LE RELEVAGE AVANT POUR MIEUX VALORISER SON TRACTEUR

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De plus en plus de tracteurs sont vendus avec un relevage avant. Si l'application principale concerne souvent le travail du sol, les éleveurs en tirent aussi parti : groupe de fauche, fourche, lame... Exemple chez quelques utilisateurs.

NOUS AVONS ACHETÉ UNE FAUCHEUSE FRONTALE À L'AUTOMNE 2009, explique Gilles Challant, éleveur laitier installé en Gaec avec son frère Benoît, à Baâlon (Meuse). À l'époque, cela répondait à deux objectifs : mieux valoriser la puissance du tracteur et augmenter le débit du chantier. » La faucheuse est un modèle 131 de chez John Deere mesurant 3 m de large. Le Gaec a conservé son ancienne faucheuse traînée arrière Kuhn mesurant également 3 m.

Chaque printemps, au moment de l'ensilage, le même scénario se présente : il faut faucher en une seule fois 32 ha d'herbe.

4 À 4,5 HA À L'HEURE

Auparavant, avec uniquement la faucheuse arrière, les frères Challant coupaient au maximum 2,5 ha à l'heure, à condition de rouler vite. Chauffeur et matériel étaient alors mis à rude épreuve. Depuis qu'ils utilisent les deux faucheuses en combiné, la largeur de travail est de 6 m pour un débit de chantier compris entre 4 et 4,5 ha à l'heure selon les parcelles. « Avec les deux machines, nous roulons certes un peu moins vite qu'avant, mais cette nouvelle cadence est plus confortable pour le chauffeur, explique Benoît Challant. Si nous n'avions pas fait ce choix, notre ancienne faucheuse n'aurait pas tenu le choc. »

Fini également les longues journées commencées à l'aube pour être certains de terminer avant la nuit. Désormais, les frères Challant ont pris l'habitude d'attendre 11 heures avant de commencer à faucher. À cette heure-là, la rosée a disparu et le taux de sucre dans les plantes est plus élevé. L'écart de maturité entre les premières parcelles et les dernières est également moins important. En incluant l'ensilage, le foin et les regains, la surface totale à faucher par an est d'environ 100 ha. Les deux faucheuses permettent d'intervenir très vite, et donc de profiter des moindres fenêtres climatiques. L'ensemble est attelé à un John Deere 6830 qui, avec une puissance de 130 ch, entraîne sans problème ce groupe de fauche. « Pour faire du bon travail, il faut avoir un peu l'habitude et bien surveiller les deux machines, concède Gilles Challant. À l'avant, nous avons très peu de visibilité. Donc, mieux vaut connaître ses parcelles afin de ralentir, par exemple, quand nous arrivons dans une zone où se trouvent des obstacles potentiels, comme une souche ou une borne. Quant à la faucheuse arrière, c'est un modèle traîné : en bout de champ, le chauffeur utilise le vérin de déport pour la maintenir dans le même axe de travail alors que le tracteur a déjà entamé son demi-tour. Cela nous a obligés à l'équiper avec un cardan à grand-angle pour éviter la casse pendant les demi-tours. Avec un modèle porté à l'arrière, nous n'aurions pas cette contrainte mais tant que notre ancienne machine est en état, nous préférons la conserver. »

UN NETTOYAGE RÉGULIER DU RADIATEUR

Bien que travaillant dans une zone vallonnée, les deux frères apprécient aussi que la faucheuse frontale suive bien le terrain, sans piquer dans le sol quand elle aborde une montée. Ce modèle fait en effet partie de la famille des « poussées-traînées » : la faucheuse est en fait tirée par un châssis fixe attelé au relevage avant du tracteur. Elle se comporte ainsi comme une faucheuse traînée. Comme la plupart des outils attelés à l'avant du tracteur, la faucheuse frontale soulève beaucoup de poussières et de saletés pendant le travail. Toutes ces impuretés viennent se coller aux grilles du capot devant le radiateur. Cela impose une surveillance accrue et un nettoyage régulier des grilles pour éviter un encrassement et un échauffement du radiateur.

