L'égouttage des fumiers mous aide à limiter l'extension des fumières couvertes en zone vulnérable. Il génère du lisier et un fumier compact plus facile à épandre.
TOUTE EXPLOITATION AYANT UN BÂTIMENT d'élevage situé en zone vulnérable doit s'assurer que sa capacité de stockage des effluents répond aux normes du cinquième programme d'action de la directive nitrate. Une règle qui s'applique désormais aux éleveurs concernés par l'extension des zones vulnérables. « Le dépôt au champ après deux mois d'égouttage accumulé en fumière ou en litière reste possible, rappelle Denis Freyermuth, conseiller d'élevage à l'Union laitière de la Meuse. L'augmentation des capacités de stockage concerne principalement les exploitations qui produisent du fumier mou, avec moins de trois mois de pâturage et, bien sûr, celles qui ont augmenté la taille du troupeau depuis leur mise aux normes. »
« UN SYSTÈME SIMPLE AU BOUT DU COULOIR DE RACLAGE »
C'est le cas de figure rencontré par les associés du Gaec de la Fontaine qui ont construit une nouvelle fosse à lisier de 1 100 m3 en été 2013 pour être dans les clous de la réglementation.Initialement, ils ont réalisé la mise aux normes en 2000, en même temps que la construction d'une stabulation équipée de 72 logettes avec tapis paillés et deux racleurs hydrauliques. À l'époque, ils ont créé une fumière couverte de 500 m3 sur caillebotis (de type caillebotis pour pommes de terre), au-dessus d'une fosse de 180 m3 conçue pour réceptionner les jus de fumier et les eaux blanches. Puis, en 2013, dans le cadre de l'installation de Camille, le troupeau passe de 60 à 95 vaches et la stabulation à 104 places. « Avec l'installation de mon fils, nous devions recréer deux mois de stockage supplémentaires. La question s'est alors posée d'agrandir la fumière ou de partir en tout lisier », explique Luc Peureux.
Après une visite d'exploitation en Alsace, les associés optent pour un système intermédiaire : l'égouttage sur grille.
« Il s'agit d'un bon compromis qui permet, d'une part, de conserver la paille dans les logettes pour la propreté et le confort des animaux et, d'autre part, d'obtenir un fumier compact plus facile à épandre et du lisier pour la fertilisation des prairies. »
Ce système d'égouttage autoconstruit consiste à séparer la fraction solide des déjections issues du raclage des aires d'exercice, de la fraction liquide. Pour ce faire, une grille a été disposée à l'extrémité des deux couloirs de raclage.
Elle se compose simplement de fers plats (8 cm de large x 1 cm d'épaisseur) disposés parallèlement au sens de raclage et espacés de 16 cm. De cette manière, la vague liquide accumulée devant le racleur tombe à travers la grille dans un canal de 2 m de profondeur. Le lisier s'écoule alors par gravité jusqu'à la fosse de 180 m3 située sous la fumière par une canalisation de 80 cm de diamètre et de 23 m de long. « La canalisation est dimensionnée pour traiter l'équivalent de 5 m3 de lisier par jour et près de 1 m3 d'eaux blanches. » En effet, l'évacuation des eaux blanches a été raccordée à la canalisation pour faciliter l'écoulement du lisier.
« NOUS AVONS ATTEINT NOTRE OBJECTIF DE 50 % DE LISIER ET 50 % DE FUMIER »
Dans ce système, la fosse sous fumière fait office de préfosse. Elle offre une autonomie de un mois, à l'issue duquel le lisier est pompé, puis transféré dans la nouvelle fosse circulaire extérieure de 1 100 m3. La paille présente dans le lisier impose l'utilisation d'une pompe hacheuse pour homogénéiser le contenu de la préfosse (une heure pour brasser et pomper les 180 m3). Quant à la fraction solide, elle tombe derrière la grille dans un bac de récupération (voir photo). La répartition des déjections dépend de la quantité de paille épandue dans les logettes et de l'écartement de la grille d'égouttage. En théorie, avec moins de 2 kg de paille/VL/j, une grille de 7 cm d'écartement génère 50 % de fumier et 50 % de lisier. Avec plus de 2 kg de paille et 7 cm d'écartement, ce rapport est de 60/40. Dans la pratique, le nombre de passages du racleur a une influence. Dans un premier temps, Luc Peureux conseille de fixer la grille temporairement et d'adapter l'écartement pour coller à ses objectifs. « Au départ, nous avions positionné les fers tous les 8 cm, pour 2 à 3 kg de paille/VL/j et deux raclages quotidiens. Mais devant la faible quantité de lisier qui tombait dans la canalisation, nous sommes passés à trois raclages avec un écartement de 16 cm. Nous avons ainsi atteint notre objectif de 50 % de fumier et 50 % de lisier. Dans cette configuration, plus on augmente le nombre de passages de racleur, plus la part de lisier qui tombe dans la canalisation est importante. »L'ensemble de cet aménagement représente une capacité de stockage de six mois et demi, et un investissement de 70 000 € pour lequel un dossier PMBE vient d'être déposé : 50 000 € pour la fosse circulaire à lisier, 10 000 € pour l'ensemble grille d'égouttage + canalisation + bac de réception, et 10 000 € pour la pompe hacheuse. Autre avantage du système, la séparation de la phase liquide permet d'optimiser la place dans la fumière en montant le tas de fumier jusqu'à 4 m de hauteur, libérant ainsi un espace de stockage pour du matériel et de la paille.
JÉRÔME PEZON

À l'extrémité du couloir de raclage, la grille d'égouttage (80 cm x 3,5 m) se compose de fers plats espacés de 16 cm. Derrière la grille, le fumier pailleux tombe dans un bac de réception creusé en pente descendante. Le fumier est repris chaque jour au télescopique, pour être déchargé dans la fumière.

Une concession perd la carte Fendt, une armada de tracteurs part aux enchères
Le Herd-Book Charolais propose un outil pour prévoir la longévité des vaches
Les élevages bovin viande bio rentables, malgré seulement 0,05 €/kg de plus qu’en conventionnel
« Nous avons investi 1,1 M€ pour avoir une vie normale »
Les députés adoptent une série d'amendements attendus par les agriculteurs
Savencia et Eurial réduisent ensemble leur empreinte carbone
Forte tension sur les engrais azotés : les prix flambent en Europe
Qui sont les gagnants et les perdants de la Pac 2023-2027 ?
Comment inciter les éleveurs à se lancer en bio ?
« Mieux vaut bien négocier la future Pac que craindre l’accord avec le Mercosur »