'utilisation de l'outil dépend des capacités de stockage de chacun, mais aussi des besoins en matières premières du méthaniseur. S'il manque de matières, je pourrais être amené à mettre en route le séparateur en hiver », déclare Mathieu Guignard.

Quant à l'extrait sec, il est directement chargé dans une benne en sortie de séparateur et transporté vers l'unité de méthanisation. Un moyen là encore de réduire les besoins de stockage à la ferme. Le ramassage est assuré par le salarié recruté à plein temps et spécialement formé pour gérer les productions d'électricité et de spiruline. Les douze exploitations ont créé à cette fin un groupement d'employeurs. Enfin, à l'issue des fermentations dans les digesteurs, charge aux éleveurs de récupérer le digestat, épandu à raison de 5 à 10 t/ha.

JÉRÔME PEZON

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Un séparateur de phase mobile, couplé à une pompe. L'ensemble est embarqué sur une remorque où un groupe électrogène assure son fonctionnement en toute autonomie. Le séparateur fonctionne sur le principe d'une vis sans fin qui presse le lisier contre un tamis. La phase liquide du lisier est déversée dans une fosse tampon avant épandage. La phase solide, destinée au méthaniseur, est évacuée vers un tapis de distribution qui offre une hauteur de chargement de 4 mètres. « Cet outil tourne dans huit fermes, explique Mathieu Guignard. Il faut une trentaine de minutes pour l'installer et une petite formation initiale avant la prise en main. »

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Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
Thomas Pitrel dans sa prairie de ray-grass

« La prairie multi-espèce a étouffé le ray-grass sauvage »

Herbe
Philippe Bernhard à droite et Hervé Massot président et DG d'Alsace Lait

Alsace Lait a besoin de lait pour ses ambitions régionales

Alsace Lait

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