
LE GAEC DE LA MARTINE A LAISSÉ PEU DE PLACE AU HASARD AVANT DE PASSER À LA TRAITE ROBOTISÉE. APRÈS QUELQUES DÉBOIRES SUR LES CELLULES, IL EST EN PHASE DE RÉUSSIR SON PARI D'AMÉLIORER LA PRODUCTION ET LA QUALITÉ DU LAIT.
LA SALLE DE TRAITE EST DÉJÀ UN LOINTAIN SOUVENIR pour Gilbert Jacquet et sa mère. « Ouf » de soulagement depuis un an pour cette dernière qui, à 72 ans, la fréquentait encore en duo avec son fils, et ce d'autant que la 2 x 4 postes de 1980 était devenue obsolète pour près de 90 laitières. Entre salle de traite ou robot, la réflexion fut courte et la décision rapide pour Gilbert qui souhaitait décharger sa mère de cette contrainte biquotidienne, et gagner en temps et confort de travail. « Nous avions un a priori favorable pour le robot, mais nous voulions être certains que le projet était cohérent du fait de l'investissement. J'en ai parlé à mon conseiller d'élevage, Laurent Blettner, qui m'a proposé le service Via Robot. » Cet outil développé par Optival, en partenariat avec Oxygen Conseil Élevage, son homologue du Pas-de-Calais, prévoit, en amont de l'installation, un audit afin d'éviter tous dérapages et désillusions à la suite de la mise en service d'un robot de traite. Cette phase est généralement de la responsabilité du conseiller d'élevage qui travaille en collaboration avec l'expert qui a contribué au projet. L'outil est également conçu pour évaluer et optimiser les performances du robot dans les élevages déjà équipés.
« LA FIN DES QUOTAS A POUSSÉ À L'OPTION DEUX STALLES DE TRAITE »
Thomas Janier-Dubry, expert en robots de traite chez Optival, a constaté lors de son passage en juin 2014, que le bâtiment était susceptible d'accueillir un robot. « Le nombre de stalles est souvent à l'origine de débats car l'effectif correspond rarement à un nombre entier de stalles. Dans le cas présent, la taille du troupeau était critique, trop importante techniquement pour un seul poste et insuffisante économiquement pour deux postes. » La libéralisation annoncée des quotas a fait basculer le choix pour l'option « deux stalles », d'autant que l'exploitation présentait alors une trésorerie saine.
« L'AUDIT A IDENTIFIÉ LES SOURCES DE PROBLÈMES À SOLUTIONNER »
La « robot compatibilité » de Gilbert a été étudiée à partir d'un questionnaire. Objectif : mettre en évidence sociologiquement et techniquement si le robot peut s'avérer être un allié ou un élément perturbant. Cet audit a bien sûr aussi pour vocation de mettre en évidence les points positifs et ceux qui demandent à être améliorés. « Les conclusions ont démontré que j'étais un éleveur dans l'âme, capable de consacrer du temps à la surveillance des animaux, et que mes connaissances informatiques étaient suffisantes pour analyser les données fournies par le robot. Des clignotants ont mis en évidence les points à surveiller. Des changements m'attendent avec le passage d'une ration complète à semi-complète et une gestion du pâturage à revoir. La fréquence des boiteries risque d'être un handicap si elle reste à un niveau aussi élevé, avec le risque d'une moindre fréquentation au robot. J'ai dû faire un parage préventif avant la mise en service du robot et suis contraint d'en réaliser en routine un par an ».
« L'ORGANISATION DU BÂTIMENT A ÉTÉ REVUE »
Ainsi l'audit de pré-installation récapitule les pratiques observées, préconise les correctifs à mettre en oeuvre et fixe les objectifs techniques. Afin d'établir une projection au plus juste, l'équipe d'experts d'Optival et Oxygen a mis au point un moteur de calcul fondé sur les évolutions constatées sur les 200 exploitations robotisées parmi leurs adhérents.
Au Gaec de la Martine, l'arrivée du robot n'a pas induit de réelles difficultés. Il a fallu réorganiser le bâtiment qui présente la particularité d'avoir une aire paillée et une autre équipée de logettes de part et d'autre du couloir d'alimentation central. « Afin d'éviter que toutes les vaches ne se couchent sur l'aire paillée, le bâtiment a été séparé en deux parties égales : du côté logettes, les vaches sans problèmes et du côté aire paillée, les vaches à problèmes de pattes ou régulièrement d'un niveau cellulaire élevé. On évite de modifier la composition des lots. La gestion du pâturage a également été modifiée afin de respecter les lots. Ils sortent par alternance sur les 8 ha à leur disposition, un le matin, l'autre en fin de journée. Lorsque les animaux sont au parc, la production baisse car la fréquentation des vaches au robot passe de 2,9 à 2,5 passages par jour. Nous avons même dû supprimer les points d'eau au parc. Ils sont dorénavant placés à l'entrée des logettes et à proximité du poste de traite », précise Gilbert Jacquet.
« RESTER ATTENTIF LORS DES POINTES DE TRAVAIL »
L'éleveur se déclare satisfait du niveau atteint qui dépasse de 1 000 kg de lait par vache les objectifs, avec une réduction du coût de concentrés de 21 €/1 000 l. La performance est due à l'augmentation du nombre de traites et au passage à une ration semi-complète. « Les résultats devraient encore s'améliorer, le concentré ayant été surconsommé lors de la mise en fonctionnement. »
La maîtrise du niveau cellulaire a été le principal souci rencontré, malgré un effort particulier porté pendant les derniers mois en salle de traite (réforme des vaches à taux cellulaires élevés et boiteuses). Alors qu'en juin, les comptages du contrôle laitier étaient voisins de 200 000 cellules, un relâchement fatal durant la moisson l'a fait monter à plus de 700 000 cellules. Pour Laurent Blettner, le passage au robot est toujours une période délicate, notamment quand au démarrage tous les problèmes n'ont pas été réglés. « Le passage d'une ration complète, où les correcteurs azotés sont assimilés tout au long de la journée à un Dac et où ils ne sont distribués que lors du passage au robot, fragilise les animaux. Il faut souvent deux ans pour que la situation se stabilise. Dans le cas présent, les éleveurs ont oublié leur métier pour se consacrer aux céréales. Il a fallu attendre le mois de novembre pour voir une amélioration. Si le niveau cellulaire relevé au contrôle laitier était encore de 409 000, il n'était plus que de 300 000 à la laiterie grâce à la réactivité retrouvée des éleveurs. » Toutes les vaches incurables ont été réformées. De plus, les résultats de conductibilité fournis par le robot sont depuis examinés au quotidien et les animaux ont ainsi été traités sans attendre.
Tout irait aujourd'hui pour le mieux si la trésorerie n'était pas aussi tendue. « Cela devrait s'arranger quand nous produirons 900 000 litres. Mais nous serons toujours pénalisés par le ratio de vaches par stalle qui devrait être de 60 à 65. Nous en sommes loin ! »
DENIS SCHANG
Les résultatsde conductibilité fournis par le robot sont examinés au quotidien et, si besoin, immédiatement confirmés par un leucotest, voire un antibiogramme.
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