UN ROULEAU TASSE-AVANT POUR LES SEMIS

Mais la principale contrainte reste le déplacement sur la route, notamment à l'approche d'un carrefour. Si des arbres limitent la visibilité sur les côtés, le chauffeur doit s'avancer davantage et engager la faucheuse frontale sur la voie principale. « Sur notre secteur, nous n'avons pas de zones vraiment très difficiles pour circuler, précise Benoît. Mais il faut tout de même rester vigilant. »

Sur l'exploitation des frères Challant, tous les tracteurs sont équipés de relevages avant. Pendant les semis, ils utilisent aussi un rouleau tasse-avant. Mais c'est surtout pour les masses que le relevage présente un intérêt « Nous sommes sur une exploitation de polyculture-élevage, souligne Gilles. Le même tracteur peut servir le matin dans les champs en travail du sol, et être attelé l'après-midi à la bétaillère pour transporter des animaux. Sans le relevage avant, les masses resteraient sur le tracteur presque toute l'année, y compris quand cela n'est pas nécessaire. Avec le relevage avant, nos tracteurs sont mieux adaptés à leurs tâches. »

Même philosophie au Gaec Guillet-Gandemer à La Planche (Loire-Atlantique). Si le relevage avant est très utile pour lester le tracteur dans les champs, il se révèle aussi indispensable pour certaines tâches plus directement liées à l'élevage. À commencer par la confection des tas d'ensilage. « Nous avons 75 vaches laitières et nous récoltons chaque année 20 ha d'ensilage d'herbe, et environ autant en maïs », explique Alexandre Gandemer, l'un des trois associés. L'organisation de l'ensilage est bien rodée : les remorques sont déchargées au pied du silo. Un premier tracteur est piloté par Christian Guillet, un autre membre du Gaec. Il s'agit d'un New Holland T 6050 (120 ch) équipé sur le relevage avant d'une fourche à fond poussoir. Ce tracteur reprend l'ensilage pour le remonter en haut du tas. Les associés préfèrent utiliser un tracteur plutôt qu'un chargeur télescopique, qu'ils jugent moins stable. La fourche mesure 2,80 m de large. Elle est équipée de chaque côté de deux dents latérales qui maintiennent l'ensilage pendant la manoeuvre. La première fourche utilisée avant ne possédait pas ces dents sur les côtés et se révélait beaucoup moins pratique à utiliser. En général, deux ou trois allers et retours suffisent pour reprendre toute une remorque. Une masse de 1 100 kg posée sur le relevage arrière équilibre l'ensemble.

FOURCHE À FOND POUSSANT ET LAME AVANT

En haut du tas, Laurent Guillet, le troisième associé, est au volant d'un second tracteur. Il étale l'ensilage d'herbe à l'aide d'un répartiteur d'ensilage Reck (voir encadré). Pour plus de stabilité, ce second tracteur est jumelé à l'arrière et porte des masses sur le relevage avant. Le jumelage permet aussi de mieux tasser les bords du tas sans être obligé de trop s'approcher. La fourche à fond poussoir et le répartiteur d'ensilage appartiennent à la Cuma de la commune qui fournit également l'ensileuse. Les coûts d'utilisation sont de 9 €/h pour la fourche et 23 €/h pour le répartiteur. La facturation est fondée sur le même nombre d'heures que l'ensileuse qui appartient aussi à la Cuma. Pour les chantiers d'ensilage de maïs, le Gaec conserve la fourche à fond poussoir à l'avant du premier tracteur, et le second est équipé cette fois-ci d'une lame fixe de 3 m également attelée à l'avant. Cette lame fixe est aussi utilisée dans le bâtiment des volailles pour mettre les fientes en tas, avant de les reprendre avec le godet du chargeur.

Par ailleurs, les associés se sont fabriqué un repousse-fourrage avec une roue de récupération qui s'attelle sur le relevage avant du tracteur. Le relevage avant permet d'envisager encore d'autres usages : andaineur à l'avant du tracteur qui presse, rabot ou balayeuse pour les logettes. Dans tous les cas, les utilisateurs recherchent une plus grande polyvalence et meilleure valorisation du tracteur.

DENIS LEHÉ

Installés sur une exploitation de polyculture-élevage, Benoît (à gauche) et Gilles Challant ont équipé tous leurs tracteurs d'un relevage avant. Grâce aux deux faucheuses de 3 m, fini les cadences infernales avant l'ensilage.

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En deux ou trois allers et retours, toute la remorque d'ensilage est remontée en haut du tas.

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Alexandre Gandemer, Christian et Laurent Guillet (de gauche à droite) préfèrent utiliser une fourche à fond poussant plutôt qu'un chargeur télescopique pour confectionner le tas d'ensilage.

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Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
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« La prairie multi-espèce a étouffé le ray-grass sauvage »

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