« Un arrêtoir amovible pour diminuer le temps consacré à repousser la ration »
A cause de ces vaches qui adorent trier (phénomène trop souvent sous-estimé d'ailleurs), ceux qui travaillent en ration sèche consacrent beaucoup de temps à repousser le foin-regain distribué chaque jour. Au Gaec Le Vernay, c'était jusqu'à 30 min par jour pour 40 m d'auge. Cela durait depuis 2007, date à laquelle l'exploitation a abandonné l'affouragement en vert pour une ration semi-complète à l'année, distribuée à la remorque mélangeuse. Au menu de l'hiver des 60 montbéliardes, à 8 500 kg de lait/vache : 13 kg de foin-regain (dont 8 kg de luzerne), 10 kg d'épis de maïs, du tourteau et des minéraux. Pour l'été, en plus d'un pâturage de parcours sur ce secteur assez séchant, la même base foin-regain de luzerne (12 kg), les épis de maïs étant remplacés par des céréales concassées. Et pour limiter le tri de ces dernières, ajouter aussi 1 kg de mélasse par vache.
« Même en y revenant trois à quatre fois par jour, il y avait toujours bien assez de refus à évacuer », explique Denis Tranchant, associé avec Stéphane Pruvost et Nicolas Michel. « C'était problématique au moment des chantiers de fenaison qui occupaient toute la main d'oeuvre disponible… mais aussi quand on voulait s'absenter. »
Des systèmes ingénieux faits maison, vus dans des fermes du secteur, apportent une solution au problème en 2010. Leur principe : un arrêtoir amovible en bois ou en métal qui se lève en plusieurs parties et se descend devant l'auge, entraîné par un câble enroulé sur un treuil manuel ou électrique. L'installation du Gaec Le Vernay sera plus aboutie, faite sur-mesure par un constructeur local d'après les plans fournis. Coût de l'ensemble pour les huit travées de 5 m : 5 000 €.
En guise d'arrêtoir, ici, une tôle de type ridelle de remorque d'une hauteur de 70 cm, sur laquelle est soudé un fer plat à chaque extrémité, à raison d'une par travée. Boulonnées les unes aux autres, ces tôles forment un seul arrêtoir sur les 40 m d'auge. C'est grâce à deux autres fers plats parallèles fixés sur deux articulations (85 cm d'axe à axe), une côté fer plat entre deux arrêtoirs, une autre côté support sur chaque poteau IPN, que l'ensemble se lève à la verticale juste devant le haut du cornadis ou s'abaisse au sol, délimitant une largeur d'auge de 92 cm.
« REPOUSSER LE FOIN NE NOUS PREND PLUS QUE 5 MINUTES PAR JOUR »
C'est un treuil électrique de 5 ch d'une ancienne griffe à foin qui lève ou baisse le dispositif. Il fonctionne avec un système de moufle pour à la fois limiter la force de traction nécessaire et ralentir la vitesse de montée ou de descente. Sur ce treuil s'enroule un câble principal qui « court » à l'horizontale sur les huit travées, à 4 m de haut sous le toit. Sont fixés dessus autant de câbles secondaires verticaux qu'il y a d'éléments d'arrêtoirs (plus un à l'extrémité de l'ensemble) auxquels ils sont reliés. Ces câbles passent chacun dans une poulie fixée sur le poteau IPN. C'est ainsi que depuis le bout de la stabulation, l'associé de service lève ou descend l'arrêtoir sur les 40 m d'auge, à l'aide d'une simple commande électrique.
« Avec ce dispositif, nous ne passons plus qu'une fois par jour, le soir, pour repousser la ration en 5 minutes Là où nous avions un godet de refus à évacuer le matin, nous n'avons plus aujourd'hui qu'une brouette », explique Denis Tranchant.
Et de poursuivre : « La ration mélangée est distribuée pour 24 heures, le matin. Nous baissons alors les arrêtoirs à environ 20 cm du sol en écrasant le bord du mélange qui, volontairement, n'est pas distribué trop à l'aplomb du cornadis. Ainsi, arrêtoir relevé, quand nous repoussons, c'est une ration mélangée en partie intacte du matin, non triée, que nous offrons aux animaux. »
Ce travail est réalisé le soir par celui qui trait, pendant que les vaches laitières sont dans l'aire d'attente. Pour la nuit, l'arrêtoir est posé au sol.
L'arrêtoir se lève à l'aplomb de l'avant du cornadis ou se baisse au niveau du sol pour délimiter une auge de 92 cm de large, en restant toujours à la verticale, grâce à ces deux fers plats qui forment un parallélogramme déformable entre l'arrêtoir et le support sur le poteau IPN, sur lesquels ils sont fixés sur des axes. D'axe à axe, ces deux fers plats mesurent 85 cm de long.
Une planche en bois, posée avant chaque distribution de ration, ferme l'extrémité de l'aire d'alimentation délimitée par l'arrêtoir et évite que les vaches ne repoussent du mélange en dehors.
5 min suffisent pour repousser la ration, pour celui qui trait le soir, quand les vaches sont dans le parc d'attente.
Il ne faut que quelques secondes pour lever ou baisser l'arrêtoir sur les 40 m d'auge en même temps.
Côté arrêtoir, les deux fers plats du parallélogramme déformable sont fixés sur deux cornières, elles-mêmes vissées et soudées sur le fer plat vertical au bout de chaque arrêtoir.
Avant d'être fixés sur le câble principal qui court à l'horizontale en haut des poteaux IPN, les câbles secondaires solidaires de chaque arrêtoir passent chacun dans une poulie de renvoi d'angle. Elles ont été récupérées dans d'anciennes granges à fourrage.
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